Algérie

Après 25 ans d’hésitations et d’échecs, Nouvelle stratégie industrielle algériene



Après plusieurs années d’hésitation, le gouvernement entend se doter d’une stratégie industrielle. L’annonce a été faite par le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, qui avait déjà confié à des experts nationaux la tâche d’élaborer cette nouvelle stratégie.

En quoi consiste-t-elle ? Et quelles en sont les grandes lignes directrices ? Il s’agit, d’après le ministre, d’une démarche qui se décline sous deux aspects : continuer dans la politique d’encouragement des industries de substitution à l’importation, avec en parallèle le développement d’une industrie orientée vers l’exportation. Pour cela, un certain nombre d’activités industrielles a été identifiée, dont notamment l’agroalimentaire, les industries mécaniques, la mécanique de précision, l’électromécanique, l’électricité, la pétrochimie, la chimie organique et la pharmacie. Les secteurs de la pêche et du tourisme, jusqu’ici délaissés par les programmes publics, ont été intégrés à cette stratégie. Le choix porté sur ces secteurs est justifié par le fait qu’ils présentent des avantages comparatifs face à la concurrence. Ces branches seront soutenues par l’Etat en vue de les rendre plus compétitives. Cette stratégie industrielle a pour objectif essentiel l’intégration au marché régional et mondial. Des entreprises comme la SNVI, Saidal, l’Enie et la CMA bénéficieront de l’appui des pouvoirs publics pour être compétitives. Le partenariat avec des firmes étrangères sera aussi privilégié pour ces grandes entreprises. Sur l’opportunité de l’élaboration de cette nouvelle stratégie, des avis recueillis se rejoignent quant à la nécessité d’une telle stratégie. Pour Réda Amrani, ancien cadre du secteur public et expert en industrie, « il a fallu 25 années d’hésitations pour qu’on s’aperçoive finalement de l’erreur faite en abandonnant le secteur industriel public ». L’expert recommande à ce que la nouvelle stratégie soit basée sur la relance de l’industrie de base qui transforme la matière première. Une industrie pour laquelle l’Algérie dispose, selon lui, d’une longue expérience et d’un savoir-faire certain. M. Amrani estime, néanmoins, que la réussite de la nouvelle stratégie nécessite impérativement une bonne gouvernance pour ne pas refaire les erreurs du passé. La promotion de la PME/PMI est aussi, pour lui, l’une des clés du succès de la nouvelle stratégie industrielle. Des cadres du ministère de l’Industrie intervenus lors d’une conférence sur l’absence d’une stratégie industrielle en Algérie, tenue au Forum d’El Moudjahid, ont estimé que, dans les années 1970, l’élaboration d’une stratégie et d’une politique industrielle était possible dans la mesure où le marché était protégé et l’environnement économique cerné. Alors qu’aujourd’hui, les paramètres ont complètement évolué. « Actuellement, l’Etat ne fait qu’arrêter les choix ». La démarche poursuivie maintenant dans le secteur industriel est une démarche de « cadrage ». « C’est une approche par filières » ont-ils souligné. Le président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNC), Zaïm Ben Sassi, relève, pour sa part, que « c’est le secteur privé qui assure aujourd’hui la relève ». Le développement de l’industrie algérienne passe, d’après lui, par la sous-traitance industrielle. « Il faudrait se réorienter vers la sous-traitance extérieure », recommande-t-il vivement. L’avenir de notre industrie est tributaire également, indique le président du CNC, de la formation. « La catégorie des cadres en industrie est en voie de disparition », avertit-il. La facilitation à l’investissement à travers le règlement du problème du foncier et l’incitation fiscale à la PME sont, par ailleurs, parmi les facteurs qui sont à même de développer l’industrie nationale. Le sauvetage de l’industrie nationale doit se faire, note le président-directeur général de la SNVI, Mourad Chehboub, par « la valorisation de ce qui reste de cette même industrie ». « Il y a 1400 entreprises qui appartiennent au secteur industriel public », informe-t-il. La sous-traitance est aussi, pour lui, un moyen efficace du développement de l’industrie. La création par le secteur de la mécanique de 300 entreprises de sous-traitance en est la parfaite illustration. S. S.




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