La société arabe d'investissements pétroliers, APICORP, dans
laquelle l'Algérie détient 5% des parts aux côtés des autres membres de
l'OPAEP, a décidé de réorienter massivement ses engagements dans les prochaines
années. Le président d'APICORP évoque l'Arabie Saoudite comme l'une des
principales destinations dans le nouveau plan d'investissement.
C'est un communiqué qui a été massivement distribué, mais peu
commenté, dans la presse arabe qui l'annonce fin septembre dernier : APICORP a
décidé de quitter des engagements majeurs de ces 30 dernières années pour
réaliser de nouveaux engagements dans le secteur pétrolier. L'évènement serait
anodin s'il ne s'agissait pas d'une banque de développement au capital de 4,1
milliards de dollars aux engagements cumulés supérieurs à ce montant, et dans
laquelle dix Etats, dont deux du Maghreb, l'Algérie et la Lybie, détiennent des
parts. APICORP veut «diversifier son portefeuille d'investissement» et
s'engager dans le financement de projets de prospection», de production de
transformation, de stockage et de commercialisation de pétrole et de gaz». Où
est donc la nouveauté pour cet organisme piloté par l'OPAEP et chargé, depuis
1975, de soutenir le développement de l'industrie pétrolière au sein des dix
pays membres et dans d'autres pays arabes ? Le communiqué n'évoque pas les
«investissements quittés». Il annonce de manière sibylline que APICORP est
«engagée, à un stade avancé, dans des négociations pour sortir
d'investissements principaux afin d'en réinvestir la valeur dans de nouveau
projets pétroliers et gaziers dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord
(Mena). Une source proche du ministère de l'Energie et des Mines, approchée par
Maghrebemergent.info, n'a pas été en mesure de préciser quels étaient ces
«investissements principaux» que s'apprête à quitter APICORP.
Un tropisme Saoudien fortement souligné
Le représentant de l'Algérie au sein du conseil d'administration de
la banque de développement est lui tenu, comme ses pairs, à l'obligation de
réserve. Ce n'est pas le cas du président exécutif et directeur général le
Saoudien Ahmed Ben Ahmed Al-Nouaïmi. A défaut d'être plus explicite sur les
engagements qu'APICORP souhaite quitter, il a donné des indications sur les
destinations futures des investissements de son organisme financier, accordant
à l'Arabie Saoudite un bonus souligné. «Le secteur de l'énergie (dans la région
arabe), offre d'excellentes opportunités d'investissement dont la valeur est
estimée à 470 milliards de dollars. APICORP entend profiter de ces opportunités
afin de renforcer un objectif la croissance économique dans les pays arabes». Pour
M Al Nouaïmi, précise cependant le communiqué, «les marchés de l'Arabie
Saoudite, où se trouve le siège principal de APICORP, constituent un objectif
majeur des nouveaux investissements projetés par la banque multilatérale». Le
président de APICORP commente ainsi les perspectives d'affaires dans ce pays :
«les grands projets pétroliers et gaziers d'une valeur de 139 milliards de
dollars américains que le Royaume va mettre à exécution au cours des prochaines
années offrent des opportunités exceptionnelles d'investissements. Nous
travaillons à travers ces projets à renforcer notre présence déjà très forte
dans le Royaume».
A titre de comparaison, le
plan d'investissement de Sonatrach, en effort individuel, est estimé par son
PDG, Nourredine Cherouati, à 17 milliards de dollars sur les cinq prochaines
années. L'Arabie Saoudite est «l'un des grands actionnaires d'APICORP avec une
part de 17%. La part de ses investissements représente 65% du portefeuille des
participations et 37% du volume total des prêts» ajoute M Al Nouaïmi. Un expert
algérien analyse sommairement le communiqué d'APICORP : «Certes des pays arabes
à faible potentiel pétrolier, comme la Syrie, ont pu bénéficier ces dernières
années d'engagements de APICORP, alors que le marché financier international
n'aurait pas soutenu leur activité de prospection ou de raffinage. Mais
l'évolution qui transparaît de ce communiqué laisse entendre que l'essentiel
des prochains engagements va être capté par l'Arabie Saoudite. C'était déjà le
cas un peu avant cela avec 65% des investissements de APICORP».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 05/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Samy Injar
Source : www.lequotidien-oran.com