Algérie

Après les policiers, les pompiers veulent aussi investir Alger



Après les policiers, les pompiers veulent aussi investir Alger
Les agents de la Protection civile, affiliés au Snapap, prévoient un sit-in le 18 novembre devant leur direction générale à Hydra. Le syndicat, affilié à l'UGTA, qualifie le mouvement de «non-événement». La direction générale, elle, rappelle qu'ils n'ont «aucune» représentativité. El Watan Week-end est allé à leur rencontre.Cette fois-ci, ils ne revendiquent pas le départ d'un général-major, mais celui d'un colonel. Ils sont vêtus de bleu, mais ne sont pas policiers. Songent-ils à refaire le même coup ' Les pompiers voudraient désormais défier leur direction générale (DGPC) en organisant un rassemblement devant son siège, le 18 novembre prochain. C'est ce qui a été décidé lors d'une réunion qui a regroupé, mardi dernier, 15 délégués des neuf wilayas participantes au siège du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP), à Bab Ezzouar.«Nous allons tenir un rassemblement devant la direction générale à Hydra pour faire valoir nos droits et exiger le départ du directeur général, le colonel Mustapha El Habiri», espère Mourad Tchiko, 48 ans, agent suspendu depuis 2005 et l'un des organisateurs de la manifestation. Les protestataires activent sous le sigle de l'Union nationale des agents de la Protection civile (UNAPC), affiliée au Snapap. Leur plateforme de revendications comporte 19 points. L'UNAPC «dénonce la mauvaise gestion de la direction générale, appelle à la révision du statut de la profession et exige de meilleures conditions de travail», signale Mourad.Pour la direction générale, le mouvement de protestation est «creux», car pour elle M. Tchico n'a «aucune» représentation réelle sur le terrain. «Cette personne est poursuivie en justice, et donc suspendue, comme le stipulent nos statuts. Elle n'arrête pas de dénigrer et l'administration et le corps de la Protection civile. Elle veut juste profiter de l'occasion et refaire le coup de la police, alors qu'elle n'a aucune représentativité dans le corps. Aujourd'hui, M. Tchiko a au moins sept affaires pendantes en justice. S'il était réellement représentatif, il aurait pu tenir l'action de jeudi (hier, ndlr). Il avait même initié, il y a de cela deux années, une autre action qui n'a pas été maintenue», explique le lieutenant-colonel Farouk Achour, sous-directeur des statistiques et de l'information à la DGPC.ReprésentativitéDe son côté, le secrétaire général du Syndicat national des agents de la Protection civile (SNAPC), affilié à l'UGTA, Salah Tamerabet, qualifie le mouvement de «non-événement» et les meneurs de «non représentatifs». «Ce syndicat dont ils font l'éloge n'existe pas. Le syndicat affilié à l'UGTA est le seul représentant légitime des agents de la Protection civile. Personne n'a le droit de parler en leur nom en dehors de cette instance, a-t-il averti. Je peux même organiser une assemblée générale pour voir s'ils vaudront quelque chose. Rien ! Nous continuons à travailler dans la sérénité. Nos portes ont toujours été ouvertes et nous n'avons aucun problème ni avec la direction ni avec nos agents.»Pourtant, dans une lettre signée par le directeur des études de la DGPC, M. Khellaf, adressée aux directeurs des wilayas et au responsable de l'Unité nationale de formation et d'intervention datant d'août 2003, la direction mentionne qu'elle reconnaît l'UNAPC. «Vu les nouvelles directives et dans le but d'assurer le bon déroulement du secteur de la Protection civile (?) nous demandons à nos agents de coordonner avec les deux syndicats suivants : le SNAPC affilié à l'UGTA et l'UNAPC affilié au Snapap?», lit-on sur la note. Salah Tamerabet répond : «Celui qui a signé cette directive a créé illicitement le syndicat affilié au Snapap. Ils n'ont pu convoquer que cinq personnes représentant cinq wilayas. Moi, je me demande pourquoi ils font cela ' s'interroge M. Tamerabet. Ils veulent déstabiliser le corps de la Protection civile et toucher à la stabilité de l'UGTA.»MécontentementLe lieutenant-colonel Farouk Achour ne nie pas l'existence de ce syndicat, mais explique : «Je vous rappelle que nous avions constitué un syndicat autonome en 1989 qui s'est mis sous l'égide de l'UGTA en 1991. Avec le pluralisme syndical, certains de nos agents ont émis le v?u de créer un autre syndicat autonome, celui du Snapap, ce qui leur a été accordé. Mais ils n'ont jamais pu avoir une représentativité de 20% dans au moins 24 wilayas, comme le stipule la réglementation ! Mourad Tchiko nous a demandé un temps supplémentaire, ce qui lui a été accordé, en vain. Donc, selon la réglementation, ce syndicat est automatiquement non reconnu. Qu'il nous justifie sa représentativité s'il veut que son syndicat soit reconnu et c'est tout !» rappelle-t-il.Mais les agents réunis à Alger ne l'entendent pas cette oreille, ils se disent déterminés. «Nous demandons à rencontrer une délégation du ministère de l'Intérieur, car nous n'accepterons pas de négocier avec El Habiri qui n'a pas tenu à ses promesses lors d'une rencontre avec lui après le sit-in organisé devant l'APN en 2011», regrettent les participants. Munis de leurs tenues enfouies dans des sachets, certains d'entre eux, repartis déçus, ont tout fait pour convaincre leurs collègues de manifester hier. «Ils ne faut pas nous précipiter. Nous avons besoin de temps pour mieux réussir la mobilisation. Et puis, neuf wilayas sur les dix-huit qui ont déclaré leur adhésion à l'initiative n'ont pas pu assister à la réunion. C'est à leur demande que nous avons reporté notre action au 18 novembre», explique l'un des intervenants.«Nous avons 32 000 agents en fonction, plus de 1000 révoqués et suspendus et des milliers de retraités. Nous revendiquons la réintégration de tous les révoqués et tous les suspendus, l'augmentation des salaires des agents à 55 000 DA et la régularisation du payement, avec effet rétroactif, des 80 heures reconnues par l'administration», exige Mourad Tchiko.ProtestationD'après les organisateurs, l'UNAPC comporte à la fois des agents en fonction, les suspendus et les révoqués ainsi que les retraités comme Naceredine Chibane, 53 ans, ex-syndicaliste de Guelma et retraité depuis décembre 2012. «Nous n'avons même pas de cartes de retraité. De plus, notre direction nous doit à chacun la somme des 80 heures des cinq dernières années de service», s'emporte Naceredine. Dans un document rédigé en 2004 par la DGPC et adressé au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales de l'époque, Nouredine Yazid Zerhouni, la direction reconnaissait une indemnité de l'ordre de 80% de rémunération pour le personnel d'encadrement et de commandement et 90% pour le grade de sapeur au grade d'adjoint.«Comparativement au personnel des administrations et des institutions publiques régi par l'ordonnance 97-03 du 11 janvier 1997, l'agent d'intervention est contraint à une plus-value en termes de travail extra-time de l'ordre de 69h09, chaque mois», lit-on dans la correspondance de la DGPC. Les agents affirment qu'«ils n'ont jamais touché l'indemnité en question». Mourad Tchiko est poursuivi à maintes reprises. Il raconte : «J'ai été poursuivi pour outrage à un fonctionnaire, attroupement non autorisé et obstruction au fonctionnement de l'entreprise pour avoir dénoncé la mauvaise gestion de la direction générale suite au rapport formulé en 2002 par l'Inspection générale des finances (IGF). J'ai été suspendu après la manifestation que nous avons organisée devant la direction, le 18 décembre 2004», précise-t-il.Mourad a comparu devant le tribunal de Bir Mourad Raïs et a été acquitté. Le jugement a été reconduit par la cour d'Alger en mai 2014. L'affaire est actuellement au niveau de la Cour suprême. «Pour me discréditer et nuire au mouvement, l'administration déclare que je suis poursuivi sans parler de la nature des accusations ou de mon acquittement», se défend-il. Les agents protestataires ne renoncent pas à poursuivre la mobilisation et à réussir l'action du 18 novembre. Ils lancent un message à tous les agents pour les rejoindre le jour J. Salah Tamerabet est confiant.Pour lui, l'appel des protestataires «ne trouvera» pas d'écho. «En tant que secrétaire général du syndicat de l'UGTA, j'assumerai toutes mes responsabilités devant ma direction, l'UGTA et les agents de la Protection civile. Nous n'avons aucun problème et nous n'avons aucune intention de sortir dans la rue», insiste-il. L'administration, elle, ne semble pas être inquiète. Le lieutenant-colonel avoue que les conditions se sont beaucoup améliorées. Pour lui, la DGPC est devenue professionnelle. «J'ai 28 ans de service et je peux avouer avec fierté qu'aujourd'hui le corps de la Protection civile a beaucoup évolué, notamment dans la formation. Nous avons un équipement qui a été majoritairement renouvelé. Nous travaillons dans de bonnes conditions et nous avons pris en charge toutes les doléances de nos agents. Et s'il détient réellement un dossier de corruption comme il le déclare, je l'invite amicalement à aller à la justice qui tranchera cette affaire», promet-il.




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