Algérie

Après le festival : La « fête », mais à quel prix '



Juste après le baisser de rideau du festival d'Al Karama, organisé par la mairie d'Oran en commémoration du cinquantième anniversaire de l'Indépendance nationale, des informations commencent à circuler concernant certains cachets touchés par des artistes. Ainsi, l'on apprendra que Cheb Khaled aurait empoché 7 millions de DA. Dans la même foulée, on indique que Cheb Mami a encaissé 9 millions de DA. Ces chiffres et d'autres animent déjà une controverse, récurrente il faut le préciser, chaque saison estivale depuis plus de dix ans. Certains voient dans ces dépenses un simple jet des deniers publics par les fenêtres. D'autres, au contraire, estiment que le divertissement du « petit peuple », en butte à toutes les difficultés du quotidien, justifient de telles entreprises et se déclarent non-voyants quant aux sommes dégagées pour un tel objectif. Ces derniers avancent un argument de poids : les milliers de milliards dépensés pour les dernières élections ont débouché sur un parlement déjà en vacances. Ne soyons pas naïfs et situons les choses dans leur véritable cadre. L'argent dépensé à Oran et ailleurs s'inscrit dans une démarche des pouvoirs publics, en panne de perspectives, consistant à acheter la paix sociale. En plus, les dernières festivités, couvertes par la presse maghrébine et arabe entre autres, devaient promouvoir une certaine image de l'Algérie, un pays en liesse et donc épargné des remous qui secouent les autres pays de la région arabe. Désertons ces considérations pour des constats plus immédiats. A Oran, le soir, le centre-ville se vide et le Front de mer perd de plus en plus l'affluence d'antan. Et pour cause, une partie des habitants de la ville se rendent aux alentours des grands hôtels de l'Est de la ville, près des jets d'eau. Dès la tombée de la nuit, les alentours du Sheraton sont investis de monde. Certains ramènent leurs chaises et table et s'offrent des parties de dominos ou des gâteaux et rafraichissements. Plus haut, du côté du Méridien, l'esplanade est pratiquement assaillie chaque soir par des jeunes et des familles. L'absence de tout équipement ne semble pas poser de problème à celles et ceux qui ont pris l'habitude de s'y rendre pour un peu de fraîcheur. Là aussi, on ramène des fruits, certains jeunes du thé avec une chicha, et on papote entre voisins et voisines. Le petit jardin pour enfants, en haut du lycée Lotfi est lui aussi devenu une destination des familles à la tombée de la nuit. Bref, n'importe quelle petite pelouse, et elles ne sont pas nombreuses à Oran, draine la foule. Parce qu'Oran ne dispose pas d'infrastructures appropriées pour recevoir les familles ou tout simplement les gens en quête d'air frais. A cause des questions d'insécurité, supposées ou réelles, des sites sont toujours en jachère. Tel que le plateau de Sidi Abdelkader par exemple, disposant d'un téléphérique visiblement en panne. Avec de l'imagination, ce site peut devenir un lieu d'oxygénation pour les Oranais et les Oranaises. Pour revenir à la question de départ, notons que la demande de divertissement, à inscrire dans le cadre d'une stratégie culturelle, est là, incontournable.
Soulignons que le critère d'accès au bien-être et au bonheur est devenu un paramètre intervenant dans le classement des pays et des nations. Quant aux dépenses, exagérées pour certains et insuffisantes pour d'autres, ce débat doit être engagé et tranché une bonne fois pour toutes parce qu'il est récurrent depuis plus de dix ans.
Par ailleurs, le large public des jeunes, au fait de ce qui se fait sous d'autres cieux, réclament d'être du monde. Ils veulent vivre exactement la même chose que leurs semblables ailleurs. Comment budgétiser la satisfaction d'une telle revendication '


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