Algérie

Après le constat alarmant, reste le lourd défi de la sécurisation'.



La conférence d’Alger sur la sécurité et le développement au Sahel a fait ressortir trois points assez importants : le premier a trait aux retombées catastrophiques de la crise libyenne sur la région à travers la circulation des armes de guerre, d’explosifs puissants, et le retour de ressortissants de la région après s’être entraînés dans les arts de la guérilla. Exception faite pour la France, tous les partenaires de cette zone reconnaissent la gravité de la situation et appellent à des actions urgentes pour éviter que la région ne sombre dans le chaos.
Le deuxième point tranché lors de cette importante rencontre à laquelle ont pris part en plus des ministres des Affaires étrangères malien, nigérien, mauritanien et algérien, trente-huit délégations de haut niveau représentant les pays partenaires et les organismes onusiens, concerne la réappropriation par les Etats du Sahel de la stratégie de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Pour l’ensemble des participants, il est évident que seuls les pays concernés sont habilités à «faire le ménage» chez eux. «Il n’est pas question d’envoyer des troupes en dehors des frontières», avait déclaré le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel.
Les bruits de bottes françaises entendus il y a une année au Mali, et à deux reprises, ont eu des conséquences tragiques et ne devraient plus être réédités. «Les pays de la région ont les capacités pour faire face au défi de la sécurité.» «Des capacités qui appellent à un renforcement que seuls les partenaires peuvent prendre en charge», expliquait le ministre délégué.
Pour lui, l’Algérie «est maintenant reconnue par tous, eu égard à son expérience et ses moyens militaires de jouer le rôle de leadership ou de locomotive pour mettre en exécution la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée transfrontalière dans cet espace désertique».
Enfin, le troisième point a trait à  l’aide que pourraient apporter les partenaires du Sahel pour extirper les populations locales des mains de la pauvreté, du banditisme et des réseaux d’Al Qaîda.
De nombreux pays comme le Canada, la Suisse ou la Chine ont fait des offres concrètes en matière de développement. Néanmoins,  des divergences sont apparues lors des travaux.
La première est liée à la criminalisation du paiement des rançons que la France refuse catégoriquement, alors que de tous les pays du Sahel, et d’autres de l’Europe, comme la Grande-Bretagne, y sont favorables. La France est également contre l’avis, largement partagé notamment par les USA, selon lequel la crise libyenne a aggravé la situation au Sahel, préférant imputer la détérioration du climat à la mauvaise gouvernance des dirigeants.
Une position qui illustre assez bien  les rivalités entre les deux puissances (France-USA) autour de la région. «Chacun des pays a des intérêts dans le Sahel. Nous avons nos stratégies et eux ils ont les leurs. Nous avons fait en sorte que toutes les stratégies soient débattues pour voir ce qui est partagé et ce qui ne l’est pas. Finalement, ce sont les nôtres qui ont été retenues, parce qu’elles sont complètes et méritent juste qu’elles soient appuyées et assistées», expliquait Messahel.
L’autre point qui a fait mouche est celui relatif à la composante géographique de la région du Sahel. Si les Français font pression pour intégrer le Maroc et les pays de l’OCDE dans cet espace géographique, l’Algérie précise que l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie sont le premier cercle qui subit les activités d’Al Qaîda de la criminalité transfrontalière et du trafic de cocaïne. Messahel prévoit néanmoins un éventuel élargissement, mais aux pays qui souffrent du terrorisme comme le Nigeria, ou de la drogue comme la Guinée.
L’espace est donc clairement défini en s’enfonçant dans l’Afrique profonde et non pas vers le Nord comme le veulent certains milieux qui voient les Sahraouis comme des terroristes.  
En conclusion, l’Algérie, et de l’avis de nombreux participants «a relevé un véritable défi», en réunissant partenaires et pays de la région autour d’un même objectif : celui de créer des synergies entre les stratégies du Sahel et celles de ses bailleurs de fonds. Reste à savoir si les décisions prises seront concrétisées sur le terrain en attendant la réunion prévue dans six mois et qui devrait faire le bilan des actions mises en œuvre.
 


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