APRÈS DES CADRES DU FLN, LE RND S'ATTAQUE à LA MINISTRE DE L'ÉDUCATION

Dans une surprenante sortie médiatique, à travers le quotidien El Khabar, le porte-parole du Rassemblement national démocratique, RND, Seddik Chihab, s'en prend à ”? la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit. Le RND rejoint ainsi le cortège des islamo-conservateurs qui, depuis quelques jours, mènent une campagne hystérique pour diaboliser une ministre dont le seul tort est d'avoir évoqué une proposition anodine et strictement pédagogique retenue par un atelier de travail de la dernière Conférence nationale sur l'éducation.Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Tout juste un prétexte pour descendre en flammes cette ministre qui, depuis sa nomination en mai 2014, fait face à un scandaleux lynchage politico-médiatique du courant islamo-conservateur qui lui aurait, de toutes les façons, inventé autre chose pour s'offrir l'occasion de l'épingler. N'a-t-on pas assisté, aux tout débuts de la nomination de la même ministre à une cabale toute aussi violente, sous de multiples prétextes ' Régulièrement, Benghebrit, mais aussi son collègue des Affaires religieuses et son ex-collègue du Commerce, Amara Benyounès, font l'objet de ce genre de campagne, orchestrées systématiquement par les mêmes cercles. Certes, l'on ne pouvait s'attendre à autre chose de la part du camp islamiste et des tenants du conservatisme qu'ont façonné les Taleb Ibrahimi, El Ghazali l'Égyptien et consorts. Ceux-là sont à la limite dans leur rèle. Le plus inquiétant en l'occurrence, c'est qu'en face, rien, mais alors aucune riposte ! Mis à part un soutien franc et courageux et clairement affiché par la porte-parole du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, deux ou trois maigres soutiens exprimés des bouts des lèvres parmi les politiques ou quelques prises de position dignes de ce nom d'intellectuels de renom comme Lamine Zaoui, tout le reste, par calcul politique étriqué ou par lâcheté intellectuelle, se soumet à une sorte de résignation nationale effrayante ! Comment expliquer sinon que quelques charlatans qui se substituent aux vrais imams agréés par l'Etat, imposent à chaque fois leur diktat idéologique à la société, à l'école, aux institutions et, plus grave encore, au pouvoir politique lui-même ' Les reculades récurrentes du gouvernement, comme ce spectaculaire lâchage de Amara Benyounès dans l'affaire de la réglementation de marché de vente des boissons alcoolisées, pour la simple raison que quelques «salafistes» enragés s'y sont opposés, sont autant d'incitations à la récidive et que «nos» nouveaux tuteurs de la moralité, ne manquent jamais comme occasion. Et s'agissant de reculade, nous en sommes déjà dans cette nouvelle «affaire Benghebrit». Selon une source sûre, «Seddik Chihab n'a, bien sûr, pas agi de son propre chef. Il n'a fait qu'exprimer une position officielle au parti et, audelà , aux hautes autorités. C'est Ahmed Ouyahia en personne, en sa qualité de secrétaire général du parti et surtout directeur de cabinet de la présidence de la République qui en a fourni les éléments de langage. Le message est très clair : le pouvoir ne veut pas ouvrir un autre front dans la perspective d'une rentrée qui s'annonce déjà difficile sur les plans politique, économique et social. Il est vrai aussi que cette question soulevée par Benghebrit n'a jamais été soumise au gouvernement. » En clair, la ministre de l'Education est définitivement lâchée. Sur cette question du moins. Il ne faut pas oublier, ajoutera notre source, «qu'auparavant, c'était le FLN qui avait exprimé une position similaire à celle du RND, sous la forme d'une interview de son chef de groupe parlementaire, Mohamed Djemai». En somme, le pouvoir offre, là , un nouveau cadeau aux islamistes, en temps de paix, et sans même livrer le moindre combat. Une autre concession qui, naturellement, en appellera d'autres. Comme d'habitude.