Algérie

Après la chute de ses actions: Orascom sème la panique à la Bourse du Caire



Les indices boursiers sont tombés à leur plus bas niveau en un mois. Les actions d'Orascom Telecom Holding (OTH, maison mère de la marque Djezzy) ont perdu 3,56% de leurs valeurs lors des transactions enregistrées, hier à la Bourse du Caire.

Automatiquement, les milieux financiers cairotes ont attribué-cette situation à l'intention algérienne de «nationaliser» Djezzy «exprimée par le Premier ministre algérien». Il y a eu un petit vent de panique hier à la Bourse du Caire. Les actions d'Orascom y ont été payées sur ce marché à leur niveau le plus bas. Hier, Orascom Telecom Holding (OTH) a en effet perdu entre 3,4 et 3,56% de sa valeur lors des transactions enregistrées, mais sans que cela ne soit vraiment une surprise car les opérateurs suivent les péripéties du groupe de l'homme d'affaires égyptien Sawiris, depuis qu'il a annoncé son rapprochement avec le russo-norvégien Vimpelcom.

 Tout de suite quelques milieux d'affaires «libéraux» ont souligné que cette chute est liée à l'intention algérienne de «nationaliser» la filiale algérienne d'OTH, à savoir Orascom Télécom Algérie (OTA) et sa marque Djezzy, cette fameuse poule aux Å“ufs d'or. En réalité, pour le moment, ce jeu de yo-yo de l'action OTH n'est que le fruit des spéculateurs en bourse. Ils vivent de cela et on peut les comprendre. Mais, les commentaires du public égyptien suscités par cette dégringolade boursière montrent à l'évidence qu'il y a une ignorance quasi totale de la situation de Djezzy et des appétits qu'elle provoque. Lors de son intervention devant les députés, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a, entre autres, présenté un tableau complet de la situation de Djezzy. Cette fiche synoptique est exceptionnellement claire.

 Le groupe Orascom Telecom Holding (OTH) a une dette fiscale vis-à-vis de l'Etat algérien de l'ordre de «17 milliards DA». La société Djezzy a une dette contractée auprès de plusieurs parties en Algérie dont l'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT). Elle n'a pas également réglé la situation des travailleurs de la société de téléphonie fixe dissoute «Lacom», dont les salaires n'ont pas encore été versés. Djezzy doit aussi répondre devant la justice suite à une plainte déposée par la Banque d'Algérie, pour fraude dans le transfert et la législation des changes pour 190 millions de dollars. Et puis, si Djezzy change de propriétaire elle doit payer 20% de la plus value à l'Algérie au moment de la vente, conformément à la législation algérienne.

Droit de préemption et pas nationalisation

C'est la situation de l'opérateur égyptien en Algérie. Elle est désormais portée officiellement à la connaissance de tout un chacun. Le Premier ministre a tenu à préciser que «dans l'attente de l'acquisition par l'Algérie de la société Djezzy, les intérêts économiques du pays demeurent préservés, le propriétaire de la société étant interdit depuis deux ans d'effectuer des transferts, car n'ayant pas assaini sa situation vis-à-vis des impôts et en raison des accusations portées contre lui pour violation de la législation des changes». L'intervention du Premier ministre devant les députés sur le dossier Djezzy confirme clairement deux points : l'Algérie ne veut négocier le rachat d'OTA qu'avec OTH, et non pas le groupe Vimplecom, ensuite que ce dossier est loin de trouver un épilogue au moins avant la fin de l'année.

 Naturellement, il ne s'agit pas d'un processus de nationalisation comme le perçoivent de manière mal intentionnée certains milieux égyptiens, ou simplement par ignorance, mais de l'exercice du droit de préemption prévu par la législation algérienne. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a saisi l'occasion de sa réponse aux questions des députés après la déclaration de politique générale pour le préciser et affirmer que le gouvernement ira au bout de l'opération de rachat. Et il ne prête pas attention aux 7,8 milliards de dollars demandés par les propriétaires, que ce soit Naguib Sawiris ou le russo-norvégien Vimpelcom. Ahmed Ouyahia, dans le style qui est le sien, a déclaré à ce sujet »les chiffres balancés concernant la valeur de cette société ne nous intéressent point». Il a annoncé que «les experts qui seront prochainement désignés seront chargés de définir la valeur de la société». «Si les deux parties ne parviennent à aucun accord, une tierce partie pourrait alors intervenir pour définir cette valeur, conformément aux normes internationales en vigueur».




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