Algérie

Après Budapest, l’Afrique prépare les épreuves au Maroc



Alors que les 30es championnats de natation européens débutent à Budapest, la natation africaine va organiser sa propre épreuve.

Une compétition de natation peut en cacher une autre. Un mois après les «â€¯Europe » de Budapest, s’ouvriront, au Maroc, les dixièmes championnats d’Afrique (du 13 au 19 septembre). «â€¯Sur le plan sportif, les deux compétitions n’ont pas grand-chose en commun, nous confie Mongi Chabir, directeur technique des nageurs tunisiens. Si on enlève la Tunisie et l’Afrique du Sud, le niveau de notre continent reste très moyen, bien que le Zimbabwe, le Sénégal ou l’Algérie sortent parfois aussi du lot. » La natation africaine a seulement récolté vingt médailles aux jeux Olympiques depuis son premier podium à Atlanta, en 1996 : douze avec l’Afrique du Sud, sept avec le Zimbabwe et une avec la Tunisie. Bref, trois fois rien par rapport aux moissons de l’Europe (538 médailles) et des États-Unis (489). Selon Mongi Chabir, ce décalage s’explique par un déficit de moyens. «â€¯En Afrique, il y a encore beaucoup de choses à revoir : le suivi scientifique des nageurs, les infrastructures, la budgétisation des sports… D’ailleurs, à l’origine, les prochains championnats d’Afrique devaient se dérouler au Kenya, mais ça ne s’est pas fait à cause de problèmes d’organisation. C’est dommage, parce qu’ici on croise des jeunes qui ont vraiment un potentiel extraordinaire. » Souvent, pour les nageurs, la solution consiste donc à traverser la Méditerranée. «â€¯Mon pays doit tout juste avoir dix piscines utilisables, je n’aurais pas pu y progresser comme je l’ai fait », reconnaît Nabil Kebbab, vingt-six ans, leader de la natation algérienne. Recordman du 100 mètres et 200 mètres nage libre en Algérie, quadruple champion continental, ce sprinteur de 1,93 m a quitté sa terre natale fin 2003. Il atterrit d’abord à Paris, chez un bon ami de sa famille. C’est son tout premier voyage hors d’Afrique. «â€¯Je partais à l’aventure, juste pour percer dans la natation. » Après de courts essais à Massy et à Bordeaux, il se met d’accord avec l’ASPTT Nantes. «â€¯Par chance, à l’ASPTT, j’ai retrouvé une sorte de petit cocon. Heureusement, sinon j’aurais été vraiment tout seul… Au début, le club me donnait 400 euros par mois, je complétais avec mes économies et ma famille m’envoyait de l’argent », dit le Kabyle, pas du genre à se plaindre. Puis, en 2005, direction les États-Unis et le Texas. Avec quelques compatriotes, l’enfant de Tizi Ouzou y suivra des stages encadrés par la Fédération algérienne de natation (FAN). Revenu en France il y a trois ans, Nabil Kebbab sprinte désormais au prestigieux Cercle des nageurs de Marseille (CNM). «â€¯Dans mon sport, il n’y a pas de statut pro, mais ça fait sept saisons que je vis exclusivement de la natation. » Cette année, sa fédération lui a même fait signer un contrat d’environ 1 000 euros par mois, soit près de huit fois le salaire moyen en Algérie, pour qu’il représente le pays, en tant qu’athlète d’élite, à chaque tournoi international. «â€¯Même si mes proches s’inquiètent quand les aides n’arrivent pas, c’est toujours une grande fierté que de défendre l’Algérie », maintient Nabil Kebbab.



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