Il s'appelle Maamar Ameur.
Il est Algérien et travailleur humanitaire. Il a passé beaucoup de temps entre
les mains des Américains de la base aérienne de Bagram
en Afghanistan au camp de Guantanamo. Six longues années de cauchemar pour
lesquelles il demande des comptes devant la cour fédérale de Seattle contre les
deux anciens ministres de la
Défense : Donald Rumsfeld et Robert
Gates et plusieurs fonctionnaires de l'administration Bush.
Dans la plainte déposée par les avocats, Maamar
Ameur, 54 ans et père de 4 enfants, affirme qu'il
avait été arrêté par la police pakistanaise dans un raid qui ciblait un voisin.
Les Américains, indique-t-il, savaient qu'il n'était pas la personne recherchée
mais ils ont demandé aux Pakistanais de lui faire subir un interrogatoire.
C'était en fait le début d'un cauchemar qui a duré six longues années. Après
avoir été détenu dans une prison pakistanaise, Maamar
Ameur a été transféré dans la
sinistre base aérienne de Bagram, en Afghanistan, par
où sont passés de nombreux « pensionnaires » du camp de Guantanamo. A Bagram, c'est tout simplement de la torture qu'il rencontre.
Il était accroché par des menottes et placé dans des positions stressantes. Avec
toute la panoplie de la torture banale : privation de sommeil et de nourriture,
nudité et menaces avec des chiens. Les avocats de Maamar
Ameur entendent réclamer des dommages et intérêts
pour les traitements cruels et inhumains qu'il a subis en tant que civil en
temps de guerre.
Des traitements qui bafouent, selon eux, la Convention de Genève
tout comme a été bafoué son droit à un procès régulier.
UNE RALLONGE DE TROIS ANS A GUANTANAMO
Le pire est que Maamar Ameur
avait été blanchi de toute accusation par le Comité de révision administrative
de Guantanamo qui a recommandé sa libération en 2005. Sauf que personne au sein
de l'administration américaine n'a éprouvé le besoin de l'en informer, lui ou
son avocat pendant trois ans. Maamar aurait dû être
libre en 2005, il a eu « droit » à une rallonge de trois ans. Délibérément. Les
avocats de l'Algérien disposent d'une déclaration sous serment du colonel
Lawrence Wilkerson, ancien chef d'état-major du
Secrétaire d'Etat Colin Powell, qui l'affirme. Dans cette déclaration, Wilkerson indique que des officiels américains dont Donald Rumsfeld et Robert Gates savaient que des hommes innocents
avaient été arrêtés illégalement et enfermés au camp de Guantanamo. Selon lui, ces
responsables américains ont refusé l'élargissement de ces hommes innocents
uniquement « par crainte de répercussions politiques ». Maamar
Ameur faisait en effet partie des centaines des
présumés « combattants ennemis » raflés par les Etats-Unis et leurs alliés dans
les mois et les années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2011. Après
avoir été brièvement classé comme un « combattant ennemi » en 2004, soit deux
ans après son arrestation, cette qualification a été annulée une année plus
tard. Et le comité de révision a décidé qu'il faut le libérer. Mais personne
n'a jugé utile d'appliquer. Jusqu'à ce que Maamar
soit renvoyé en Algérie, en octobre 2008, après que ses avocats eurent déposé
une plainte pour détention abusive contre le gouvernement américain devant la
cour fédérale à Washington. C'est la seconde plainte contre Robert Gates et
d'autres déposée dans le cadre d'un programme de l'Université de Droit de Salem,
permettant à des étudiants en droit de représenter des clients dans des cas de
défense des droits humains. C'est parce que Robert Gates dispose d'une maison
dans l'ouest de Washington que le groupe a enrôlé l'affaire à Seattle. Une
autre affaire concernant un homme arrêté dans le même raid, en l'occurrence Adel Hamad Hassam,
sera jugée en juillet 2012. Les requêtes du gouvernement pour sortir Gates de
l'affaire ont échoué.
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Posté Le : 08/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com