Les Etats-Unis ont dit lundi aux compagnies aériennes qu'il n'y avait pas de danger à faire voler les 737 MAX 8 de Boeing alors que les enquêteurs ont retrouvé les deux boîtes noires de l'avion d'Ethiopian Airlines qui s'est écrasé dimanche.
L'avion s'est écrasé peu après avoir décollé d'Addis-Abeba à destination de Nairobi, au Kenya, tuant les 157 personnes à bord, dont neuf Français et de nombreux autres Occidentaux. La catastrophe, la seconde en un peu plus de quatre mois impliquant le modèle le plus récent du Boeing 737, l'avion de ligne le plus vendu au monde, a conduit Ethiopian Airlines, mais aussi la Chine et l'Indonésie, à clouer au sol leurs flottes de MAX 8. Lundi soir, l'administration américaine de l'aviation civile (Federal Aviation Administration, FAA) a émis un "avis de maintien de la navigabilité" pour assurer aux compagnies que l'avion est sûr. Elle a ajouté qu'elle restait en contact avec les autorités internationales de l'aviation civile et prendrait des mesures immédiates si elles détectait des problèmes de sécurité. La compagnie américaine à bas coûts Southwest Airlines, qui exploite la plus importante flotte de 737 MAX 8 avec 31 appareils, a déclaré qu'elle restait confiante dans la sécurité et la navigabilité de sa flotte de plus de 750 avions Boeing. Le directeur général de Boeing Dennis Muilenburg a annoncé de son côté qu'il était convaincu de la sécurité du 737 MAX dans un courriel à ses employés auquel Reuters a eu accès. Les enquêteurs en Ethiopie ont trouvé deux boîtes noires qui aideront à comprendre ce qui s'est passé juste avant le crash. Le constructeur, la compagnie et les assureurs devraient faire face à d'importantes demandes de dommages et intérêts à la suite de l'accident, rapportent des sources du secteur. La valeur d'assurance de l'avion en lui-même était probablement d'environ 50 millions de dollars (environ 45 millions d'euros). Boeing a refusé tout commentaire sur sa couverture d'assurance.
L'action Boeing a chuté
Le titre Boeing a abandonné jusqu'à 13,5% en début de séance, sa plus forte baisse depuis le 11 septembre 2001, dans la crainte qu'un deuxième crash en si peu de temps ne révèle des défauts de conception de l'avion. Mais certains investisseurs ont rapidement voulu profiter de la baisse pour revenir sur le titre, dont la valeur a triplé au cours des trois dernières années. L'action a finalement perdu 5,36% en clôture. L'avion s'est écrasé dimanche peu après son décollage d'Addis-Abeba. Le pilote avait signalé auparavant des "difficultés" et demandé à faire demi-tour, a déclaré le P-DG d'Ethiopian Airlines. Les victimes sont d'une trentaine de nationalités différentes. Parmi elles figurent 22 employés des Nations unies. "L'avion était tout près du sol et il a entamé un virage. Nous avons vu des papiers tomber de l'appareil", a raconté à Reuters un témoin, Malka Galato. "Les vaches qui paissaient dans les champs ont été prises de panique (...) Il y avait de la fumée et des étincelles à l'arrière de l'avion." Le Boeing "a vainement tenté de reprendre de l'altitude, il a fait un écart, il y avait de la fumée blanche, des objets, des vêtements qui tombaient, et puis il s'est écrasé", a déclaré un fermier qui a assisté au drame, Tamirat Abera. Sur le site de la catastrophe, des hommes de la Croix-Rouge s'employaient lundi à récupérer les corps et les bagages des victimes, parmi lesquelles des travailleurs humanitaires, des médecins et des professeurs. A Nairobi, plaque tournante de l'aide humanitaire dans la région, un sommet s'est ouvert par une minute de silence en mémoire des employés des Nations unies qui ont péri. "C'est pour nous l'une des pires catastrophes de ces dernières années", a déclaré Michael Moller, chef de l'Onu à Genève. Ethiopian Airlines a précisé que le commandant de bord, Yared Getachew, qui possédait la double nationalité éthiopienne et kényane, était un pilote expérimenté avec plus de 8.000 heures de vol. Le Boeing qui s'est écrasé avait été reçu par la compagnie éthiopienne en novembre dernier et avait volé plus de 1.200 heures. Dimanche, il venait de revenir de Johannesburg. Selon le site Flightradar24, l'appareil a eu une vitesse ascensionnelle erratique après son décollage d'Addis-Abeba. Il est monté à près de mille pieds avant de redescendre à 450 pieds puis de remonter rapidement à 900 pieds, jusqu'à ce qu'il disparaisse des écrans radar.
Boeing souffre
L'action Boeing a chuté lundi à Wall Street après la décision de plusieurs compagnies aériennes de suspendre l'exploitation de leur flotte de B737 Max 8 au lendemain d'un nouveau crash aérien impliquant l'appareil. Cette baisse équivaut à une perte de capitalisation boursière de plus de 30 milliards de dollars (26,7 milliards d'euros). L'action Boeing, qui représente à elle seule plus de 11% de la pondération du Dow, s'achemine ainsi vers sa plus lourde perte sur une séance depuis janvier 2016. Elle avait inscrit le 1er mars un record à 445,95 dollars après avoir triplé en un peu plus de trois ans. Dimanche, un avion d'Ethiopian Airlines assurant la liaison entre Addis-Abeba et Nairobi s'est écrasé, tuant les 157 personnes à bord, dont neuf Français et de nombreux autres Occidentaux. Ce crash intervient après celui du Boeing 737 MAX 8 de la compagnie asiatique Lion Air qui avait fait 189 morts le 29 octobre dernier. A la suite de l'accident de dimanche, Ethiopian Airlines a immobilisé toute sa flotte de Boeing 737 MAX 8 jusqu'à nouvel ordre. La Chine et l'Indonésie ont aussi ordonné lundi aux compagnies aériennes de leur pays de suspendre les vols opérés avec cet appareil. "Le pire des scénarios serait le maintien au sol de la flotte et le besoin de mesures correctives qui perturberaient la rentabilité à court terme", explique Rajeev Lalwani, analyste chez Morgan Stanley, dans une note publiée lundi.
Les équipementiers aéronautiques souffrent aussi
La banque maintient néanmoins sa recommandation à "surpondérer" et son objectif de cours de 500 dollars. L'action Boeing avait cédé 12% au cours des semaines qui ont suivi l'accident de Lion Air en octobre mais elle avait ensuite effacé la totalité de ses pertes. Boeing a déclaré que l'enquête sur le crash du vol d'Ethiopian Airlines entre Addis-Abeba et Nairobi n'en était qu'à ses débuts et qu'il n'y avait pas besoin pour l'instant d'émettre de nouvelles recommandations aux compagnies opérant avec des Boeing 737 MAX 8. Parmi les plus gros clients américains de l'avionneur, la compagnie aérienne Southwest Airlines cède 0,99% tandis qu'American Airlines Group et Air Canada sont en légère hausse. Southwest et American Airlines ont indiqué dimanche soir qu'elles restaient pleinement confiantes dans le Boeing 737 MAX 8 et qu'elles suivaient avec attention l'enquête en cours sur l'accident. La nouvelle du crash pénalise également l'action Safran (-2,09%) à Paris, l'équipementier aéronautique étant le fournisseur, dans le cadre de sa coentreprise avec General Electric (+1,67%), du moteur LEAP-1B utilisé sur cet appareil. Parmi les équipementiers aéronautiques américains, Spirit AeroSystems cède 6,66%, Triumph Group 5,98% et Hexcel 3,1%. Parallèlement, Airbus, principal concurrent de Boeing, gagne 1,27% en Bourse de Paris.
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Posté Le : 13/03/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com