Alors que l'affaire Djezzy reste pendante et
pourrait déboucher, faute d'accord sur son estimation, à un arbitrage international,
c'est Egypt Telecom, l'associé
d'Orascom Telecom Holding, dans
l'opérateur de téléphonie fixe Lacom, un grand flop entrepreneurial, qui fait parler de lui.
Egypt Telecom se plaint que le gouvernement algérien
refuse la liquidation de l'entreprise de téléphonie fixe Lacom.
Elle a annoncé qu'elle allait recourir à l'arbitrage international pour
réclamer la bagatelle de 500 millions de livres égyptiennes, soit près de 84
millions de dollars. Selon le journal La Bourse Egyptienne,
le DG d'Egypt Telecom, Mohamed
Abderrahim, a déclaré que sa société a décidé de
saisir l'arbitrage international pour demander des indemnisations pour l'échec
du développement de l'entreprise dans laquelle était associée Orascom Telecom Holding de Naguib Sawiris. Le PDG d'Egypt Telecom accuse même le
gouvernement algérien d'avoir délibérément fait échouer l'entreprise car elle
«est égyptienne» en refusant de mettre des conditions de concurrence équitable
et d'avoir avantagé l'opérateur public algérien. Outre cette affirmation sur
l'absence de concurrence équitable, le patron d'Egypt
Telecom déclare que l'Etat algérien a refusé, sans
base légale, la liquidation de Lacom. En réalité, le
patron d'Egypt Telecom fait
dans l'excès de politisation pour se présenter sous un angle victimaire. Lacom propriété à 50-50 d'Orascom
Telecom (Egypte) et de Telecom
Egypt étaient réunis dans le consortium CAT, qui
détenait depuis 2005 la seconde licence de téléphonie fixe, remportée pour 65
millions de dollars. Son décollage a été raté, non en raison d'entraves de
l'Etat algérien, mais des contrecoups d'un choix technologique inadapté à la
vraie fonction du fixe : l'accès à Internet. Tout l'argumentaire marketing de Lacom se fondait sur l'accès à Internet. Or, les abonnés –
qui lui feront une contre-publicité fatale – pouvaient constater qu'avec le
procédé choisi par Lacom, le débit était plus que
médiocre, à peine 50 kbs.
DES CREANCIERS EN ATTENTE
La désaffection a été rapide et Lacom n'a pu
remonter la pente. Dès sa première année d'activité, Lacom
qui a atteint un pic de 50.000 abonnés (certaines sources estiment que le
nombre des abonnés n'a pas dépassé 20.000) perdait de l'argent. Les deux
actionnaires, Orascom Telecom,
sans expérience dans le fixe, Egypt Telecom, en charge du management, avaient déjà des
divergences. Et pour cause, en choisissant le procédé sans fil WLL, Egypt Telecom avait fait une
erreur de cap qui s'est avérée fatale. En novembre 2008, le Conseil de la Cat (Consortium
algérien des télécommunications) a décidé d'arrêter définitivement les
activités de Lacom et de la mise en liquidation de la
société. Dans les lettres de licenciement adressées aux employés, le
liquidateur, Ahmed El Banna, précise que Lacom est en
«liquidation amiable». Mais le PV de cette décision – et cela pèsera en cas de
saisine d'un arbitrage international – n'a pas été formellement communiqué à
l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) et au
ministère de la poste et des nouvelles technologies de l'information. Les
actionnaires se chargeaient eux-mêmes de la liquidation et ont exploré la
possibilité de céder l'entreprise à d'autres opérateurs. L'argument d'un
«refus» de liquidation de la part de l'Etat algérien est contestable. L'Etat
algérien lui a retiré officiellement sa licence en décembre 2009. Mais comme
toutes les entreprises, Lacom est régie par le code
de commerce, sa liquidation doit permettre d'apurer les comptes avec les
créanciers. Or, Lacom n'a pas réglé ses créanciers
qui sont dans l'ordre le fisc, la
Cnas et 140 travailleurs. Récemment
encore, ces employés se sont rassemblés devant le siège d'Orascom
Telecom Holding qui «héberge» le liquidateur pour
réclamer leurs salaires impayés ainsi que leurs indemnités de licenciement.
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Posté Le : 27/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com