Algérie

APRÈS LA MISE HORS SERVICE DE DEUX SIMULATEURS DU CPMC La détresse des cancéreux


Pour subir une séance de radiothérapie au centre Pierre-et-Marie-Curie du CHU Mustapha-Pacha d'Alger, il faut attendre mai 2012. C'est que les malades demandeurs d'une telle prestation étaient déjà renvoyés à des dates éloignées et, plus grave encore, les deux simulateurs dont dispose la structure appareils utilisés pour repérer les endroits à traiter chez les cancéreux, afin justement d'admettre de nouveaux malades , sont hors de service depuis le 6 octobre dernier. Hier au service de radiothérapie, c'était plutôt le «va mourir loin de moi !»…
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - 11 h à peine passées, des ouvriers s'affairaient dans la salle mitoyenne du bureau d'enregistrement du service de radiothérapie. Une partie du service est encore en chantier, depuis le début de l'été dernier. Dans l'autre partie rénovée, où l'on reçoit les malades, une affiche signée par le professeur M'Hammed Afiane, chef du service, saute aux yeux. Partout où on tourne la tête c'est à l'intention du personnel médical , on peut lire : «Note de service : Le service de radiothérapie est saturé. Les rendez-vous sont très éloignés (plus de six mois) et tout rendezvous rapproché ne peut se faire qu'au détriment d'un autre patient, ce qui serait injuste et, donc, inacceptable». A l'intérieur du service comme à l'extérieur d'ailleurs où il est configuré une deuxième salle d'attente, les malades prennent leur mal en patience. Ce n'est pas le rush, mais certains malades, fatigués d'une longue attente, sont allongés à même les bancs. «Je suis venue aujourd'hui et on m'a donné rendez-vous pour cet après-midi», indique une malade à qui nous avons demandé quand elle avait pris rendez-vous. - Comme ça, personne n'est intervenu pour vous aider, pas de piston ' - «Non, pourvu que votre médecin vous envoie ici et vous écrive un bout de papier et ils vous admettent», réplique-t-elle. Ce n'est surtout pas le cas, une fois au bureau d'enregistrement. «Ils sont dépourvus de tout humanisme !», peste un sexagénaire qui tenait le dossier de son épouse «hémorragique » à la main et attendait une «réponse». «Je l'ai laissée dans l'automobile, au parking avec les enfants car elle ne peut rester assise pendant longtemps. Elle est cancéreuse et souffre d'une hémorragie depuis jeudi déjà. Comme ils ne travaillent pas le week-end, je devais l'emmener aujourd'hui. Mais, comme ça, elle va mourir», pleure-t-il.
Des pannes récurrentes et des soins ajournés
Le chef du service, le professeur Afiane, étant absent pour cause de congrès en France, c'est le surveillant médical chef, M. Lemouchi, qui nous a rejoint. Il a avancé que les deux simulateurs dont dispose le service, devenus «vétustes», ont été mis hors de service depuis jeudi 6 octobre et que les deux appareils neufs devant les remplacer vont être installés «au plus tard» le 2 novembre prochain, soit dans trois semaines. La reprise par les journaux de la mise hors de service des deux appareils l'avait en tout cas marqué. «C'est parce que Mustapha-Pacha reçoit des malades de toute les régions du pays, de l'Est, de l'Ouest, du Grand Sud en plus de ceux du Centre qu'à chaque fois qu'une machine tombe en panne, on en fait un scandale», dit-il en nous montrant un journal. Il reçoit ainsi un coup de fil. Le DG du CHU lui a demandé de lui fournir le nombre des malades traités dans le service durant les mois d'août et juillet derniers. Respectivement, 2 537 et 2 657, soit une moyenne d'environ une centaine de malades par jour. Et d'enchaîner : «Le service de radiothérapie du CHU de Constantine qui est à l'arrêt depuis longtemps déjà et personne n'en parle.» La préposée au bureau d'enregistrement tape maintenant à la porte et l'interrompt : «Venez voir avec ce monsieur. Apparemment, il y aura beaucoup de bagarre aujourd'hui. Je ne sais quoi lui dire.» Il la fait patienter un petit moment. Le temps de signer le bon de livraison pour le technicien dépêché par MSA pour réparer une panne affectant un autre appareil. Et comment vous allez faire pour les cas graves ' «Ils sont admis au service des urgences, sinon pour les gens du Centre, nous essaierons de les réorienter à Blida. Pour les autres, allez le demander à l'Etat. Nous, nous prodiguons des soins dans la mesure de nos moyens», répond-il. A la salle d'attente, puisque l'arrêt des simulateurs n'implique pas la suspension de tous les soins mais seulement l'admission de nouveaux malades qui devront attendre le mois de mai 2012, les malades échangeaient des «amabilités». «Des pistonnés sont passés avant les gens qui sont venus tôt le matin, en premier», dénonce un jeune cancéreux qui indique que les pannes sont récurrentes pour tous les appareils du service et à chaque fois, les séances de soins sont ajournées. Des séances qu'on ne récupère même pas, selon une dame accompagnant son époux. «On ne sait si le problème réside dans les appareils ou le personnel médical et pourquoi on nous fait attendre pendant des heures pour des soins de quelques minutes», s'interroge-t-il. Notons, enfin, qu'il n'existe que cinq services de radiothérapie, répartis sur les quatre coins du pays : Alger, Blida, Constantine, Oran et Ouargla. Des structures où doivent se soigner des dizaines de milliers de malades.
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