Algérie

Après les avoir stigmatisés, elle s'érige en «protectrice de leur liberté contre le fondamentalisme»



Paris
De notre correspondante

Quand la démagogie politicienne et la manœuvre électoraliste ne se donnent point de limites... La dernière sortie médiatique de la présidente du Front national n'est, ni plus ni moins, que d'appeler les musulmans français à  la rejoindre dans son «combat contre le fondamentalisme musulman».Par cette manœuvre électoraliste, espère-t-elle monter dans les sondages et gagner de nouvelles
voix ' Les musulmans, qu'elle n'a eu de cesse de rendre responsables de tous les maux de la France, menaçant sa «cohésion» et ses «valeurs républicaines», voire sa «civilisation», «fraudeurs de prestations sociales» et autres amabilités du même cru, la présidente du Front national veut les protéger du «radicalisme qui sévit dans les quartiers, qui menace les femmes et les jeunes filles»... Voilà qu'elle affirme : «Les musulmans sont attachés aux valeurs républicaines de la France, à  nos mœurs, ce sont les premières victimes de la radicalisation qui monte dans les quartiers, les premières victimes du radicalisme musulman, qui, dans les quartiers, menace les femmes et leurs filles. C'est cette liberté-là que je veux défendre.» Et surtout, oh surprise ! : «Je ne vois pas qui peut la défendre mieux que moi.» Rien que cela. L'art de la récupération, froidement. Le drame de Toulouse ne pouvait pas mieux tomber pour la candidate du Front national à  l'élection présidentielle. Une tragédie qui la conforte dans ses opinions les plus virulentes sur l'Islam, sous couvert de lutte contre l'extrémisme.  «Depuis le début de cette campagne présidentielle, le problème de la sécurité et du fondamentalisme ont été évacués», alors que ce sont des «thèmes majeurs, correspondant à Â une vraie préoccupation des Français», soutient-elle. «Cela fait dix ans que je répète que le risque islamiste est sous-estimé dans notre pays», qu'«il faut lutter contre la radicalisation de l'Islam», «contre ceux qui portent une parole de haine.» Avec cynisme, elle déclare faire appel aux musulmans pour se joindre à  elle dans le «combat» qu'elle «mène contre le fondamentalisme». La démarche est insidieuse et l'amalgame, dont Marine le Pen se défend, est distillé avec habileté. En effet, avec aplomb, elle nie stigmatiser les musulmans ; plus, elle soutient qu'elle a été la première responsable politique à  dire qu'il faut se garder de faire des amalgames.  Et, perfidement, cette contrevérité : «Depuis 30 ans, tous les attentats contre des juifs sont le fait d'islamistes.»Â Nous lui faisons remarquer, ce qu'elle sait pertinemment, mais qu'elle occulte à  dessein (lors de sa conférence de presse jeudi matin au Centre d'accueil de la presse étrangère) que les musulmans de France ou d'ailleurs ne l'ont pas attendue pour condamner les violences et crimes commis au nom de l'Islam, qu'ils vivent paisiblement leur culte, que les responsables musulmans de France ont dénoncé sans équivoque la tuerie de Montauban et de Toulouse, et que les représentants de la communauté juive se sont joints à  leurs pairs musulmans pour mettre en garde contre tout amalgame. Et enfin, que la meilleure chose que la droite et le Front national pourraient faire au bénéfice de toute la société française et de ceux qui vivent en France ne serait-il pas d'arrêter de stigmatiser les musulmans, leur religion et leurs pratiques cultuelles ' Jouant sur les mots et esquivant la question, elle nous affirme que le terme de communautés n'est pas le sien, qu'elle est «contre le communautarisme», qu'«il n'y a qu'une communauté, c'est la communauté nationale et que ses membres sont tenus de respecter les lois de la République», comme si les musulmans de France étaient en-dehors des lois. «Il n'y a pas d'amalgame.  Ce n'est qu'un risque», celui de «confondre fondamentalistes et musulmans». Que Madame Le Pen commence à  s'appliquer cette conduite à  elle-même !
 


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