Algérie

Après Casablanca, Alger ébranlée par le terorisme Le palais du gouvernement cible d'un kamikaze



Alger a été violemment secouée hier par deux attentats terroristes dont l'un l'a frappée en plein coeur ébranlant le palais du gouvernement jusque dans ses fondations. Il est 10 h 50 mn en ce mercredi, une espèce de tonnerre fait trembler la capitale et nombre de ses banlieues. Une forte déflagration se fait entendre du centre d'Alger. Une fumée épaisse se dégage d'un de ses quartiers. Le palais du gouvernement vient d'être la cible d'un attentat à la voiture piégée. Un kamikaze a projeté sa voiture sur le poste de garde qui jouxte le portail de l'entrée officielle de cette institution de l'Etat, déchiquetant sur son passage policiers et agents de sécurité en faction ainsi que plusieurs autres personnes qui étaient de passage. Pour l'instant, chacun y va de sa thèse sur la marque du véhicule piégé et la quantité d'explosifs qu'il contenait. L'on dit que c'est une voiture de marque Clio et de couleur verte qui s'est avancée vers l'entrée principale du palais du gouvernement. Dès son arrivée au niveau du portail, le policier de garde s'est approché du conducteur pour lui demander où il allait et c'est à ce moment-là que tout explose. D'autres parlent d'une 206 noire, d'une Mégane blanche ou alors d'un 4x4 Daihatsu. On avance aussi l'explosion au même endroit d'un camion transportant de l'eau minérale.  En plus des voitures calcinées qui étaient dans ces endroits, l'on remarque un amas de ferraille près d'un poteau électrique. On ne saura pas pour l'instant qu'elle est la marque de la voiture qui est partie ainsi en fumée. Il serait étonnant qu'une seule voiture piégée ait pu faire autant de dégâts matériels. Le palais du gouvernement a été totalement défiguré. Une grande partie d'une de ses deux ailes a été sérieusement atteinte. Des pans entiers de ses murs ont été soufflés par l'intensité de la déflagration. Tous les bureaux ont eu leurs vitres brisées. Cette imposante bâtisse aux fondements historiques a pourtant résisté à bien des événements. Elle a été ce lieu à partir duquel la France coloniale «avait compris» l'Algérie révolutionnaire. Elle abrite depuis l'indépendance du pays, les bureaux de la chefferie du gouvernement et ceux du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales connu pour être le centre névralgique de la gestion de la lutte antiterroriste.  Une source de la protection civile fait état d'un bilan de 12 personnes tuées et de 135 blessés. Ajoutés aux victimes de l'attentat de Bab Ezzouar qui a été perpétré hier quelques minutes plus tard après celui du palais du gouvernement, on dénombre selon cette même source, 24 morts et 222 blessés.  Le dernier bilan provisoire du ministère de l'intérieur, arrêté en début de soirée, indiquait que 57 blessés étaient encore hospitalisés, les autres ayant rejoint leurs domiciles après avoir reçu les soins appropriés. Les premières victimes étaient quelques passants et des policiers en faction dont les corps ont été couverts de couverture marron avant d'être transportés vers les morgues des hôpitaux. Ali Tounsi, le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), a été l'un des premiers responsables à être arrivé sur les lieux de l'attentat kamikaze du palais du gouvernement. Il a trouvé Dahou Ould Kablia, le ministre délégué auprès du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, dont le bureau se situe dans un des étages du palais. Le chef du gouvernement est arrivé un peu plus tard suivi du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. Les deux responsables ont aussi leurs bureaux dans le palais mais il semble qu'ils avaient des engagements à l'extérieur. «Il s'agit d'un acte criminel qui relève de la pure lâcheté et de la trahison, au moment où le peuple algérien revendique la réconciliation nationale», a déclaré Abdelaziz Belkhadem à la presse. L'arrivée de plusieurs gros véhicules relevant du Haras El-Djoumhouri (garde républicaine) et la présence de quelques responsables de la DSPP (sécurité présidentielle) en fin de matinée avaient laissé courir le bruit de la venue éventuelle du chef de l'Etat sur les lieux. La rumeur s'était propagée comme une traînée de poudre mais sans suite. Il y a longtemps qu'Alger n'a pas été plongée dans cette psychose des attentats qui l'a terrifiée pendant les longues années de la décennie 90. Hier, la tristesse mêlée à la terreur se lisait sur les visages. De nombreuses personnes parlaient toutes seules et imploraient Dieu à haute voix. Les rues d'Alger étaient hier sens dessus dessous. Les services de sécurité, tous corps confondus étaient sur les nerfs. Ce sont, comme toujours, les journalistes qui recevront sur la tête.  Mais pas tous puisque ceux représentants les médias étrangers avaient le privilège d'accéder aux lieux «interdits» en toute facilité et sous l'oeil protecteur des policiers. Les représentants de la presse nationale n'avaient ainsi pas le droit de faire pareil. Ils étaient pourchassés par les services de sécurité comme des pestiférés. C'est dans des conditions très difficiles qu'ils feront leur travail contrairement à leurs confrères de la presse étrangère qui avaient même droit à des déclarations officielles à tout moment. L'on relèvera que c'est la première fois que les services de sécurité se déplacent en un temps très court sur les lieux d'un attentat. Venus en force au niveau du palais du gouvernement y compris les militaires descendus des hauteurs des Tagarins, ils ont quadrillé tout le quartier à partir de la rue du Docteur Saâdane, en remontant à un certain niveau de celle des Quatre Canons pour descendre vers le tunnel des Facultés avec à gauche l'avenue Pasteur. Barricades et cordons de sécurité ont été placés dans tous ces endroits de façon à empêcher la foule, qui accourait dans tous les sens, de s'approcher des lieux du crime. Les policiers soupçonnaient un véhicule stationné près de la direction des douanes d'être piégé. Les rues et ruelles de ces quartiers étaient jonchées de débris de verre des nombreuses vitres des édifices et habitations, qui ont volé en éclat sous l'impulsion du souffle de la déflagration. On compte parmi les grands édifices touchés, entre autres, l'hôtel El Aurassi, la bibliothèque nationale, le siège de la Sonelgaz sans compter les immeubles de leurs alentours.  Des habitants avaient déjà commencé à débarrasser leurs fenêtres et balcons des morceaux de verre. Ils nous conseillaient de ne pas trop marcher près des façades des immeubles pour éviter d'en recevoir sur la tête. Devant le palais du gouvernement, les équipes d'entretien ont été de suite dépêchées pour débarrasser les lieux des carcasses des voitures calcinées dont les pare-chocs et autres pièces métalliques ont été projetés sur les trottoirs d'en face. La force des explosifs avait fait un énorme cratère devant l'entrée du palais du gouvernement. Deux heures à peine après l'attentat suicide, des employés de commune et d'entreprises de nettoiement étaient en train de balayer soigneusement ces endroits. Le jet d'eau qui agrémentait le rond-point des Quatre Canons continuait toujours de fonctionner malgré le profond délabrement des lieux.  Le palais du gouvernement rappelait hier les mauvais jours d'un terrorisme que la mémoire collective a failli oublier. Il y a quelque temps, le chef du gouvernement avait lancé un appel implicite à la vigilance. «Il n'y a pas de dispositif sécuritaire spécial pour cette période d'élection mais il faut plus de vigilance», avait-il déclaré. Les attentats d'hier font suite à une série d'autres qui ont secoué les semaines dernières plusieurs régions de Kabylie et autres proches de la capitale. L'on note aussi que les éléments de l'ANP mènent depuis plusieurs jours une grande offensive contre les maquis des terroristes dans la région de Béjaïa. Après quelques heures des deux attentats suicide d'Alger, une voix anonyme prend attache avec la télévision El Djazira pour les revendiquer. Elle s'est présentée comme étant un porte-parole du mouvement El-Qaïda au Maghreb. Pour rappel, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a annoncé le mois de janvier dernier qu'il s'est rallié au mouvement El-Qaïda sur ordre d'Oussama Ben Laden. Il se fait appeler désormais «organisation d'El-Qaïda au pays du Maghreb».


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