Algérie

Après le vote français de la loi sur les génocides Colère froide mais déterminée à Ankara



Après quelques péripéties procédurières sans grand effet sur le résultat, le sénat français a finalement voté la loi punissant la négation des génocides, particulièrement celui prêté à l'empire ottoman contre les Arméniens en 1915.
Contrairement à la presse turque qui s'est unanimement déchaînée contre tout ce qui peut être français, le Premier ministre Erdogan n'a pas tenu de propos colériques, pas plus qu'il n'a annoncé de sanctions, comme il l'avait fait pourtant par le passé. Certes, il a qualifié le texte de 'raciste' et a rappelé à l'adresse de Sarkozy que ses ancêtres 'avaient trouvé asile dans l'Empire ottoman', mais il n'a consacré que quelques minutes à la question au cours desquelles il a ironisé en affirmant que 'la Turquie est un si grand pays que même son hostilité est une récompense pour les petites gens'. Derrière cette attitude froide mais déterminée se cache le secret espoir que soixante parlementaires français saisissent le Conseil constitutionnel, qui pourrait empêcher la promulgation du texte de loi prévue dans deux semaines, selon des sources de l'élysée. 'La Turquie fait encore preuve de patience' et 'attend le fin de la procédure', a-t-il déclaré, ajoutant toutefois que des mesures 'étape par étape' seront adoptées.
Parmi les mesures envisagées, il est notamment question d'un abaissement des relations diplomatiques. Les états-Unis ne sont pas restés de marbre face à la dégradation des relations entre Ankara et Paris qui sont tous deux des alliés et membres de l'Otan. 'Nous souhaitons voir de bonnes relations entre ces deux pays, qui sont des alliés des états-Unis', a déclaré Victoria Nuland, porte-parole du département d'état. 'Notre avis sur cette question est bien connu, et il n'a pas changé. Nous en avons fait part au gouvernement français et nous lui avons dit comment nous avons géré cette question', a-t-elle ajouté. On peut rappeler à cet effet que le président Barack Obama avait commémoré en avril 2011 le 96e anniversaire du massacre d'Arméniens sous l'empire ottoman, et a demandé à Ankara la reconnaissance officielle de ces tueries, qu'il s'est cependant gardé de qualifier de génocide. Si les états-Unis se sont saisis de ce dossier, c'est qu'ils voulaient à tout prix normaliser les relations entre la Turquie et l'Arménie.
Or la reconnaissance du génocide par les autorités d'Ankara est une condition non négociable pour les Arméniens et inacceptable pour les Turcs. Contrairement à la retenue calculée des officiels turcs après le vote du sénat français, la presse s'est déchaînée contre le gouvernement français et contre la France d'une manière générale. Les quotidiens ont rivalisé de surenchère sur le sujet, préconisant le boycott des produits français, la sanction des entreprises françaises installées en Turquie, voire la rupture pure et simple des relations diplomatiques.
à Paris, l'ambassadeur turc a assisté aux débats du sénat, tout comme son homologue arménien. Furieux à l'issue du vote, il n'a pas mâché ses mots sur le caractère discriminatoire, selon lui, de cette loi et sur ses motivations électoralistes. Son rappel à Ankara pour quelques semaines n'est pas exclu.
M. A. B


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