Algérie

Après le raid meurtrier du camp d'El Ayoune : Le massacre à huis clos restera-t-il impuni '



Après le raid meurtrier du camp d'El Ayoune : Le massacre à huis clos restera-t-il impuni '
' Morts 723 Blessés 159 Disparus. L'assaut «pacifique», selon le ministre marocain de l'Intérieur, n'en a pas moins été sanglant. La version macabre, empreinte du pathétique souci de victimisation, a monté en épingle le scénario ahurissant des forces de la répression présentées en victimes expiatoires de la violence d'une population sans défense du campement d'El Ayoune, surprise à  l'aube par le déferlement de la barbarie coloniale. Un résident, joint par téléphone par le service de presse sahraoui, affirme que «plusieurs personnes ont été blessées dont des femmes, des enfants et des vieillards surpris dans leur sommeil  et asphyxiés par des gaz lacrymogènes». Le défenseur des droits de l'homme Ahmed Moussaoui  a eu juste le temps de prononcer le terme de «génocide» avant de se voir couper la communication. Par- delà le bilan contradictoire, posant avec acuité la responsabilité de l'occupant tenu de garantir la sécurité des populations, la «violence inouïe» s'inscrit dans un plan prémédité de démantèlement du bastion de la résistance populaire pacifique dans les territoires occupés qui reste la preuve irréfutable, à  l'heure de la reprise des négociations, de l'attachement aux idéaux de la liberté et de l'indépendance. Ainsi, après avoir procédé à  l'encerclement du camp et à  l'interruption de l'acheminement des denrées alimentaires et de l'eau, l'assaut final a mobilisé des hélicoptères larguant des bombes lacrymogènes, des canons à  eau pour disperser les résidents soumis à  la loi de la matraque et de contingents prélevés de Détachement d'intervention rapide (DIR, venant du mur de la honte et appartenant au secteur de Guelta, Haouza et du sous- secteur d'Amgala) qui s'ajoutent aux 6 bataillons et les 6 unités de Mokhaznis (gardes mobiles). Des «balles réelles», selon le ministre sahraoui des Affaires étrangères Salem Ould Salek, ont été utilisées. El Ayoune qui se réveille difficilement du cauchemar de la veille est sous couvre-feu. Elle bouillonne de ressentiment de la population en quête de nouvelles de leurs proches. Dans les quartiers, un vent de révolte s'est levé. Des affrontements ont opposé hier les forces de la répression marocaine aux jeunes Sahraouis. La tension est à  son comble. C'est dans la dignité qu'elle a commencé à  enterrer les morts de l'apartheid du Sud-Ouest africain qui n'a rein à  envier à  son alter ego du Proche-Orient. Un communiqué du ministère sahraoui de la Communication fait état dans une liste non exhaustive de 7 morts et 723 blessés. Des cas de disparus (159 personnes actuellement recherchées par leurs parents) sont enregistrés.Le massacre à  huis clos a été dénoncé par des parlementaires et des euro-députés renvoyés manu militari de Casablanca et d'El Ayoune. Pas un journaliste, pas un observateur n'a été autorisé à  vivre la réalité du raid «pacifique». Le député communiste français Jean Paul Le coq trouve «inadmissible que l'on nous empêche, nous parlementaires européens, d'aller voir ce qui se passe à  El Ayoune». Il s'interroge également sur le mutisme des autorités, le Quai d'Orsay et le Consulat, saisis à  cet effet. Dans un communiqué, le groupe des députés communistes français qui appellent à  la «protection des populations sahraouies et au respect des droits des peuples», déclare qu'il est «urgent que la représentation nationale puisse examiner, en toute clarté, ce qui se passe au Sahara occidental». Face à  l'ostracisme de l'occupant, la nécessité d'une commission d'enquête indépendante se fait sentir pour rétablir la réalité du massacre à  huis clos pleinement et froidement exécuté en parfaite symbiose avec le réquisitoire prononcé, la veille, par le souverain marocain. Légitiment, le ministre Salem Ould Salek peut se prévaloir d'un appel solennel adressé aux Nations unies, notamment le Conseil de sécurité, pour empêcher «un massacre sans témoin», comme cela a été le cas il y a 35 ans lors de l'invasion marocaine. «Nous sommes confrontés, souligne Ould Salek, au régime de Mohammed VI qui est différend de Hassan II qui était enclin à  la paix, lors de la signature du plan de règlement onusien de 1991, portant organisation du référendum au Sahara occidental, après 17 ans de guerre sanglante qui a coûté aux deux parties d'importantes pertes et des milliers de veuves et d'orphelins». Inévitablement, le fils du Makhzen belliciste sera rattrapé par le syndrome du père.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)