D'habitude, le rahoum galou tient lieu de rumeur, sans plus. Elle s'exprime, donne un avis à brûle-pourpoint au café du coin sur tout et n'importe quoi. Politique, économie, société, chaque domaine a ses gorges, plus ou moins profondes. Les avis divergent, et c'est normal. Pourtant, quand les «on dit que?» se coltinent des «sources généralement bien informées», l'opinion publique a des soucis à se faire. Et ça, c'est pas du normal. L'extraordinaire, donc pas le normal, est que la société peut être tentée de croire à ces apprentis sorciers. Salaires, logement, enseignement, subventions, pouvoir d'achat, gouvernement etc., tout est bon à prendre. Des clans qui s'ignorent et se méprisent, instrumentalisent nos relations sociales. L'invective, l'insulte, le dénigrement, l'incompréhension sont devenus monnaie courante à un point tel qu'à la longue, on risque de ne plus oser se parler. Avec une rouerie consommée et une efficacité diabolique, les «sources généralement bien informées» mènent le bal des écarts et des fossés qui se creusent. On devine qui est derrière ces «sources». On les devine, sans qu'il y ait besoin d'une vitrine affichant leurs djellabas ou leurs costumes-cravates. Il leur faut défendre leurs privilèges, mettre à l'abri leur argent gagné frauduleusement. Pour ça, ils fraudent, trichent, mais se cachent mal en donneurs de leçons. La liberté d'entreprendre, la possibilité de s'enrichir honnêtement, l'argent décomplexé, ils laissent ça aux autres, à ceux qui doivent s'abreuver de leurs intox et de leurs fantasmes. Ils oublient qu'au-dessus d'eux, il y a heureusement des gens payés pour informer, décrypter et, si besoin, commenter l'actualité. Là aussi, les lignes éditoriales peuvent diverger, et c'est normal depuis belle lurette déjà. Toujours est-il que l'info est là, vérifiée et recoupée selon les règles du métier. Et si enfumage il y a, l'opinion publique le saura plus tôt qu'on ne le pense. La réalité des choses ne peut être aveugle à l'objectivité même fardée de maquillages. Paradoxalement, les «sources bien informées» ne font pas dans l'évocation des maquillages, de ces profiteurs qui développent les pires fantasmes sur les autres. Ils sont juste bons à semer le doute et à vider leurs poubelles sur ce qui est beau en réalité. Et, vitres teintées ou pas, leur berline véhicule des repoussoirs à l'idéal sociétal. Cet idéal n'a nul besoin d'apprentis sorciers pour se réaliser. Il a besoin qu'on lui fiche la paix. Il a aussi besoin qu'on cesse de lui présenter la drogue comme un droit, le drogué comme une victime et le dealer comme un dés?uvré aux abois. Le droit, les victimes de quoique ce soit et les citoyens catalogués aux abois ont à qui s'adresser pour se plaindre dans ce pays. Ça n'est pas des apprentis sorciers qui régleront les problèmes. Fièvres et agitations sont leur domaine de prédilection. En caricaturant, on serait tenté de penser qu'ils ne prennent aucun risque, contrairement aux gens qui retroussent les manches pour un pays solidaire et humaniste. C'est belle tromperie que celle-là. Ces «sources généralement bien informées», sûrement écartées des circuits officiels, déversent leur fiel insensé en pensant assurer leurs arrières. En fait, ces arrière-pensées ne visent que la prochaine élection présidentielle. Trop retors pour le dire franchement, ils jouent aux apprentis sorciers, point barre ?
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Posté Le : 08/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M N
Source : www.letempsdz.com