Algérie

APRÈS LA MORT D'UN CHEF REBELLE EN SYRIE



APRÈS LA MORT D'UN CHEF REBELLE EN SYRIE
Avec la mort d'un puissant chef rebelle syrien, farouche opposant à la fois du groupe Etat islamique (EI) et du régime, les jihadistes perdent un ennemi de taille et les négociations de paix prévues par l'ONU sont menacées, estiment des experts.Zahrane Allouche, à la tête de la puissante milice islamiste Jaich al-Islam, plus important groupe rebelle de la région de Damas soutenu par l'Arabie saoudite, a été tué vendredi dans des raids aériens revendiqués par les forces du président Bachar al-Assad.Zahrane Allouche, à la tête de la puissante milice islamiste Jaich al-Islam, plus important groupe rebelle de la région de Damas soutenu par l'Arabie saoudite, a été tué veendredi dans des raids aériens revendiqués par les forces du président Bachar al-Assad.Dans son bastion de la Ghouta orientale, à l'est de Damas, Jaich al-Islam combattait les forces du régime, mais aussi l'EI. En juillet,legroupe avait exécuté 18 membres de ce groupe.La mort d'Allouche «pourrait temporairement aider le régime», estime Karim Bitar, de l'Institut français de relations internationales puisqu'elle «renforce la dichotomie binaire Assad contre Daesh» (acronyme de l'EI en arabe). Sur la scène internationale, le régime se présente en effet comme le dernier rempart contre les mouvements jihadistes qui se sont développés dans le pays, tirant profit de la guerre civile.Les autorités syriennes qualifient ainsi de «terroristes» tous les groupes qui ont pris les armes contre le régime, ne faisant aucune différence entre les rebelles soutenus par les Etat-Unis ou les jihadistes de l'EI ou du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaà'da.Coup dur pour les négociationsAllouche «occupait un espace entre les extrémistes et l'Armée syrienne libre, et c'était important pour bloquer le développement de l'EI sur le court terme, et unifier les rebelles face au régime, sur le long terme», confirme Andrew Tabler, expert sur la Syrie au Washington Institute for Near East Policy.Pour les experts, la disparition d'Allouche pourrait également porter un coup dur aux pourparlers que l'ONU souhaite organiser dès le 25 janvier pour tenter de mettre fin au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 et qui a fait plus de 250 000 morts.Jaich al-Islam était en effet l'un des rares groupes islamistes avec Ahrar al-Cham, une autre puissante milice proche d'Al-Qaà'da, à avoir assisté le 10 décembre à Ryad à une réunion des principaux mouvements de l'opposition.Les participants à cette rencontre avaient annoncé leur accord pour des négociations, et devaient commencer à mettre sur pied une délégation les représentant. Dans un communiqué samedi, le médiateur de l'ONU Staffan de Mistura a dit espérer que «le spectre le plus large possible» de l'opposition sera représenté durant ce processus, soulignant qu'«il ne fallait pas laisser les développements sur le terrain le faire dérailler».Les négociations opposition-régime sont un des points prévus par une feuille de route adoptée le 19 décembre par les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour trouver une solution politique au conflit. Cette résolution inédite prévoit également un cessez-le-feu, un gouvernement de transition et des élections dans les 18 mois.«Allié dans la lutte antiterroriste»Pour M. Tabler, la mort d'Allouche «peut sérieusement décourager les groupes islamistes à poursuivre les négociations».La disparition d'Allouche «est un coup sévère pour le processus de Ryad», confirme M. Bitar. «Ces deux dernières années, les Saoudiens soutenaient Allouche et tentait de le présenter comme une alternative», explique l'expert, estimant qu'«il faudra du temps à Jaich al-Islam pour se remettre de ce coup, et pour qu'une direction alternative se mette en place».Fils d'un prêcheur salafiste, Allouche avait été arrêté par le régime en 2009 et libéré en juin 2011 lors d'une amnistie générale, trois mois après le début du conflit. Il avait échappé à plusieurs tentatives d'assassinat.Il avait adouci son discours sectaire très anti-alaouite (confession du président), adoptant une rhétorique plus modérée et nationaliste.«Allouche voulait renvoyer l'image de quelqu'un de centriste, de responsable, un allié dans la lutte antiterroriste», affirme l'expert Aron Lund sur le site spécialisé Syria Comment. «Quelqu'un que l'on voudrait voir dans une coalition gouvernementale».Dans la Ghouta orientale, la disparition d'Allouche pourrait par ailleurs laisser le champ libre à des mouvements dont l'idéologie est plus extrême, comme Ahram al-Cham, estime de son côté l'analyste Aymenn al-Tamimi.




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