Algérie

Après une semaine du séisme de Mila, le calvaire se poursuit



Une semaine après le séisme qui a frappé la wilaya de Mila vendredi dernier, le calvaire des familles sinistrées se poursuit. Lors de notre passage jeudi, dans le quartier d'El-Kherba, fortement touché, nous avons été surpris de voir des gens couchés à même le sol sur la chaussée de peur des répliques et à défaut d'une place sous une tente.El-Kherba est un quartier situé à l'ouest de la ville de Mila, composé essentiellement de récentes habitations individuelles dont la majorité de plusieurs niveaux, non achevées sur un terrain fragile.
Rencontré devant son domicile en compagnie de l'un de ses voisins, aâmmi Saïd, retraité du secteur public, et qui vit ici depuis le vivant de son grand-père, a affirmé que « le chef de daïra et le wali se sont déplacés sur les lieux du séisme lundi dernier, sans adresser la parole aux sinistrés ».
Notre interlocuteur nous fait visiter sa maison ébranlée lors du tremblement de terre et qui menace ruine à tout instant. « Lors de la première secousse de 7.30, les fissures étaient légères. Nous sommes sortis dehors mais à midi, il y a eu un grand bruit et ma maison a failli tomber.
À l'intérieur, nous avons été surpris par l'ampleur des dégâts : la totalité du plan de travail de la cuisine s'est effondrée, les murs de toutes les chambres sont profondément touchés et menacent de s'effondrer à tout moment.
Depuis vendredi dernier, je passe la nuit en compagnie de ma famille de douze personnes sous une tente », a-t-il souligné. « Nous sommes livrés à nous-mêmes. Vous avez vous-même vu des gens qui dorment par terre .» Par contre, aâmmi Saïd a tenu à saluer les services du CTC qui sont à pied d'?uvre pour recenser les familles sinistrées. Interrogé sur l'ampleur des dégâts, notre interlocuteur a précisé que sa maison, au rez-de-chaussée, est classée rouge, ajoutant : « Pour les aides alimentaires, hamdoullah, on ne manque de rien grâce aux associations caritatives. Ma demeure, c'est la sueur de ma vie. Elle m'a coûté plus de 2 milliards de centimes. Mais c'est la volonté de Dieu, on n'y peut rien .» Deux jeunes ingénieurs, portant badges et casques de chantier, rencontrés sur les lieux, ont affirmé qu'ils appartiennent au contrôle technique de construction de la wilaya de Sétif. Ils sont affectés spécialement pour le recensement les constructions touchées par le séisme. Un sexagénaire partage la tente installée dans le jardin de sa maison avec les 11 membres de sa famille. Non loin, S. Boutaghane, mécanicien de son état, dont la récente habitation de deux niveaux est légèrement touchée, est nouvellement installé dans ce quartier.
Pour rappel, des citoyens sinistrés ont tenu, lundi dernier, un sit-in de protestation devant le siège de la Wilaya pour exprimer leur mécontentement quant à « la gestion hasardeuse de cette situation par les autorités locales ». D'autres réclament l'octroi de lots de terrain et des indemnisations pour reconstruire leur maison. Au niveau du CTC de Mila, l'agent d'accueil a affirmé que les informations concernant les constructions endommagées seront collectées au niveau de la daïra, seule habilitée à les communiquer. En outre, et selon une source locale, on dénombre 274 constructions classée rouge.
Sur certaines artères de la ville, des tentes vides sont dressées au niveau de certains endroits à l'intérieur des établissements publics pour parer à toute éventualité et surtout pour héberger les familles sinistrées qui ne sont pas encore prises en charge. À cet effet, selon la cellule de communication de la Wilaya, les autorités locales ont installé 135 tentes au niveau du stade Belaïd-Belkacem occupées par des familles sinistrées, 30 à la gare routière du centre-ville, 30 à l'auberge de jeunes de la ville de Mila. À signaler que lors de notre passage jeudi matin, les tentes placées à la gare routière étaient vides. Un fait marquant : la route menant au stade abritant des familles a été fermée par les agents de l'ordre par mesure de sécurité dans ce genre de situation. Il y a lieu de souligner que certains établissements scolaires ont été aussi ébranlés, à l'instar du CEM Bentounssi-Omar, où des agents de l'ordre étaient postés devant son portail.
Au quartier d'El-Kherba, le ras-le-bol des sinistrés est visible
Le wali Moulay Abdelwaheb a rendu visite jeudi aux familles hébergées au stade Belaïd-Belkacem pour s'enquérir de leurs conditions de vie et a également inspecté les travaux de viabilisation de 600 logements publics locatifs au site de Ferdoua. Loin des visites des officiels, la situation des familles sinistrées est jugée préoccupante et la peur d'autres secousses telluriques hante les résidants d'El-Kherba, dont beaucoup ont passé des nuits à la belle étoile.
Bouhali Mohammed Cherif


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