Algérie

APRÈS OUYAHIA, BELKHADEM MIS SUR LA TOUCHE Un 4e mandat peu probable



Par Maâmar Farah
L'éviction de Belkhadem peut apparaître à certains comme le beau résultat d'une révolution démocratique ayant, à l'instar d'une baguette magique, subitement transformé le vieux parti en mouvement obéissant aux règles des élections libres et privilégiant l'avis de la majorité !
Certains observateurs se laissent aller à ces analyses en nous rappelant que ce subit regain de démocratie pourrait s'élargir à la vie politique nationale et qu'il est le prélude à un fonctionnement normal des institutions républicaines. D'autres, n'ayant rien à se mettre sous la dent depuis l'annonce spectaculaire des réformes de Bouteflika, nous diront que cette mini-révolution au sein du FLN est justement le résultat de ces réformes ! Il n'en est absolument rien. Comme pour le RND, l'élimination de cette autre grosse pointure de l'Alliance présidentielle montre, à l'évidence, que le plan pour la succession entre dans une phase active et qu'il s'inscrit en droite ligne dans l'après-2014. Posons-nous des questions toutes simples : pourquoi ces changements maintenant, si le président Bouteflika va être reconduit pour un quatrième mandat ' Pourquoi sacrifier deux pièces maîtresses dans la stratégie de soutien à un autre mandat ' Pourquoi se priver du poids politique de ces personnalités (Ouyahia et Belkhadem) qui ont montré leur capacité à mobiliser leurs partis à chaque présidentielle ' Pourquoi déstabiliser deux mouvements politiques assurant la meilleure propagande au profit de Bouteflika ' Toutes ces questions nous mènent à une évidence : Bouteflika ne postulera pas à un quatrième mandat et, comme la lutte va être ouverte, la décision autour d'un successeur n'est pas encore prise ou ne fait pas l'unanimité. Ceci étant, et dans la même logique, on peut comprendre que ni Ouyahia, ni Belkhadem ne seront les candidats du système. En les privant du soutien des deux principales machines électorales que sont le FLN et le RND, on rend les ambitions de ces anciens leaders limitées. Donc, si ce n'est ni Bouteflika, ni Ouyahia, ni Belkhadem, qui serait alors le prochain candidat du consensus ' Visiblement, il n'y a pas encore d'accord définitif sur son nom comme il n'y a pas encore de décision autour de la manière de l'amener à la magistrature suprême. Créer un poste de vice-président dans la prochaine Constitution ' Prolonger le mandat de Bouteflika de deux années ' Aller directement au vote de 2014 ' Les questions sont nombreuses sur la méthode qui sera choisie pour injecter cette personnalité dans les hautes sphères de la galaxie Algérie ; mais avant cela, ne faut-il pas déjà se mettre d'accord sur le nom de cet auguste successeur ' Il ne sortira ni du FLN, ni du RND. Privés de leurs leaders, ces partis vont être confiés à des directions provisoires en attendant leurs congrès. Il n'y a pas de noms qui émergent pour le moment. Les successeurs de MM. Ouyahia et Belkhadem vont être cantonnés dans des tâches techniques et ils n'auront ni l'aura, ni la confiance totale des décideurs, pour prétendre à une destinée nationale. Bouteflika est en fin de parcours. Des informations confidentielles font état de la pression d'importants membres de sa famille pour qu'il ne se représente pas à un nouveau mandat. Leurs arguments : il a assez donné à son pays, il est malade et il est temps qu'il se repose. Notre source indique que les tenants de ce choix expliquent comme suit leurs motivations : «Il vaut mieux, pour lui, quitter le pouvoir en laissant une bonne image que de subir le sort des autres présidents arabes. Malgré tout, il a pu éviter le chaos à l'Algérie qui n'a pas sombré comme tant de républiques de la région. Cette stabilité attire d'ailleurs la sympathie et le soutien de l'Occident comme on le voit quotidiennement. » Mais, il ne semble pas qu'il y ait unanimité autour de la manière de quitter la scène. Aller sur deux ans encore en changeant la Constitution (septennat au lieu du quinquennat) ou sortir après le troisième mandat ' En attendant d'en savoir plus, les choses s'accélèrent. Alors que les partis de la majorité sont occupés à faire le ménage à l'intérieur, les appareils para-politiques sont réveillés et ce sont les zaouïas qui partent les premières. D'Adrar, capitale de la principale confrérie et zone d'influence stratégique, au point le plus septentrional de la côte oranaise, toutes les communautés sont en alerte. Depuis quelques semaines, ce ne sont que réunion sur réunion. Objectif : désigner un successeur à Bouteflika. Quelqu'un de crédible, pas forcément de la même ligne politique, mais qui aura pour principale mission de protéger les intérêts du clan. Plus tard, les partis décapités entreront dans la danse comme fairevaloir. Leur rôle sera de «chauffer le bendir» quand la décision sera prise autour du nom du successeur. Et là, nous revenons à l'éviction de MM. Ouyahia et Belkhadem ; ils ne s'étaient engagés que POUR Bouteflika, et rien que lui. Ils lui ont juré fidélité et loyauté mais rien ne nous dit qu'ils auraient avalisé sans broncher le choix d'un autre nom. Voilà aussi pourquoi on les a éliminés. Par ailleurs, il existe d'autres forces décisionnelles parallèlement au poids des zaouïas et qui ont leur idée sur le nom de ce successeur. Il y aura nécessairement deux candidats du consensus. Ils ne viendront pas des partis de l'Alliance mais l'un d'eux sera soutenu par eux au moment opportun. Tout l'enjeu actuel est de composer des appareils partisans qui soutiendront ce candidat le jour «J». Ce duel des seconds couteaux à l'intérieur des partis prélude d'âpres luttes au sommet pour désigner le prochain président de la République.


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