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Le camp de torture de Dzira Ain-Séfra.
Plusieurs écrivains français et algériens ont raconté la révolution algérienne vécue par Ain-Séfra, (Djébels en feu de Georges Fleury...) Ceux d’Ain-Sefra l’ont fait également, tels l’écrivain et historien Bénamara Khélifa, les écrivains et poètes Brizini Mouhieddine, Ahmed Benchérif et Safia Kettou et les écrivains Bellaredj Boudaoud, Boutkhil Baghdadi...
Deux points doivent être traités hâtivement :
1 Ain-Sefra durant la Révolution.
2 Le Ksar d’Ain-Séfra Ksar Sidi Boutkhil
Pour arriver au camp de torture Dzira
I la ville d’Ain-Séfra durant la révolution, était formée de 4 quartiers bien distincts :
a) Le Ksar (l’embryon) d’environs une centaine de maisons fut créé vers 1580. Ses 800 habitants (environs) étaient cultivateurs et possédaient les terres agricoles sur les deux rives de l’Oued Bridj. Seuls quelques uns étaient de petits commerçants d’autres deux ou trois avaient des cafés maures en ville.
b) Le village européen créé en 1882 était occupé par les Français. Certains avaient les postes clés de l’administration, des transports (gare), d’autres possédaient les bars, les hôtels et les restaurants : le grand commerce revenait aux Juifs. Quelques notables musulmans une dizaine avaient leurs maisons (Baghdadi, Chami, Alla, Zaïd, Mérine, Limam, Faradji, Kassou, Aït Salem, Benkacimi, Gordo, Boukhari,Rahou, Belhadj, Bouziane...)
c) Moulay El Hachemi les racistes Français l’appelaient :’’ village nègre ‘’ pour faire la distinction entre les Safraoui musulmans. les Oulad Sidi Bilal très démunis étaient journaliers. Les plus chanceux étaient manœuvres à la gare ou dans les Ponts et Chaussées. (Hamadou, Didi, Rahmani, Chenguiti, Guirzim, Barnaoui, Alilou Briki Soudani...)
Le quartier Boumrefeg, Mzi actuellement, ne comportait que quelques maisons celles de Limam, Sadok, Lazreg, Mekkaoui, Bouaïcha. A partir de 1960, la population en exode expulsée de sa terre est venue l’agrandir. Certains expulsés ont trouvé asile au Ksar.
Ain Erchag comportait un seul foyer celui du moudjahid Bellaredj.
La région d’Aïn-Séfra ne date pas d’hier ; elle fut de tout temps depuis des millions d’années , habitée : les gravures rupestres en font foi...
La population musulmane (ne dépassant point les 2000 habitants) noyée dans le nombre des colons et des soldats français était pratiquement minoritaire et sans défense. Près de 10 mille militaires occupaient la caserne, la plus grande dans l’Ouest algérien et le même nombre était réparti dans les villages avoisinants (Sfissifa, Tiout, Asla, Moghrar, Djenien, Mékalis, Tirount, Dermel, Moktaa Eddli, Chellala, Boussemghoun...) et le long de la ligne de la voie ferrée, dans des postes militaires érigés tous les 10 kms environ. En consolidant ses positions, la France pensait demeurer éternellement en Algérie (certains Algériens pensaient la même chose). Mais il lui est arrivé exactement ce qui était arrivé aux Juifs de Médine rapporté dans le Saint Coran : -« Verset 2 Sourate El Hachr -C’est Lui qui a fait expulser les mécréants parmi les gens du Livre de leurs foyers, lors du premier exode. Vous ne
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pensiez pas qu’ils sortiraient. Quant à eux, ils pensaient que leurs forteresses les protègeraient contre Allah. Mais Allah les a atteints là où ils ne s’y attendaient pas. Il a jeté l’effroi dans leurs cœurs. Ils se sont mis à démolir leurs maisons de leurs propres mains, les croyants y participent de leur côté. Tirez-en donc la leçon, vous qui êtes pourvus de raison ! » Et la démolition des immeubles débuta à partir de 1961 par les racistes OAS, l’exode en 1962.
II Le Ksar d’Ain-Séfra ou Ksar Sidi Boutkhil
La vie dans le Ksar était identique à celle des autres Ksour sans faste, casanière, vertueuse, presque autonome avec ses trois ou quatre magasins, sa justice (Djemaa qui réglait les différends), son bain, son forgeron, ses métiers à tisser, son Trésor (Zakat qui était distribuée aux habitants les plus démunis, son école coranique, ses sages femmes, ses médecins traditionnels,.... L’argent n’était pas son grand souci : les voisins s’échangeaient les produits agricoles, s’empruntaient les uns les autres... Ils étaient d’une même famille et par conséquent l’aide et le soutien étaient de coutume entre les Musulmans. Ils entretenaient d’excellentes relations avec les badawiyine (nomades) ce qui a valu au Ksar la reconnaissance de l’Emir Abdelkader.
L’idée de changement émane d’une personne puis adoptée par une autre et puis par plusieurs, elle fait boule de neige, quitte son lieu de naissance pour être soutenue partout.
L’idée politique existait bien, depuis les années 40, bien avant la révolution représentée dans les différents courants politiques
L’association des Oulama El Mouslimine El Djazaïrine, elle aussi, avait sa part sous la direction du taleb et enseignant Si Abderrahmane El Kendci.
La force politique éparpillée dans différents partis MTLD PPA...datait donc, depuis les années 1940 Réunie sous la bannière du Front de Libération Nationale, elle n’en forma plus qu’un seul esprit dans un même corps. A la décision historique prise : soutenir la lutte armée, les adhérents à la cause lui ont apporté tout le soutien et ont réuni toutes les conditions nécessaires à sa bonne réussite. Aux monts des Ksour, certains hommes, poursuivant l’œuvre de leurs ancêtres Mohammed ould Ali et Cheikh Bouamama, sous la conduite du grand Moudjahid Salhi Ahmed dit Laïdouni ou Si Ali considéré comme le précurseur, durent explorer les monts (Mekter, Bni Smir, Mir Ladjbal...) à la recherche de caches. Les premières opérations étaient donc d’alimenter les grottes secrètes en armes, en produits alimentaires, vestimentaires, pharmaceutiques...Durant les combats, la quête en espèce, denrées... se poursuivit régulièrement, le FLN chargea des responsables Moussebiline pour ramasser les fonds. Il accorda une allocation aux familles sans ressources dont les responsables étaient en prison, tués ou dans le maquis.
Il faut reconnaître que les femmes des ksour et celles des khième ont collaboré étroitement à la réussite de la révolution. Elles ont participé à la victoire. Il faut signaler malheureusement que très nombreuses sont celles qui n’ont pas bénéficié des avantages au même titre que leurs frères maquisards ; elles n’ont pas fait leurs dossiers et leurs camarades de lutte ne leur ont pas suggéré ni ne les ont aidé à le faire pourtant elles ont été chargées des mêmes missions en plus, elles confectionnaient gants, bonnets, chaussettes, passe-montagnes, cache-nez et préparaient des repas qu’elles envoyaient au maquis. Elles ont servi aux monts et ont fait de la prison.
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Les enfants eux aussi avaient contribué à la révolution en donnant l’alerte chaque fois que des militaires arrivaient au Ksar. Ils approvisionnaient les recherchés, donnaient de faux renseignements. Certes ils ne prononçaient pas le mot révolution mais parlaient de Hogra, injustice, Kouffar... Mêmes les bêtes : les ânes, les mulets, les chevaux avaient participé ; même les poules avec leurs œufs. L’âne Dabara, toujours en tête, était si rodé qu’il se cachait sous le flanc d’une dune, d’une montagne, d’un arbre dès qu’il entendit le vrombissement d’un avion et le reste des animaux le suivit ; la mule de Kada Belaïd allait seule au djebel Morghad puis revenait déchargée. Ce ne sont pas des histoires mais de la pure vérité, cependant il fallait voir pour y croire et les exemples sont bien nombreux.
Les services français de sécurité découvrirent ce qui se tramait au Ksar. Aussi l’armée d’occupation décida d’installer une troupe de harki et un peloton de muletiers dans le ksar même. Elle construisit de nombreux postes d’observations autour de la ville et principalement tout autour du Ksar car elle avait su que de là, les Moudjahidine se ravitaillaient et de là les hommes rejoignaient le maquis. Le départ vers les monts avoisinants Mekter, Mir Ladjbal se faisait principalement par la voie la plus sûre : celle de Dzira. L’armée française pensait, donc, qu’en construisant un poste à cet endroit stratégique, elle allait freiner le ravitaillement. La ligne Morice ayant pris son départ de Béchar arrivait à Ain-Séfra, en 1958.Elle passait au Ksar pour aller rejoindre Dzira et de là vers le Nord. Malgré, la séparation des monts du Ksar ; ce dernier arrivait à communiquer avec les moudjahidine. Par deux fois, les bouches des canons furent pointées vers le ksar d’Aïn-Séfra pour le détruire. On préféra l’étrangler un peu plus, en ajoutant une ligne de fil barbelé obligeant le peu de cultivateurs qui restaient (certains étaient tués, d’autres au maquis, d’autres emprisonnés, d’autres déplacés) d’aller à leurs terres par un seul passage sous surveillance militaire, situé près du pont. Malgré cela le Ksar refusait de se plier. Après cinq ans de guerre, d’atrocité, à partir de septembre 1959, contraint par la force de frappe de l’ALN, la perte de l’ennemi en vie humaine, la détérioration de l’économie française, les voies engagées françaises et mondiales, le bouillonnement des Algériens en France et en Algérie, le discours officiel français changea de politique et parla d’Algérie algérienne. L’excitation des belligérants s’accentua :
-Les moudjahidines multiplièrent leurs actions militaires les plus spectaculaires : la bataille de Mzi, Djébel Aïssa, Chmarikh... des attaques en plein centre de Ain-Séfra et Sfissifa, déraillements des trains, des assassinats de traitres en plein jour, de nouvelles recrues et de nouveaux déserteurs militaires rejoignaient le maquis.
III Le camp de torture Dzira
– Le côté radical civil et militaire français qui tenait à garder l’Algérie française s’insurgea et s’acharna encore plus sur la population civile et transforma le poste d’observations de Dzira en un camp de torture. La devise « « De Dunkerque à Tamanrasset une seule France. » fut banni par les déclarations du Général De Gaulle. La décision onusienne du 20 Juillet 1960 sous l’initiative de 25 pays afro-asiatiques permettant de débattre la question algérienne permit à la délégation du GPRA d’assister aux débats de la XVème session. Les commissions onusiennes chargées de contrôler les prisons en Algérie, poussèrent les autorités militaires locales à transformer le poste d’observations de Dzira en camp de torture, secret, après avoir chassé les quelques habitants de Mcif, Mégatâ et de Dzira et brûlé les épis d’orge et de blé amoncelés sur le ‘’nader ‘’ prêts à être égrenées. Elle ouvrit une route
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pour relier le camp aux casernes et des centaines de tombes furent profanées devant les yeux de femmes et d’enfants impuissants. Le hideux camp satanique, sous la gestion du colonel Desèze (putschiste) reçut ses premiers clients un 19 août 1960. Le sergent chef Cadars ancien collaborateur de Vichy, intégré à la légion étrangère en 1945 et des tortionnaires venus spécialement de Saïda renforcés par des chiens policiers se régalaient des scènes abominables où le supplicié vidé de ses pleurs et de son sang agonisait l’index levé dans un enfer qui n’avait rien à envier des camps nazzis Dans ce triangle de la mort, de la haine, ne dépassant pas 1 ha, étaient concentrés plus de 400 détenus. Une Géhenne en plein air ! Dans ce four, où le jour le soleil brûlant grillait les détenus et la nuit les puissants projecteurs les roussissaient, le meublaient, seules deux baraques de 30m2 réservées aux militaires l’une en réfectoire et l’autre en dortoir et un puits asséché où le chahid Laroussi a bien vu des misères. Le blockhaus de forme triangulaire (question sécuritaire primait) dont l’extérieur était gardé par des chiens policiers, possédait trois miradors en dur. Sur leurs toits, des sentinelles équipées de mitrailleuses et de projecteurs aux lumières intenses, la nuit, l’un illuminait les dunes et le Djebel Mekter, l’autre l’oued et Aïn Esskhouna, le troisième la piste qui mène au camp, les maisons de Mcif, Mégatâ et du ksar et une partie du bois, l’autre partie était surveillée par une autre tour implantait au-dessus de la résidence de l’administrateur, surveillait Aïn Erchag(l’autre voie vers Mekter, vers la liberté) et toute la partie Est . En un mot tout ce qui l’entourait était très bien observé de jour comme de nuit.
Le but était : -D’apeurer la population de la région d’Ain-Séfra et l’obliger à vivre sous le joug colonial reniant ses valeurs On croyait que les familles des détenus allaient transmettre aux enfants restants la cruauté du camp pour les obliger à ne pas penser à se révolter, ni à soutenir les maquisards.
-Faire payer cher à la population son soutien aux moudjahidine en employant les moyens les plus durs : le Ksar paya de lourdes amendes, plusieurs fois, ses habitants furent contrains à vider leurs maisons sous la menace des armes pour permettre aux militaires français des perquisitions sans témoins, des affichages de torturés, de djounoud électrocutés, assassinés, des représailles, deux maisons celle de Hadri et celle de Bencherif furent dynamitées, détention massive, tortures pour arracher des aveux (gégène, coups de bâton, de poing, de câble, cigarettes incandescentes écrasées sur le corps, pendaison par les poignets, postures humiliantes, pour les femmes surtout, ongles arrachés, immersion, ... et des tortures pour avilir l’homme, le prisonnier se tenait nu devant le proche parent, les sadiques tortionnaires se permettaient de les jeter l’un sur l’autre ou les faire asseoir sur un goulot de bouteille cassée. Ils leur pissaient sur le visage, exécutions sommaires, insultes,...) Chikhaoui Hammou Ammi a perdu la raison. Le rescapé Méchraoui Mohammed atteste avoir vu mourir devant lui six Chahid : Sellami Mohammed –Laroussi Abdelaziz-Mérine Mohammed Boubakeur-Benallal AEK- Zeroual Djelloul- Baghdadi Hadj Cheikh (ce n’est que bien après des années d’indépendance que son squelette fut découvert par hasard enfoui dans les dunes de Dzira. Ce qui confirme les dires que les exécutés étaient ensevelis sous les dunes. Le moudjahid Benatta Saci affirme avoir trouvé en 1964, deux squelettes dont celui du Chahid Zeroual Djelloul, recouverts de sable et un troisième près de Mekter)
Certains détenus avaient les mains et les bras si ankylosés que leurs camarades de prison les aidaient
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à faire leurs besoins. Comme le dit si bien, Méchraoui Mohammed : -« La morsure de vipère si elle ne tue, elle handicape. » Quant aux monts, ils étaient en feu, bombardements des B52 et pour la première fois l’emploi du napalm. Sur le sommet du djebel Aïssa, la force répressive installa de puissants projecteurs qui la nuit projetaient de la lumière sur le Djebel Mekter et les dunes.
-Briser ce lien qui encourageait et facilitait aux militaires français de déserter, elle dynamita deux maisons celle de Hadri et de Benchérif. Elle implanta dans les maisons Hadri, Boudjérida, Litim, des postes militaires en plein Ksar sidi Boutkhil après avoir expulsés leurs propriétaires. L’autorité militaire facilita l’octroi de maisons à trois harki l’un d’eux fut exécuté par les Fidayîn quelques temps après. L’autre évita la bombe placée au seuil de sa porte mais c’était sa petite nièce, innocente qui perdit la jambe. Un collaborateur étranger qui habitait au Ksar fut étranglé chez lui.
-Elle œuvrait par la force et mettait tout en œuvre pour freiner l’insolence de ce Ksar presque vidé de ses hommes valides mais qui continuait à braver l’autorité militaire qui occupait dix fois plus de terrain que lui, qui possédait douze fois plus d’éléments, bien nourris, très bien entrainés et mieux armés que lui. La bestialité de la machine militaire n’admettait pas que le trafic d’hommes, d’armes, de ravitaillement se faisait à quelques pas d’elle, sous son nez, alors, elle fut mise en action pour broyer à jamais ceux qu’elle soupçonnait, ceux qui l’ont bafouée.
Pour son fonctionnement, elle détenait à l’aveuglette tout le monde, car tous étaient suspects : des gens de Méchéria, de Sfissifa, de Tiout, de Asla, de Moghrar de Djenien, d’Aïn-Séfra en un mot de partout des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux. On y trouvait emprisonnés le père et son fils, l’oncle et son neveu, l’époux et sa femme, des membres d’une même famille.
Les rescapés du camp Dzira Alla Belhadj et Méchraoui Mohammed, dans leurs témoignages écrits recensent parmi le nombre des détenus (plus de 400) : 7 femmes : Zineb la femme de Kassou, Tabet Kheira, Boughrara Kheira, Yamina Sissifia, Benatta Fatna (Dahlaba qui soulevait à elle seule le sac de semoule) Attallah Kheira et Zohra Bent Laassal. Cette dernière bâtie en hercule tenait tête, aux poings le légionnaire impoli. Elle était arrivée à convaincre des militaires français à la cause algérienne. Elle conduisait les déserteurs au Ksar et de là ils étaient dirigés vers le Maroc puis l’Europe d’où ils invitaient leurs amis restés à Aïn-Séfra à déserter leurs unités et rejoindre leurs familles car le combat n’étaient pas le leur.
Le 21 septembre 1960, le camp de torture de Dzira fut fermé un mois après son ouverture, suite à une plainte adressée au Général commandant la région par le sénateur Hammou Alla qui prédisait un génocide (lui-même avait deux membres de sa famille au camp). Mais ce haut dignitaire, cette haute personnalité reconnue légale ne leur était d’aucun secours. La gendarmerie française affirme 16 morts mais c’était uniquement ceux qui étaient envoyés à l’hôpital Lutrot pour soi-disant les autopsier. Quant aux prisonniers, eux, ils déclarent plus d’une centaine se basant sur le grand nombre de détenus menés pour les torturer dans le bassin mais qu’ils ne les avaient plus revus ni entendu parler d’eux. Méchraoui Mohammed affirme que Bendémia et ses 44 hommes engagés, rangés du côté ennemi et qui formaient un commando à part ont été inculpés de trahison et après avoir goûté aux sévices du camp ont été exécutés loin des yeux. Les prisonniers qui restaient furent transférés dans différentes prison à Saïda, Mascara, Oran. « La France était ignoble, non reconnaissante disait Méchraoui donnant en exemple Benamara Mansour, le
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sergent qui l’avait servie en 14-18. Il fut déféré devant le tribunal militaire de Saïda avec ses médailles, mais le salut militaire qu’il avait reçu de la part des juges ne l’a pas sauvé de la peine retenue contre lui. « C’est la récompense des services rendus à la France leur avait-il dit. »
Ce centre-mémoire de torture doit être préservé et visité officiellement par les écoliers de tout âge pour que la jeunesse garde toujours à l’esprit ce qu’avaient enduré leurs grands pères et grands-mères durant la libération de leur terre : l’Algérie.
Lors du cessez le feu, la délégation algérienne sut que des milliers de jeunes parmi eux des Safraoui, ayant refusé de se ranger sous le drapeau français, avaient rejoint les rangs de l’ALN. Ils ont choisi leur camp. Ce nouveau sang bien frais, jeune, instruit était un atout, un plus pour les négociateurs algériens. Les représentants algériens ont trouvé en eux un grand appui, un souffle indispensable, nécessaire pour continuer les négociations et la guerre si les discutions échouaient.
Ain-Séfra a donné plus qu’elle n’a reçu. Elle aspirait à une situation économique meilleure mais elle s’est vue plus d’une fois démunie de ce droit d’être élevée au niveau de Wilaya : une reconnaissance est un droit que méritent les hommes et les femmes moudjahidine tout comme les villes moudjahidate ont droit à une promotion bien digne par considération pour leurs exploits durant les atroces années de guerre menées pour la libération de notre Algérie.
En reconnaissance aux détenus martyrisés du camp de torture Dzira, il est nécessaire de:
-Régulariser la situation de certains prisonniers qui à ce jour n’ont pas eu leurs droits.
-Donner leurs noms aux rues et aux écoles.
-Ouvrir les écoles aux témoignages vivants de la Révolution.
Si parler d’Aïn-Séfra et de sa région qu’on appelait l’Aurès des Ksour ou le deuxième Aurès, gêne certains. Ils doivent bien admettre qu’elle ne fait que revendiquer son droit à la promotion. Elle mérite d’être élevée au rang supérieur. Le Président de la république Abdelaziz Bouteflika, les Hauts Responsables civiles et militaires connaissent très bien son poids, son militantisme, son combat, son abnégation totale et noble à la révolution. La promesse faite aux Chouhada et aux vivants en 1984 doit être tenue pour l’honneur et la crédibilité d’une mère qui ne doit et ne peut renier l’un de ses plus braves enfants, plein d’égards envers sa mère Patrie.
Dans le camp de Dzira, toute la douleur et tout l’espoir de l’Algérie furent représentés. En évoquant ce camp d’horreur et d’honneur à la fois, Aïn-Séfra met en gloire toute la nation. Ce n’est pas une affaire locale comme certains crapuleux rancuniers essaient impuissamment de faire croire. C’est une affaire nationale. On doit attribuer à chacun son dû. Le combat mené par les lions des Monts des Ksour comme les a si bien qualifiés un officier français, fait partie intégrante de la révolution algérienne Leur bravoure et leur résistance sont dans des livres racontées par des étrangers, témoins oculaires qui y ont vécu et qui reconnaissent la valeur des hommes. Et comme l’Aurès est la fierté de tous les Algériens, Aïn-Séfra l’est aussi.
Ahmed Derdour à l’occasion de la commémoration de la journée du Chahid18 février 2015
Posté Le : 01/04/2019
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Ahmed Derdour
Source : https://www.facebook.com/safracom/