Algérie

Apprendre les technologies ou les technologies pour apprendre ' : Ce qu'on doit savoir sur la relation élèves-technologies



Apprendre les technologies ou les technologies pour apprendre ' : Ce qu'on doit savoir sur la relation élèves-technologies
ghanikolli@gmail.com / Retrouvez cet article et d'autres sur le blog : http://ghanikolli.over-blog.com A l'ère du 21ème siècle, nous vivons encore un grand contraste dans notre pays, tout comme les pays en voie de développement, entre l'inexistence parfois de chauffage, de la craie, d'électricité et d'enseignants de certaines matières d'un côté, et les discours de l'introduction de l'ordinateur dans la classe. Un autre contraste est celui de la pénible rentrée scolaire et les coûts élevés nécessaires à  acheter et remplir le «lourd» cartable d'un côté, et de l'autre, le cartable électronique et ses bienfaits pour l'élève et l'enseignant. Bref, nous pouvons continuer avec des exemples similaires et nous trouverons des dizaines.Toutefois, est-ce pour autant qu'on doit laisser tomber la bataille du numérique alors que nous l'avons même pas bien entamée ni conçue' Devons-nous considérer les TICE (technologies de l'information et de la communication en éducation) réservées qu'aux pays industrialisés et attendre que tous les problèmes élémentaires de notre école se règlent pour penser l'enseignement du 21 à¨me siècle ' Je pense que même l'élève et le parent d'élève qui souffrent au quotidien de ces contrastes affirmeront, pour peut qu'on les sensibilise aux TICE, leur attachement à  voir nos classes et nos élèves, le plus grand nombre possible en tout cas, dotés des technologies modernes du numérique, digital, Internet, ordinateurs et j'en passe.DES MIGRANTS DIGITAUX Certains de nos aînés, enseignants, parents et administratifs, ont eu du mal mais réussissent quand-même à  obtenir leur visa et carte de résidence dans la planète du digital. Ils ont de ce fait un statut d'immigrés digitaux. Leur environnement natif est tout autre que celui dont lequel ils vivent actuellement. Pour continuer dans l'esprit de cette métaphore, j'affirme que pour leur intégration dans ce nouveau paysage, il faut considérer la différence culturelle (culture numérique, digitale) avec les autochtones et les natifs digitaux, la différence de niveau d'absorption de ces nouveautés technologiques et enfin, mais pas en dernier, la différence de capacité d'exploitation et de taux d'utilisation des ces technologies dans la vie personnelle et professionnelle de tous les jours. Ceci est, entre autre, une cause de la fracture numérique.DES NATIFS DIGITAUXNos enfants quant à  eux baignent, pour ceux qui ont cette chance, dans une atmosphère technologique qui leur confère le statut de natifs digitaux, contrairement aux immigrants (leurs aînés) qui ont dû s'adapter à  ce milieu. Un enfant prendra dix fois moins de temps à  manipuler la plupart de fonctionnalités d'un téléphone portable, d'un Smartphone ou d'un ordinateur, appartenant…. à  ses parents ! C'est loin d'être un déshonneur pour ces derniers, mais plutôt le voir comme une fierté pour eux d'avoir un enfant qui n'aura pas le mal de la fracture numérique, sinon le moins possible. Les nouvelles générations de gamins dans notre pays savent déjà zapper à  la télé, manier les manettes de jeux vidéo, agrandir et réduire une image sur un iphone, répondre et composer au téléphone, allumer et éteindre un ordinateur. Ainsi gamins et gamines décodent aussi les bugs informatiques pour leurs parents, utilisent le tout nouveau caméscope numérique en 15mn après sorte de carton, enregistre le film du dernier mariage sur PC et y ajoutent même un générique et des effets spéciaux, créent un site internet, un blog, ou participent au moins à  des communautés et des réseaux sociaux. Adolescents, ils révisent leur cours sur PC, partages des exercices avec des camarades de classe par le net, téléchargent des vidéos d'illustration du dernier cours d'anatomie ou d'histoire, et apprennent l'anglais par des CD interactifs et multimédias. Si vous pensez que vos enfants ne font pas tout cela, dites-vous juste que vous ne savez pas encore qu'ils en savent tout cela !APPRENDRE LES TECHNOLOGIESDepuis l'indépendance de notre pays et l'avènement de l'informatique en tant que science, ensuite filière dans notre système d'enseignement supérieur et en tant qu'outil dans l'administration publique et les entreprises, puis progressivement une matière enseignée dans le système éducatif et la formation professionnelle. L'Algérien n'a cessé de s'y intéresser et d'essayer même d'apprivoiser cette nouveauté et de la maîtriser tant bien que mal. Cet exemple est valable pour les autres technologies. L'acte d'apprentissage avait donc pour finalité « la maîtrise de la technologie ». Même sur le plan social, on se présentait souvent comme ingénieur en informatique, ingénieur en automatisme, etc.… Cela démontrait durant les années 60 et 70, la suprématie de l'apprentissage de la technologie comme but et finalité, souvent sanctionnée par un diplôme, une qualification ou simplement une reconnaissance par la société de quelqu'un qui a appris la technologie.LES TECHNOLOGIES POUR APPRENDRELes années deux mille, la généralisation de l'internet, l'accès du citoyen à  l'informatique, la globalisation des échanges commerciaux et des économies ont eu pour conséquence la transformation profonde sinon la refonte de l'acte d'apprentissage. L'école à  travers le monde, notamment en Angleterre, aux USA et au Canada, a décrété la technologie non pas comme finalité mais comme moyen et outil qu'on va s'approprier pour faciliter l'acte de l'apprentissage, même si cela va aider dans l'apprentissage d'autres technologies beaucoup plus complexes. Et c'est là qu'est née la terminologie TICE, technologies de l'information et de la communication en éducation qui signifie simplement l'utilisation des technologies de l'information et de la communication dans l'acte pédagogique et le processus d'apprentissage. LES TECHNOLOGIES AU SERVICE DE LA PÉDAGOGIE MODERNEMais ça ne s'est pas arrêté là, les technologies n'ont pas été simplement un facilitateur de l'acte d'apprentissage mais bien plus, elles se sont intégrées dans les nouvelles approches pédagogiques telles que l'approche par compétence, la pédagogie active, l'approche par projet et même la pédagogie intéractive. J'illustre cela par les trois situations d'apprentissage suivantes :1-La classe centrée enseignant : cette classe est la plus répandue et la plus connue dans notre pays et les pays émergeants, mais pas forcément la plus efficace. L'enseignant est au cœur du processus d'apprentissage et détient le statut de «donneur du savoir» et la tête de l'élève est réduite ainsi, involontairement certes, à  un sceau qu'on remplit d'informations diverses en gardant tout de même une forte présence d'une trame pédagogique permettant à  l'élève l'acquisition des savoirs. Le plus grand reproche que font les spécialistes à  ce type d'enseignement est l'absence totale d'implication de l'élève par autre moyen que les exercices et les examens qui restent le moyen favori des enseignants pour évaluer les élèves. Comment les technologies peuvent-elles apporter un plus à  ce type de classe ' J'aurai presque affirmé qu'aucun apport positif n'est apporté par les technologies à  ce type de classe ! Le modeste apport que les technologies peuvent apporter n'est pas du tout suffisant pour amortir le coût de l'investissement. Prenant l'exemple d'un ordinateur et d'un vidéo projecteur (data show) qu'on met à  disposition d'un enseignant pour faire son cours grâce à  un logiciel de présentation (Microsoft Powerpoint ou SMART Notebook). Le coût moyen étant de cent mille dinars (100 000 DA), il sera difficile de parler de l'apport de ces technologies dans le processus d'apprentissage de l'élève, vu qu'aucune intégration de ce dernier n'est opérée et que l'enseignant reste unilatéralement le «maître» de l'acte pédagogique sans bénéficier des avantages de la High Tech.2-La classe centrée élève : contrairement au premier type de classe, dans ce cas, le centre d'orientation est l'élève lui-même. Du point de vue pédagogique, l'élève apprend lui-même comment démarrer d'une problématique pédagogique, en suivant un raisonnement ordonné, pour atteindre un objectif pédagogique préalablement fixé par l'enseignant. Et les technologies ' Elles deviennent dans ce cas un facilitateur non pas de la transmission des connaissances seulement mais de l'appropriation du savoir par l'élève lui-même. Dans ce cas, l'investissement pris dans l'exemple précédent (PC et data show) sera nettement mieux exploité et amorti. Et l'enseignant dans tout ça ' Le secret de réussite d'une classe orientée élève est justement l'enseignant et sa capacité à  se familiariser et maîtriser l'utilisation des technologies en classe et non pas les technologies comme finalité. Il en devient ainsi l'animateur de la classe, le garant de l'atteinte des objectifs pédagogiques en quantité et en qualité, mais c'est aux élèves que revient la liberté de la créativité dans les pistes pédagogiques prises pour les atteindre. Ce qui n'est pas pour déplaire aux enseignants et aux parents d'élèves qui verront leurs enfants épanouis mais aussi entrain de développer leur créativité et leur sens de l'innovation dans les solutions qu'ils trouveront chaque jour tout en étant évalués non pas uniquement par des examens, mais au quotidien sous forme de quiz ou des jeux pédagogiques et des exercices et examens assistés par ordinateur.3-La classe centrée projet : le summum des type de classes. Celle-ci, en plus des avantages de la classe centrée élève, elle se caractérise par un point très important pour l'appropriation des savoirs, la notion de travail collaboratif en classe. En effet, l'élève travaille autant avec son enseignant qu'avec ses camarades en groupe de travail autour d'un projet pédagogique en utilisant les technologies de l'information comme les ordinateurs de classe connectés entre eux, les logiciels d'apprentissage collaboratifs, et d'autres technologies qui permettent de faciliter l'appropriation du savoir-faire mais aussi d'autres acquis comme la communication en groupe, le partage des tâches et des responsabilités, l'importance de l'esprit critique et analytique, la place de l'imagination, la créativité et l'innovation. Autant de plus qu'offre ce type de classe que l'investissement en TICE est plus que bénéfique et rentable, il est tout simplement pédagogiquement productif.


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