Algérie

Après la visite de Nicolas Sarkozy au Maroc



Paris n?a pas pu vendre les Rafale Le nouveau président français a consacré sa première visite d?Etat au Maroc. Une visite de trois jours pour un homme présenté comme « pressé » et à « l?agenda chargé ». Nicolas Sarkozy a déjà oublié le refus de Rabat de l?accueillir en juillet dernier à cause de son choix de débarquer à Alger, comme première halte au Maghreb. « C?est un pays qui lui est très cher », a dit à la presse David Martinon, porte-parole de l?Elysée. « Le fait que le Roi ait décidé de donner la solennité de la visite d?Etat à cette première visite est un signe d?amitié très fort en direction de la France et des Français », a-t-il ajouté. La susceptibilité royale a été bien entretenue et le chef de l?Etat français est venu pour conclure 3 milliards d?euros de contrats et proposer, selon ses termes, « un partenariat sans arrogance ». Normal, 60% de l?investissement étranger au Maroc est français. La France est à la fois premier fournisseur, premier client et premier créancier public du Maroc. Il y aura donc du travail pour Alstom qui va réaliser et exploiter le premier TGV en Afrique (hors Europe, le TGV n?a été exporté qu?en Corée du sud), la ligne Tanger-Casablanca, et va livrer 20 locomotives électrique Prima. Un gros marché de 2 milliards d?euros, auquel s?ajoute celui de l?équipement de la future centrale électrique de Aïn Beni Mathar. Là où Sarkozy passe, Alstrom décroche un marché. La diplomatie économique fonctionne à pleines turbines. Le journal marocain Libération observe que le président français visite le Maroc en « super VRP, accompagné de patrons du CAC 40 (indice boursier, ndlr) ». La délégation présidentielle est surtout composée d?hommes d?affaires (au nombre de 70). Sur ce plan, Sarkozy marche sur les pas de son prédécesseur Jacques Chirac. « Un certain nombre de contrats seront signés, nous l?espérons, Incha Allah ! », a lancé David Martinon, comme pour prévenir le principal ratage de la visite de Sarkozy au Royaume chérifien, l?échec de vendre des chasseurs bombardiers Rafale. « L?entourage du président français prenait acte du choix par les Marocains du F16 américain », a relevé l?agence britannique Reuters. La même agence a rapporté des propos d?un proche conseiller de l?Elysée : « on ne peut pas penser que la France a droit à tous les contrats parce qu?il y a eu le protectorat. Il n?y a pas de chasse gardée, il faut l?accepter, et on l?accepte. On est dans un monde concurrentiel. » Le roi Mohammed VI avait laissé entendre, lors d?une visite à Paris en 2006, de la volonté de son pays d?acheter des Rafale, fabriqués par le groupe Dassault Aviation. Le quotidien Le figaro, qui appartient au même groupe, a révélé, hier, que la direction générale de l?armement a commis une erreur en voulant faire entrer dans le contrat deux frégates et des hélicoptères. Le journal a ajouté que Paris n?a pas répondu à la demande de Rabat de financer le marché sous forme de crédits (un Rafale coûte à l?unité 50 millions d?euros). « Entre-temps, les Marocains ont écouté les propositions américaines, si bien qu?à l?automne, l?affaire paraît entendue : le Maroc achèterait des F16 à Lockheed et recevra en plus, une aide au développement de 700 millions de dollars », a rapporté Le Figaro. Le quotidien Le Monde n?a pas mâché ses mots : « fiasco industriel et politique. » « L?histoire de l?échec de l?avion français sur un marché qui lui était a priori acquis pourrait faire figure de cas d?école pour illustrer un dysfonctionnement d?Etat », a relevé le journal. Dans l?affaire, l?Etat s?est substitué au constructeur pour négocier le contrat. D?où le fiasco. « Il existe des domaines qui sont aux confins des champs industriel, stratégique, politique et militaire. Il faut prendre des décisions politiques et militaires très vite, et il faut des arbitrages urgents », a expliqué un haut fonctionnaire de l?Elysée, repris par l?AFP. Leçon retenue ? Le même responsable a annoncé la mise en place « d?une cellule opérationnelle pour les ventes d?armes ». Jugé trop cher, le Rafale, appareil sophistiqué concurrencé par l?européen Eurofighter Typhoon et les américains F16 et F35, est invendable sur le marché mondial. L?Arabie saoudite, Singapour et les Pays-Bas ont refusé de l?acheter, alors que la Libye hésite. Consolation, Paris fournira au Maroc une frégate de type Fremm contre 500 millions d?euros, participera à la modernisation de 25 hélicoptères Puma et vendra un système de surveillance des frontières. La conclusion par l?Algérie avec la Russie d?un gros contrat d?achat d?armement de 15 milliards de dollars a incité le Maroc à vouloir en faire de même avec ses partenaires stratégiques. Dans l?affaire, les Etats-Unis en sortent gagnants, pour l?instant. Sur un autre chapitre, Areva, groupe énergétique, oublie ses soucis au Niger, où il est soupçonné par les autorités de Niamey d?alimenter la rébellion Touareg au nord, et décroche un accord important avec l?Office chérifien des phosphates (OCP). Selon le service presse d?Areva, l?accord porte sur le développement et la recherche dans le domaine de l?uranium naturel. En d?autres termes, extraction de l?uranium contenu dans l?acide phosphorique, fabriqué à partir des minerais de phosphates. Selon l?Agence internationale de l?énergie atomique (AIEA), les ressources d?uranium en sous-produit des gisements de phosphates du Maroc sont estimées à 6 millions de tonnes, « soit deux fois plus que les ressources mondiales connues des gisements d?uranium », précise Areva. L?entourage du président français a fait circuler hier une information sur la signature prochaine « d?un accord-cadre » de coopération en matière de nucléaire civil. « L?énergie du futur n?a pas vocation à être la possession exclusive des pays les plus développés, dès lors que les conventions internationales sont partout respectées », a déclaré M. Sarkozy devant les députés à Rabat. Lors d?une précédente visite au Maroc, le président russe Vladmir Poutine avait promis d?aider Rabat à se doter d?une centrale nucléaire destinée à des fins pacifiques. Rabat est déjà lié avec Washington par un accord de coopération scientifique en matière de nucléaire civil. Le même type d?accord a été établi en juin dernier avec Alger, dans le cadre du système américain de « Sister laboratory ».


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