« La médecine est un art efficace, basée sur des principes véridiques. Elle permet de protéger la santé de l'homme, de guérir les maladies autant que possible, en fonction de chaque organisme. Le but n'est pas de guérir obligatoirement, mais de pratiquer ce qu'il faut, à la mesure qu'il faut, et au moment qu'il faut. » S'il doit sa célébrité universelle à la philosophie, à travers notamment ses commentaires sur Aristote ? d'où son titre de « passeur » de l'héritage philosophique grec à l'Occident ? Abu al-Walid Muhammad Ibn Ahmad Muhammad Ibn Rushd (1126-1198), également connu sous le nom latin d'Averroès, est tout aussi célèbre pour son savoir en médecine. Science à laquelle il consacra un ouvrage volumineux : Kitab al-Kulliyat fi al-Tibb (Le Colliget) dans lequel il expose ses théories personnelles et ses critiques sur les travaux légués par ses prédécesseurs, Ibn Sina, Galien et bien d'autres précurseurs. C'est à la passion nourrie par ce grand savant andalou pour la médecine que s'intéresse, dans un essai cossu, Ibn Rushd, le médecin, récemment paru aux Editions Alpha, Mahmoud Aroua, médecin et hommes de lettres, fils du penseur et militant nationaliste, Ahmed Aroua, professeur en médecine sociale, écrivain, poète et islamologue. Auteur de nombreuses recherches sur l'histoire de la médecine arabo-musulmane (qui lui ont valu maints articles et participations à des congrès nationaux et internationaux), Mahmoud Aroua met d'emblée l'accent sur les motifs l'ayant poussé à mettre noir sur blanc cet ouvrage opportun à bien des égards. « En tant que philosophe, Ibn Rushd est reconnu pour son influence sur l'Occident médiéval alors que son rôle de médecin est souvent mésestimé », observe-t-il, non sans mettre en valeur le contexte politique et intellectuel dans lequel a évolué le philosophe musulman. Après avoir retracé, en préambule, le long cheminement des sciences en général et de la médecine en particulier depuis l'avènement de l'Islam, et énuméré quelques-unes de ses grandes figures, Ali Ibn al-Tabari, Al-Biruni, Ibn Sina, Ibn Tofayl, Ibn Hamadush al-Djazairi d'Alger et d'autres, l'auteur met l'accent, avec force détails et références historiques, sur la place que le Cadi de Cordoue occupa sous l'ère des deux grandes dynasties musulmanes du Maghreb et de l'Andalousie, al-Murabitun (Les Almoravides) et al-Muwahhidun (Les Almohades) dans la sphère scientifique. Arguments à l'appui, Mahmoud Aroua s'en va expliciter et mettre en valeur les écrits médicaux produits par le grand philosophe musulman à travers certains thèmes intéressants dans lesquels il s'est distingué, à l'instar de la définition de la médecine et ses limites, la physiologie cardiaque et respiratoire, la digestion, la théorie pneumatique, le phénomène de la douleur, les principes thérapeutiques, la pharmacologie ainsi que ses mémorables commentaires. « Par son esprit critique, il apporte une touche originale à la médecine et peut être tenu comme l'un des précurseurs de la médecine expérimentale qui inspirent les savants de la Renaissance », résume l'auteur de cet ouvrage on ne peut mieux utile dans la vulgarisation et la réappropriation des succès de la civilisation musulmane. n Amine Goutali
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Posté Le : 08/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Horizons
Source : www.horizons-dz.com