Le RCD, le MSP et le FLN réagissent aux propos de Zerhouni
Les menaces du ministère de l’Intérieur de rayer des listes électorales les citoyens abstentionnistes ne répondant pas à un questionnaire adressé aux quatre millions de citoyens ayant boycotté les dernières législatives, sont vivement critiquées par les formations politiques.
Contacté par la Voix de l’Oranie, Tahar Besbas, député et membre de la direction du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), martèle d’emblée que «c’est une démarche illégale sur le plan procédurale».
«Il n’appartient pas à un ministère de la République de se prononcer sur le droit de vote des Algériens», dit-il expliquant que «le vote est un choix». «On peut voter comme on peut ne pas voter», note-t-il, tout en martelant que «le fait de s’abstenir est un choix citoyen et un plein droit». Mais plus encore l’abstention est considéré comme étant «un acte politique», indiquera le Dr Besbas avant de préciser que «le citoyen est en avance par rapport à l’administration dans laquelle il n’a aucune confiance». Aussi l’attitude du département de Yazid Noureddine Zerhouni d’adresser des lettres nominatives, est vilipendé par notre interlocuteur: «le  ministère de l’Intérieur n’a pas à interpeller les citoyens de manière nominative». «Il n’a pas non plus le droit de menacer les Algériens de les rayer des listes électorales», dit-il encore arguant que «le citoyen a pleinement le droit de dire je veux m’inscrire sur une liste électorale, mais je choisi de ne pas aller  voter». Fondamentalement parlant, l’attitude du ministère de l’Intérieur d’amener les citoyens, «à travers la menace», à aller voter, coûte que coûte, fait sortir notre interlocuteur de ses gonds ; celui-ci ne manquera pas d’avertir sur les méfaits d’un tel procédé. «Si la menace du ministère de l’Intérieur arrive à avoir de l’effet, il risque d’y avoir des bulletins nuls ce qui va aggraver la crise en constituant une véritable gifle pour le pouvoir». Il aurait fallu, estime le Dr Besbas, dans ce cadre, emprunter une autre démarche, celle de «chercher les véritables raisons de l’abstention». Ces raisons se résument, selon notre vis-à-vis, dans «l’absence totale de confiance entre les organisateurs des élections et les électeurs». Cette réaction est partagée à tout point de vu par le parti d’Abou Djerra Soltani, le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Faisant parti de l’Alliance présidentielle (RND, MSP et FLN), cette position n’influe, en tous cas, nullement sur sa réaction par rapport à l’initiative de Zerhouni. Que l’on juge ! «Nous croyons que le boycott est un acte politique garanti par la constitution», dira, d’entrée de jeu, Mohamed Djemaa, responsable de la communication au sein de cette formation. «Les citoyens sont libres d’aller voter ou non», explique-t-il encore avant d’interroger «pourquoi les menaces visant à les éliminer des listes?». Notre interlocuteur expliquera que la direction de sa formation compte se réunir  pour se prononcer officiellement sur cette question. La même source indiquera encore que «le fait d’éliminer quatre millions d’abstentionnistes ne fera qu’aggraver l’abstention à venir». L’attitude idoine, indique-t-il, est de «tirer les enseignements de cette abstention et non pas de culpabiliser les partis politiques et les critiquer». Il considère, à ce sujet, que les raisons de l’abstention sont à rechercher ailleurs que dans les menaces faites aux citoyens.
En l’occurrence, « la fraude électorale, qui décourage les citoyens d’aller voter, le fait que les élections ne représentent aucun enjeu, puisqu’une fois au parlement, il n’est pas question de soulever certains scandales et problèmes très préoccupants, ceci en plus des difficultés socioéconomiques auxquels sont confrontés les populations». Le FLN, de son côté, va à contresens tant du RCD que de son partenaire au sein de l’Alliance présidentielle, le MSP. Il n’est, en fait, nullement inquiété par les propos du ministre de l’Intérieur. «Ce n’est pas une menace!», estime Saïd Bouhadja, le chargé de la direction au FLN et député. Et de préciser qu’il «n’y a rien de critiquable dans la démarche du ministère de l’Intérieur». Son explication est que «l’administration va faire le travail des partis parce que ces mêmes partis ne l’ont pas fait».
«Il faut que les partis se bougent et se mobilisent pour amener les citoyens à aller voter», dit-il. «Les dernières législatives du 17 mai ont montré à travers l’abstention combien les partis politiques ont perdu leur crédibilité et combien ils sont incapables de mobiliser les foules», pense Bouhadja. Par conséquent, dit-il, «l’administration a le droit d’entamer une telle démarche pour connaître les raisons de l’abstention pour les traiter», dit-il. «Et le citoyen, qui ne répond pas au formulaire, sera considéré comme absent ou qu’il a changé d’adresse», dit-il, tout en considérant que «c’est normal que le ministère de l’Intérieur assainisse les listes électorales».
Samira Illoul
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Posté Le : 09/08/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com