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Après les affres de la décennie noire: Ouled Hbaba (Skikda) entre ses carences et ses espoirs



Après les affres de la décennie noire:  Ouled Hbaba (Skikda) entre ses carences et ses espoirs




Il y a beaucoup à faire dans cette région qui a payé un lourd tribut au terrorisme.

Olle a été l’une des communes les plus meurtries par la décennie noire. «Des chefs terroristes de l’époque avaient même déclaré dans une télévision étrangère qu’ils disposaient d’une zone libérée qui leur était totalement acquise. Ils parlaient de Ouled Hbaba», raconte un habitant de cette région perchée à plus de 1000 m d’altitude et entourée de montagnes. L’année 1994 aura été la plus meurtrière à Ouled Hbaba. Les habitants se rappellent de l’exode massif qui avait concerné leur région. «Le nombre des élèves qui restaient scolarisés au CEM de la commune était de 700 en 1993. En 1994, il n’en restait que 350 seulement. Les gens avaient peur en dépit du fait qu’une grande partie des habitants s’étaient organisés dans le cadre de groupes de patriotes et de gardes communaux.

On a passé des mois d’horreur. Les terroristes ont tout brûlé, le siège communal, des écoles…Personne n’osait s’aventurer dans ces lieux. On a payé un lourd tribut. Vingt-deux habitants de notre commune ont payé de leur vie, dont neuf avaient été égorgés le même jour. En dépit de cette souffrance, nous sommes fiers aujourd’hui de dire qu’aucun habitant de notre région n’a rejoint les hordes qui infestaient ces montagnes», témoigne un autre habitant.

Dès qu’on arpente, par le CW 33, l’entrée de la commune, on est vite attiré par la propreté des lieux, d’ailleurs, ce n’est pas pour rien que cette commune avait remporté à deux reprises un des premiers prix au concours national de «la ville la plus propre d’Algérie» au courant des années 1980. En dépit des manques actuels, Ouled Hbaba peut facilement briguer la première place au niveau de la wilaya de Skikda en matière de propreté.

L’autre remarque, quand on s’engouffre dans le village, le nombre impressionnant de bonbonnes de gaz butane qui longent les façades de quelques habitations. Ici le froid est glacial et les habitants, pour se chauffer, continuent à ce jour d’utiliser le gaz butane à défaut de recourir au bois des immenses forêts qui entourent la commune. Le gaz de ville reste encore un rêve.

«C’est vrai que cette énergie manque terriblement à notre région, mais on peut déjà rassurer nos concitoyens que l’étude relative au raccordement de notre commune à partir du poste 50 dans la wilaya de Constantine, est déjà achevée et d’après les promesses qui nous ont été faites, Ouled Hbaba disposera du gaz naturel bien avant 2015», précise Souaissia Rabah, P/APC de Ouled Hbaba. Les habitants évoquent aussi l’état assez dégradé des chemins communaux. Une réalité qu’on peut vérifier en empruntant le CW 33 en direction de la wilaya de Guelma.

Le chemin reste détérioré sur plusieurs tronçons dépendant de Ouled Hbaba, et, en arrivant enfin au territoire de la wilaya de Guelma, le chemin devient plus praticable, plus aménagé et plus élargi. On apprendra d’ailleurs que sur les 85 km de routes de Ouled Hbaba, seule une vingtaine de kilomètres sont jugés en bon état. Le reste mérite une attention particulière.

70 logements sociaux en…50 ans!

En plus du gaz et des routes, la plupart des habitants insistent sur le manque immense de logements. «Depuis 1962, on n’a construit que …70 logements sociaux. Cela veut tout dire», précise un habitant. Selon des données officielles, le taux d’appartements dans la commune de Ouled Hbaba est de 3,3 % seulement contre 72,4 % pour les maisons individuelles et 20 % de construction précaires. Ces données attestent quelque part de la vocation rurale de la commune mais ne peuvent pas pour autant cacher la volonté des habitants de disposer d’un logement. Le nombre de 600 demandeurs dans la formule du social locatif reste à cet effet assez significatif et mérite une réponse favorable de la part des pouvoirs publics. La répartition du parc logement reste également concentrée sur les zones éparses avec un total de 13 mechtas qui regroupent tout de même plus 70 % du parc. A ce sujet, il faut souligner que l’une des grandes causes qui retarde le développement de la région, en plus d’un relief assez singulier, reste liée à l’immense étendue de son espace.

Ouled Hbaba vient effectivement en troisième position au niveau de la wilaya, après Skikda et Essebt en terme d’étendue géographique. Cette situation se répercute sur les habitants car elle nécessite des moyens draconiens surtout en matière de raccordement des réseaux d’AEP, de gaz, d’électricité et aussi celui routier. L’isolement des populations dans ce grand espace reste également l’une des causes d’un analphabétisme encore tenace. «Certaines familles qui vivent dans des régions très isolées ne peuvent pas scolariser leurs enfants», estime un habitant. Cette réalité fait de Ouled Hbaba la deuxième commune dans la wilaya de Skikda en terme d’analphabétisme avec un taux de 37,7 % relevé parmi la population âgées de 10 ans et plus. C’est un taux assez important en dépit des efforts consentis par le centre d’alphabétisation et de quelques associations.

Quand le logement rural s’appuie sur Touiza

En dépit de ces manques, la commune a néanmoins enregistré des avancées considérables ces cinq dernières années. Les habitants reconnaissent d’ailleurs, sans gêne, que plusieurs secteurs vivent une certaine mue. Ils évoquent dans leur globalité la formule du logement rural, l’amélioration de l’AEP et l’implantation de quelques infrastructures pour les jeunes. Interrogé à ce sujet, le P/APC de Ouled Hbaba estime que la formule du logement rural a été «une grande réussite». Et d’ajouter ; «A ce jour, 981 logements ont été réalisés et d’autres programmes sont actuellement en cours. Cette réalité a fini par encourager d’autres citoyens à demander à en bénéficier puisque nous avons enregistré 600 nouvelles demandes. Cette formule convient très bien aux habitants de Ouled Hbaba et à leur mentalité. La réalisation du logement rural chez nous a beaucoup plus de chance de réussir car les gens gardent encore l’esprit d’entraide que constitue la Touiza.» Au sujet de l’AEP, le maire reconnaît que la dotation s’est nettement améliorée.

«Nous disposons d’une source importante d’un débit de 30 l/s et son réseau d’amenée a été restauré sur plus de 5 km. En plus du renouvellement du réseau de distribution, il ne nous reste que le hameau de Bouhajeb à desservir mais en attendant nous assurons à ses habitants un appoint par citernes en plus des fontaines publiques», dira-t-il. Les jeunes de la commune ont bénéficié pour leur part d’un centre culturel ainsi que d’une bibliothèque. «Ce sont deux projets importants qui contribueront certainement à l’alphabétisation», juge le maire. Les jeunes de la région ont également bénéficié d’un centre sportif de proximité et de sept terrains sportifs. De quoi apporter un peu de vie à ces populations si longtemps marginalisées. 


Khider Ouahab



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