Algérie

APRÈS DES DECENNIES DE RETARD Alger se dote d'un métro



Abdelaziz Bouteflika a inauguré officiellement, hier, le «mythique» métro d'Alger, du moins un tronçon de ce mégaprojet et dont les travaux avaient été lancés en 1982 sous Chadli Bendjedid. 9,5 km de trajet effectif que les Algérois peuvent exploiter à partir d'aujourd'hui, mardi 1er novembre.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Dans un premier temps, le métro d'Alger reliera le quartier Hay El Badr (les Fusillés) à la Grande-Poste, au cœur de la capitale. Son exploitation, confiée à l'entreprise française RATP, obéira aux normes européennes. Ses capacités sont impressionnantes : 20 000 voyageurs par heure, et il sera opérationnel 7 jours sur 7, de 5h à 23h. Progressivement, d'autres tronçons de ce même métro, en cours de réalisation, seront livrés pour atteindre 40 km à l'horizon 2020. Avec des jonctions nombreuses avec des stations de tramway, ce nouveau moyen de transport permettra, à terme, d'absorber la très forte pression de la circulation automobile qui étouffe la capitale. Un joyau technologique sans conteste mais que fut difficile l'accouchement ! Des décennies de retard, des désagréments occasionnés à de nombreux quartiers d'Alger, des sommes colossales investies et, pour couronner le tout, un gigantesque scandale de corruption. Juste après l'éclatement du scandale Sonatrach en décembre 2009, les services du DRS mirent au jour une autre affaire de corruption impliquant cette fois, en février 2010, l'ancien DG du métro d'Alger. Avant les deux, c'était l'autoroute Est-Ouest qui scandalisait les Algériens par ces grosses affaires de corruption à répétition, ternissant ostensiblement le deuxième et le début du troisième mandat de Abdelaziz Bouteflika. L'homme en sera tellement dépité qu'il «disparaîtra» pendant plusieurs mois, ne réapparaissant qu'en deux occasions : la première pour recevoir Zidane et la seconde pour opérer un profond remaniement gouvernemental, fin mai 2010. Bouteflika, qui avait relancé le projet du métro d'Alger dès son accession au pouvoir en 1999, axera la campagne pour sa réélection en 2004 sur ces mégaprojets, comme le million de logements, l'autoroute Est-Ouest, l'aéroport d'Alger et le métro promis pour fin 2007. Sa colère était telle, d'ailleurs, qu'il avait sommé son ministre des Transports, Amar Tou, en des termes crus, lors des auditions ramadhanesques en août dernier. «Débrouillez-vous, mais moi je veux inaugurer ce métro le 1er novembre prochain» ! Lors d'une visite sur chantier en 2003, et au responsable du projet de l'époque qui s'élancera dans des explications savantes et hautement techniques, Bouteflika répliquera sans ménagement : «Arrêtez ! Arrêtez ! Arrêtez ! Ce métro, on le fait ou on ne le fait pas ' Si on ne le fait pas, vous me le dites et je ferme boutique ! Je n'ai pas que ça à faire, moi !» C'est d'ailleurs à partir de ce jour-là que les travaux ont été réellement relancés. C'est dire aussi que ce projet était quasiment une obsession pour Bouteflika. Un peu pour se venger de l'ère Chadli, un peu pour laisser son nom dans l'Histoire, aussi. Il était par ailleurs vital pour lui de s'offrir une tournée dans la capitale, avec «des bains de foule» et des inaugurations au moment où ses homologues dans quasiment tous les pays arabes sont, qui emportés, qui confrontés à de terrifiantes fins de règne...




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