Algérie

Après la visite de solidarité réussie de l’opposition: In Salah, le deuxième souffle



Après la visite de solidarité réussie de l’opposition:  In Salah, le deuxième souffle




Le mouvement anti-gaz de schiste prend un second souffle à In Salah. La visite, ce dimanche, d’une délégation de la Coordination nationale des libertés et de la transition démocratique (CNLTD) a provoqué un déclic.

Désormais, et de l’aveu de la population locale, l’isolement d’In Salah est totalement rompu. La cause anti-gaz de schiste est devenue une affaire nationale et non plus celle d’une région de l’Algérie.

Plus de deux mois et une semaine, après le début de la contestation, hier lundi, les manifestations se sont poursuivies. Une marche réunissant environ deux mille personnes a été improvisée dans la ville, selon des sources locales.

Un rassemblement devant le siège de la daïra, baptisé place de la Résistance, a été également tenu.

Des tentes sont toujours installées sur place et la population est décidée à ne pas abandonner son combat écologique.

Plusieurs sources locales précisent également que les informations selon lesquelles l’armée aurait donné un ultimatum aux manifestant de la «Place Somoud», pour lever le camp, sont fausses. Ce sont des rumeurs visant à déstabiliser l’élan du mouvement pacifique citoyen, soulignent-elles.

Mais le fait le plus marquant est l’écho et la sympathie qu’a eus la visite de solidarité de l’opposition. De toutes les visites parlementaires, de partis du pouvoir et autres émissaires officiels, c’est pour la première fois que les citoyens d’In Salah parlent d’un rapport de confiance.

Abdellah Benaïche, enseignant et membre du comité d’accueil de la délégation de la CNLTD, affirme qu’il n’y a eu aucune crainte quant à une récupération politique. Bien au contraire, il insiste qu’un tel geste ne peut être animé que par de bonnes intentions.

Soufiane Djilali, qui a conduit ladite délégation, a aussi parlé d’un enthousiasme impressionnant de la population, qu’il faut mettre sur le registre des acquis pour la cause et non pas sur celui d’un parti politique ou une personnalité. C’est un grand pas qui vient d’être franchi.

Mehdi Mehenni



Soufiane Djilali, chef de la délégation de la CNLTD, en visite à In Salah: «C’est un succès pour la cause anti-gaz de schiste»

- Le Soir d’Algérie: Quelle était votre première impression en arrivant à la place de la Résistance?

Soufiane Djilali: Nous étions impressionnés par le nombre de manifestants. Ils attendaient vraiment une telle visite. C’était un grand geste de solidarité pour eux, loin de tout sentiment de crainte quant à une récupération politique de leur combat.

Ils attendaient un tel geste pour rompre l’isolement d’In Salah et montrer l’attachement à l’unité nationale. Ils voulaient d’une telle action pour donner de l’ampleur à leur cause et à leur combat contre l’exploration du gaz de schiste.

- A votre avis, comment ont-ils vraiment ressenti ce geste?

Ils étaient très contents. La preuve, sans eux, nous ne serions jamais arrivés à In Salah. Lorsqu’ils ont su que nous étions bloqués et interdits de passage, à 70 km de la ville, au niveau d’un barrage de la Gendarmerie nationale, ils ont constitué un convoi d’une centaine de voitures pour venir nous chercher. Ils étaient aussi rassurés, car ils savaient qu’il n’y avait aucune récupération politique derrière notre visite.

La confiance et l’enthousiasme très sincère que nous avons ressentis chez la population, nous ne les considérons pas comme un acquis pour un parti politique ou une personnalité. C’est plutôt un succès pour la cause anti-gaz de schiste.

- N’est-ce pas un grand pas qu’un tel rapport de confiance puisse s’établir entre l’opposition et les citoyens?

C’est énorme et c’est tellement important que ça devient inquiétant. Lorsque la population commence à faire confiance, il faut redoubler d’effort et faire très attention pour ne pas la décevoir. Car au final, c’est la population d’In Salah qui est sur le terrain depuis plusieurs mois. Et elle est là, non pas pour le gain ou autres privilèges. Elle est là pour préserver sa vie et son environnement. Et c’est pour cela que nous devons la saluer pour la grande leçon qu’elle nous donne aujourd’hui. Quant à nous, nous n’avons fait que sept heures de route, malgré toutes les difficultés que nous avons rencontrées sur le chemin, mais cela reste minime par rapport au combat que mène la population d’In Salah.

Propos recueillis par M. M.





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