Algérie

Appel à la vigilance en Kabylie(*)



La Kabylie est en ébullition. Les étudiants, les lycéens et même les collégiens sont descendus dans les rues pour protester contre le refus par l'Assemblée nationale de prendre en charge un amendement de la loi de finances 2018, introduit par une députée du PT, et portant une proposition de budgétisation à même de prendre en charge la généralisation de l'enseignement de tamazight.Au-delà des manipulations des clans du régime qui ont toujours pollué le combat identitaire, des man?uvres politiciennes aux buts parfois inavoués des uns et des autres, la mobilisation de la jeunesse kabyle, dans un élan sans précédent, traduit cette volonté de ne rien lâcher lorsqu'il s'agit de défendre son identité.
Par sa mobilisation, par ses actions pacifiques, cette jeunesse kabyle, étudiants, lycéens et collégiens, vient d'infliger au régime et ses affidés une véritable défaite politique en mettant en échec sa stratégie qui consiste en premier lieu à man?uvrer par des artifices juridiques afin de vider la revendication identitaire de son énergie vitale, ensuite à phagocyter tout esprit de résistance et de lutte dans la société.
Cette jeunesse a aussi administré aux partis politiques qui se sont empressés de dénoncer les «manipulations d'on ne sait qui», une leçon de réalisme politique, en leur rappelant que disposant d'un nombre suffisant de députés, rien ne les empêchait de mener la lutte identitaire dans le cadre des institutions par des propositions de lois qui auraient permis de transcrire dans la réalité les dispositions de l'article 4 de la Constitution.
Faut-il rappeler que le statut de langue officielle au rabais concédé par la révision constitutionnelle de 2016, sans les lois et règlements pour le traduire dans la vie de la cité, sans les moyens financiers nécessaires à son développement, n'est dans les faits qu'un effet d'annonce, une man?uvre dilatoire d'un régime dont l'obsession est d'empêcher la réémergence de tamazight en tant que modèle de civilisation chez elle.
Des violences policières, et plus graves encore celles commises par d'autres étudiants contre leurs camarades
kabyles, notamment à Tubirett (Bouira), encouragés en cela par les tenants de l'Algérie «pays arabe et terre d'islam», augurent d'une situation extrêmement dangereuse qui, si elle persiste, risquerait de plonger la Kabylie dans le chaos.
Aucune lutte de succession, aucune bataille clanique, aucun calcul politique, ne justifie ni n'autorise ses auteurs à plonger le pays dans la terreur d'une guerre civile. La menace est extrêmement sérieuse. Nous ne le permettrons pas.
Aussi, nous signataires de cette déclaration, appelons nos étudiantes et nos étudiants, nos lycéennes et nos lycéens, nos collégiennes et nos collégiens à être fiers de la maturité politique dont ils ont fait preuve à travers un ensemble d'actions maîtrisées dans toutes leurs dimensions. La question identitaire est replacée au centre du débat qui animera ce pays pour les deux prochaines années.
Redoubler de vigilance pour ne pas tomber dans les travers d'une éventuelle manipulation de la part d'officines qui sont toujours à l'affût pour orchestrer de sordides marchandages politiciens au détriment des intérêts politiques, économiques et sociaux de notre région.
Reprendre leurs études pour ne pas hypothéquer leur avenir et celui de notre région. La Kabylie a besoin de son élite politique, économique et culturelle.

Signataires :
Idir Aït Maamar ; Saïd Khlil ; Nacer Haddad ; Salah Talbi ; Mohand Aït Abdellah ; Youcef Hebib ; Youcef Tebani ; Ali Aït Djoudi ; Kamal Daoudi ; Belaïd Kadi ; Aoudia Smaïl ; Abdenour Boumghar ; Souad Haddad ; Mourad Ben Kaci ; Tahar Amichi ; Tanina Boukari ; Sofiane Mazari ; Ali Rayah ; Amar Fali ; Ahcen Abderrahmani ; Tadount Larbi ; Nacer Aberkane ; Mohamed Ziri ; Djamel Ait Iften ; Sabrina Azzi ; Sadek Hadjou ; Toufik Ibelkissene ; Kamel Haddad ; Bihmane Belataf ; Hamid Chalal ; Tahar Serir ; Naït Amer Djafar ; Sofiane Denane ; Ben Mamar Boukhalfa ; Azzedine Boukaci ; Abella Mouhoub ; Essaïd Mougari ; Mouaci Larbi ; Mamart Arezki ;
Mustapha Bouchebah.

*)- Le titre est de la rédaction


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