Algérie

Approches de l'esthétique du texte algérien de Djamel Ghallab



Restituer le mouvement créateur de l’écrivain

Le critique littéraire est au fond confronté aux mêmes problèmes - mais au second degré - que le romancier lorsqu’il tend à faire entrer dans un livre l’énorme réalité du monde.

C’est pourquoi Djamel Ghellab pense que tout l’appareil d’érudition, tous les trésors de la connaissance rationnelle que nous pourrions mettre en mouvement pour tenter d’appréhender le sens symbolique ou ésotérique de l’œuvre nous conduiraient à découper dans le corps vivant de son texte. Dès ses débuts, Djamel Ghellab a choisi une critique qui se veut hors de toute référence historique. C’est une critique qui cherche à restituer le mouvement créateur de l’artiste, l’architecture aux lignes géométriques de l’œuvre, ses « structures ».

Appartenant à une nouvelle génération de critiques algériens cultivés, notre jeune chercheur s’attache à établir les principes d’une critique littéraire capable de coordonner les méthodes et les expériences interprétatives nouvelles. Pour aborder un texte poétique, par exemple, Djamel Ghellab pense que « la tâche du critique est d’accompagner et de restituer le jaillissement de la sensibilité poétique, en faisant au poète et au langage poétique une confiance totale ». En fait, la critique littéraire est « une parole sur une parole », un métalangage, une façon de prolonger le voyage autour d’une page ou d’un livre.

Conscient de son devoir d’intellectuel, Djamel Ghellab dit que « le critique, qui reçoit son objet de l’actualité ou de la circonstance, qui néglige d’ajouter à la lecture qu’il vient de faire autant de lectures qu’il en faut pour passer de l’article journalistique à l’étude exhaustive, ou qui s’abstient de rechercher une conception générale de la littérature, a naturellement mauvaise conscience ». Notre jeune critique qui publie des articles ou des « interventions littéraires » dans les journaux pense aussi que « cette critique journalistique n’est pas si facile, même si on la considère le plus souvent comme injuste ou superficielle ».

En réalité, cette critique au jour le jour aide, plus qu’on ne l’avoue généralement, les essais exhaustifs. Et Djamel Ghellab, qui a toujours transformé ses essais publiés dans les journaux en de véritables études scientifiques avant de les réunir dans ses livres, a raison quand il dit : « Nous pensons avoir le droit et le devoir d’envisager le revers de la médaille et de nous demander si telle ou telle méthode critique contribue réellement à élever le niveau scientifique de la maîtrise littéraire ».

Notre critique sait que l’homme dans son activité est porté à s’interroger sur ses œuvres. Il cherche à surprendre leurs types de construction intellectuelle. En effet, la critique - comme la poésie, le roman, l’histoire, etc. - n’a d’intérêt que si elle nous apprend quelque chose sur les hommes, sur la manière dont fonctionne leur esprit, dont jouent leurs relations, dont croissent leurs conflits.


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