Algérie

Après l’échec de la conférence de Rabat



L’immigration clandestine, l’Afrique et le sommet de l’ONU   L’échec de la conférence de Rabat sur l’immigration et à laquelle l’Algérie a refusé de participer, montre que les pays du sud de la Méditerranée sont tous unanimes pour la mise en place d’une politique d’immigration partagée et négociée avec ces pays. L’Algérie qui a longtemps fait savoir, par le biais de son ministère des Affaires étrangères, que l’épineuse question de l’immigration illégale ne peut être traitée que dans le cadre de l’Union, africaine en concertation, bien entendu avec toutes les parties concernées, c’est-à-dire les pays d’immigration (Afrique), les pays de transit (Maghreb) et les pays de destination (Europe), a tout naturellement refusé de se joindre à une rencontre qui a brillé beaucoup plus par son côté prestige que par ses résultats concrets. De leur côté, les pays membres de l’Union africaine (UA) ont décidé, depuis le sommet de Khartoum, tenu en mars dernier, de tracer les contours d’une stratégie commune pour contrecarrer l’immigration clandestine. Le Maroc, qui a sciemment entretenu l’amalgame entre le problème de l’immigration clandestine avec la question de la décolonisation du Sahara Occidental, voulait privilégier, avec l’accord de certains pays d’Europe, notamment la France et l’Espagne, l’aspect sécuritaire au détriment d’un traitement global du phénomène. Cela explique son ralliement à la proposition européenne de créer des centres de transit, voire des centres de tri. Aujourd’hui que l’Afrique est en mesure de parler d’une seule voix sur la question de la migration clandestine, un phénomène qui touche particulièrement ce continent, il est, en effet, primordial que la prochaine session extraordinaire de l’ONU sur ce phénomène débouche sur de véritables propositions à même de satisfaire l’ensemble des intervenants. En effet, les derniers travaux de la réunion des experts africains sur la migration et le développement qui ont abouti sur une position commune devront ainsi imprégner les pays d’Afrique lors de leurs discussions avec les Etats voisins ou européens. La cinquantaine de pays africains qui ont participé à cette rencontre, a réussi, après d’âpres débats, de dégager une «démarche et une vision communes» pour l’avenir. La démarche et la vision communes seront débattues lors de la prochaine session de l’ONU, programmée pour septembre prochain. A ce sujet, tous les membres de l’Assemblée générale de l’ONU auront à débattre de la question de la migration clandestine qui est devenue un thème majeur, au même titre que la lutte internationale contre le terrorisme. Les experts africains, qui ont réussi à établir de manière très claire la relation directe entre «les passeurs et les réseaux mafieux» qui entretiennent ce phénomène, auront toute latitude d’exposer leurs points de vue individuellement lors de cette rencontre planétaire. Pour lutter efficacement contre la migration clandestine, qui touche de plein fouet les pays africains, l’UA s’est dotée de 5 sous-régions, le Maghreb, l’Est, l’Ouest, le Sud et l’Afrique du centre qui auront à cœur de contrer ce phénomène, mais aussi d’échanger les données et coordonner leurs efforts en vue d’appréhender les dangers qui peuvent surgir à tout moment. L’une des recommandations prises lors de la rencontre d’Alger, du printemps dernier, consiste à renforcer les mécanismes de lutte contre les filières du trafic des êtres humains par la mise en place des mécanismes appropriés regroupant les points focaux nationaux chargés de la migration. Les Africains ont appelé, à l’unisson, les pays européens à prendre en charge le phénomène migratoire dans sa globalité qui privilégie les «solutions fondées sur l’aide au développement» à la place de tout autre cadre ou toute solution qui ne peut être «qu’éphémère et contre-productive». La rencontre de Rabat, qui a tenté de traiter le même sujet avec les pays européens de la Méditerranée, n’a pas réussi à établir de façon claire et définitive les raisons qui ont amené ces filières clandestines à agir au vu et au su de tout le monde. Les récentes mesures prises par certains pays européens de surveiller les couloirs d’où partent les embarcations à destination de l’Europe ne sont, en réalité, que des demi-mesures sans incidence particulière sur la prolifération des réseaux de trafiquants d’êtres humains.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)