Une soixantaine de footballeurs professionnels, de diverses nationalités, ont adressé une lettre à l’UEFA pour «protester contre la décision (de l’UEFA) de confier à Israël l’organisation de l’Euro-2013 des moins de 21 ans».
C’est la première fois dans la longue histoire du football que des joueurs de renom, à l’instar de Didier Drogba (Côte d’Ivoire), Eden Hazad (Belgique), Jeremy Menez, Abou Diaby, Johan Cabaye, Steve Mandanda (tous internationaux français), Ryad Boudebouz, Hilal Soudani, Hassan Yebda (internationaux algériens) ainsi que d’autres joueurs africains (Frédéric Kanouté, Demba, Pape Cisse…), prennent officiellement position sur cette question.
L’UEFA et la FIFA vont être gênées par cette prise de position. Les deux instances, continentale et internationale du football, n’ont, il faut le dire, que trop fermer les yeux devant les agissements de l’Etat sioniste d’Israël. La première a, pour des considérations liées à la «sécurité d’Israël», autorisé les clubs de ce pays à prendre part aux compétitions inter-clubs organisées sous son égide. La FIFA lui a emboîté le pas sur le même sujet en versant Israël dans les poules européennes. Pendant ce temps, et sous les yeux de l’UEFA et de la FIFA, les Israéliens empêchent les internationaux palestiniens vivant dans la bande de Ghaza de quitter le territoire pour aller effectuer des stages et jouer des matches officiels à l’étranger.
L’équipe nationale de Palestine a terriblement souffert de ces interdits de sortie du territoire lors des deux dernières éditions des éliminatoires de la Coupe du monde. L’ancien coach des Forsanes (surnom de l’équipe de Palestine), l’Algérien Moussa Bezzaz, et son collaborateur, Noureddine Ould Ali, ont eu toutes les peines du monde pour disposer de leur effectif, parce qu’Israël a empêché leurs capés de rejoindre la sélection à Amman, en Jordanie, où elle organisait son camp d’entraînement avant d’entamer les rencontres officielles. Pourtant, il s’agissait de rencontres comptant pour les éliminatoires des Coupes du monde 2006 et 2010. Malgré cela, la FIFA et son président, Joseph Sepp Blatter, n’ont pas bougé le petit doigt pour permettre aux footballeurs résidant à Ghaza de rejoindre leurs coéquipiers à l’étranger. La FIFA dispose, pourtant, d’une arme convaincante pour «contraindre» Israël à ne plus empêcher les joueurs ghazaouis à quitter le territoire lorsque le sélectionneur des Forsanes leur fait appel.
C’est-à-dire interdire à Israël de participer aux compétitions de la FIFA tant que l’Etat sioniste persiste dans sa politique honnie par des footballeurs qui ont décidé de ne plus se taire. Les Palestiniens n’ont que faire des visites de Michel Platini et Joseph Sepp Blatter à Ghaza et de leur «cadeau», pose d’une pelouse en tartan sur un terrain que l’armée israélienne a bombardé à maintes reprises, tuant de nombreux jeunes athlètes qui couraient après le cuir sur le rectangle vert lorsque les avions du Tsahal ont surgi et largué des bombes.
Le cri de cœur de la soixantaine de footballeurs professionnels est un premier pas. Frédéric Kanouté, Didier Drogba et les autres signataires de cette lettre adressée à l’UEFA marquent le réveil de conscience dans la sphère du ballon rond. Sensibiliser les footballeurs, les dirigeants, les fans du ballon rond sur la dramatique situation que vivent les Palestiniens et plus particulièrement les Ghazaouis peut provoquer des changements que tout un chacun appelle de ses vœux.
Si Israël, la FIFA et l’UEFA restent sourds à ce premier message, il faudra, peut-être, recourir au boycott des équipes israéliennes en coupes européennes et de la sélection de ce pays dans les compétitions organisées sous l’égide de la FIFA. Le boycott sportif vis-à-vis de l’apartheid en Afrique du Sud a bien contribué à l’abandon de cette politique et au retour des sportifs sud-africains dans le concert du sport africain et mondial.
Yazid Ouahib
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Posté Le : 02/12/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Yazid Ouahib
Source : El Watan.com du dimanche 2 décembre 2012