Au lendemain de l'annonce de la mort de Ben Laden, après une opération
commando qui n'a duré que 40 minutes contre sa résidence à Abbottabad,
beaucoup de questionnements sur les zones d'ombre de cette opération, mais
également les conséquences directes sur la nouvelle menace née de la
disparition du chef d'Al-Qaïda. Les experts et
militaires américains et européens estiment déjà qu'il faut s'attendre à une
radicalisation des groupes d'Al-Qaïda dans le monde, notamment
au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Même dans le cas de coups d'éclat pour
venger la mort de Ben laden.
Selon Houdayfa
Azzam, un ancien compagnon d'Oussama
Ben Laden, ce dernier ne contrôlait plus le réseau Al-Qaïda,
désormais dirigé par Ayman al-Zawahiri
qui devrait durcir encore plus la ligne d'Al-Qaïda. «Les
Américains ont tué Oussama Ben Laden, donnant un
prétexte idéal à Ayman al-Zawahiri,
un homme encore plus extrémiste, de mener des opérations de vengeance», a
déclaré Houdayfa, 41 ans, fils de Abdallah Azzam, maître à penser de Ben Laden. Ancien compagnon de
Ben Laden, Houdayfa affirme que Ben Laden ne
contrôlait plus depuis plusieurs années Al-Qaïda, «tombé
dans la main de fer de l'Egyptien Zawahiri». «Le fils
de Ben Laden, Omar, me l'a dit lui-même, lorsqu'il a décidé de revenir dans son
pays, l'Arabie Saoudite. Il m'a expliqué que sa décision a été motivée par le
fait que son père perdait le contrôle d'Al-Qaïda», a
ajouté ce Jordanien d'origine palestinienne. «Je m'attends à une recrudescence
des opérations contre l'Occident et surtout le Pakistan car Al-Qaïda
est convaincu que c'est le Pakistan qui a tué Ben Laden».
En fait, c'est toute la communauté
internationale, et le Pakistan en particulier, qui était mardi sur le qui-vive,
craignant des représailles de cellules d'Al-Qaïda
après l'élimination d'Oussama Ben Laden, alors que le
Pakistan se défendait des accusations de double jeu. Les avertissements sur de
possibles représailles se sont multipliés et plusieurs pays ont renforcé leurs
mesures de sécurité. Les Etats-Unis ont émis un bulletin d'alerte à leurs
forces de l'ordre, tandis que l'ambassade et les consulats américains au
Pakistan ont été fermés au public mardi «jusqu'à nouvel ordre». Le directeur de
la CIA, Leon Panetta, qui a piloté
l'opération d'élimination, avait averti lundi qu'il était «presque certain» que
les partisans de Ben Laden allaient chercher à le venger et le département
d'Etat a appelé les ressortissants américains à la prudence à l'étranger. La
ministre américaine de la
Sécurité intérieure, Janet Napolitano,
a néanmoins précisé qu'aucune menace imminente d'attentat ne planait sur les
Etats-Unis et que le pays ne relevait pas son niveau d'alerte. Pourtant, juste
après l'annonce de la mort de Ben laden, les talibans
pakistanais alliés à Al-Qaïda, qui mènent une
campagne d'attentats sanglante dans le pays depuis plus de trois ans, ont juré
de le venger, et la sécurité a été considérablement renforcée dès lundi à
Islamabad, comme dans les zones sensibles de plusieurs villes.
Quant au chef de la diplomatie
malienne Soumeylou Boubeye Maïga, il estime que la mort d'Oussama
Ben Laden entraîne un «risque d'une fuite en avant» et d'«autoradicalisation»
d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi),
dans un entretien paru mardi dans Le Monde. «D'un côté, Aqmi
se voit privée de sa principale source d'inspiration idéologique et
opérationnelle, de l'autre, l'événement accroît à court terme le risque d'une
fuite en avant», a déclaré M. Maïga au quotidien
français, qui l'interrogeait sur les conséquences au Sahel de l'élimination du
chef d'Al-Qaïda.
Le Pakistan sur la sellette
Pour autant, les événements qui ont précédé et suivi la disparition de
Ben Laden, et, surtout, le lieu de sa ‘'résidence'', mettent le Pakistan sur la
sellette. L'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis a annoncé lundi qu'Islamabad
lancerait une «enquête complète» sur les ratés de ses services de renseignement
dans leur traque d'Oussama Ben Laden. «Il est évident
que Ben Laden disposait d'un réseau de soutien. Toute la question est de savoir
si ce réseau se trouvait au sein du gouvernement, de l'Etat pakistanais ou de
la société pakistanaise», a expliqué Hussain Haqqani sur la chaîne CNN. Bien plus, les Américains
soupçonnent le Pakistan, allié fidèle de Washington dans la région dans la
lutte contre le terrorisme, de double jeu alors même qu'il doit gérer une
opinion publique antiaméricaine. Des accusations renforcées par le fait que Ben
Laden a finalement été localisé, après des mois de traque, à Abbottabad, une ville de garnison à 80 km à peine d'Islamabad et
abritant de surcroît une des plus célèbres académies militaires pakistanaises.
Le principal conseiller
antiterroriste du président Barack Obama, John Brennan, n'a pas
mâché ses mots: «Je pense qu'il est inconcevable que Ben Laden n'ait pas
bénéficié d'un système de soutien dans le pays qui lui a permis de rester là
pendant longtemps». Une partie des services secrets pakistanais (ISI) a
toujours été soupçonnée de soutenir les talibans, alliés d'Al-Qaïda.
Le président pakistanais Asif Ali Zardari
a rejeté ces accusations dans une tribune publiée par le quotidien américain
Washington Post, affirmant que «l'élimination» de Ben Laden était le résultat
«d'une décennie de coopération et de partenariat entre les Etats-Unis et le
Pakistan».
Plus de vingt-quatre heures après
la mort de «Geronimo», le nom de code d'Oussama Ben
Laden lors de l'opération des Navy Seals, forces spéciales de la Marine américaine, les
détails sur l'opération de 40 minutes, ainsi que sur la traque conduisant à sa
localisation, sont distillés au compte-gouttes par les responsables américains.
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Posté Le : 04/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yazid Alilat
Source : www.lequotidien-oran.com