Après ses résultats «impressionnants»: Le projet de récif artificiel à Bousfer au centre d'intérêt du ministère

Ayant eu un franc succès, ici et ailleurs, le projet pilote du récif artificiel dans la baie de Bousfer sera au centre d'une «importante» visite à Oran du ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Ahmed Badani, prévue le 27 juillet. Lancé en 2015 à titre expérimental, le projet a donné pleine satisfaction et a même pris une toute nouvelle envergure chemin faisant, et ce après l'instauration d'un cadre juridique régissant le dispositif en 2017. En effet, le décret exécutif fixant les modalités de création de récifs artificiels, lequel doit sa promulgation en grande partie au projet pionnier d'Oran, a permis à l'expérience de Bousfer d'acquérir un statut règlementaire et une dimension professionnelle certifiée. C'est en 2021 que le projet initié par l'association écologique marine Barbarous, en collaboration avec l'Institut de génie maritime de l'Université des sciences et de la technologie d'Oran (USTO) et la Direction de la pêche et des ressources halieutiques de wilaya d'Oran, a connu un vrai déclic avec la décision signée par le wali Saïd Sayoud mettant à la disposition du projet une surface maritime de 10 hectares dans la même échancrure du littoral de Bousfer.

CONCESSION MARITIME DE 10 HECTARES POUR CE PROJET-PILOTE

« On est passé dès lors du RO1 (Récif artificiel Oran 1), phase expérimentale, au RO2, phase de concrétisation, avec une plateforme de 80 modules en béton dont la moitié déjà mise en place et l'autre moitié programmée durant le 2ème semestre 2024 », résume Maghni Sandid Menouar, directeur de la pêche et des ressources halieutiques de wilaya d'Oran. La dernière mission effectuée a permis à l'équipe scientifique, conduite par le professeur chercheur Beladjine Boumediène, de procéder à une évaluation actualisée des résultats de ces récifs artificiels en matière de régénération de la faune et de la flore marines.  Les résultats ont été « impressionnants », révèle M. Maghni Sandid. L'opération a permis jusque-là de renforcer l'écosystème marin avec le recensement de pas moins de 80 espèces halieutiques dont le calamar, la rascasse, le sillon et autres crustacés et mollusques, ayant colonisé ces petites « maisons » à base de ciment émergées à quelque 35 mètres de fond. De nouvelles espèces continuent de marquer leur arrivée dans ce récif artificiel, devenu un aquarium scientifique pour les universitaires et les biologistes.

GRAND PRIX MÉDITERRANÉEN POUR BARBAROUS

La concrétisation de ce projet a valu à l'association Barbarous le Prix de « la meilleure pratique en matière de recherche et de collecte des données sur la pêche artisanale », lors de la conférence de haut niveau sur la pêche artisanale en Méditerranée et en mer noire organisée par la Commission Générale des Pêches pour la Méditerranée (CGPM) en 2018. En 2017, la promulgation du décret exécutif n° 17-363 du 25 décembre 2017, fixant les modalités de création des récifs artificiels, est venue confirmer une prise de conscience collective sur l'importance de la mise en place de ces dispositifs pour protéger l'écosystème marin et libérer les initiatives. Le décret a décentralisé les décisions de l'approbation des demandes d'immersion des récifs artificiels, donnant aux autorités locales, à travers des commissions multisectorielles les prérogatives d'approbation et la responsabilité d'assurer leur pérennité. Le département de la Pêche et des Productions halieutiques accompagne les intervenants, associations, chercheurs ou instances dans leurs actions visant l'immersion de récifs artificiels conçus en matière non polluante. Les récifs peuvent être de production (véritables maisons à poissons, créateurs de biodiversité et de biomasse), de protection (récifs anti-chalutage) ou des récifs paysagers dont le rôle est récréatif et ludique pour la plongée sous-marine et la pêche récréative.

Depuis, plusieurs projets ont été lancés dans plusieurs wilayas du littoral, grâce à un vaste programme de coopération multilatérale. Une coopération internationale a été également scellée dans ce domaine, notamment avec les Japonais.