Algérie

«Apartheid», le mot est lâché !


«Apartheid», le mot est lâché !
Les analystes l'ont démontré ces deux dernières décennies et El Watan s'en est souvent fait l'écho : les phénomènes de ghettoïsation minent la société française. Le chômage, par exemple, touche davantage les populations immigrées que l'ensemble de la population française ; idem pour le cursus universitaire ou dans les entreprises, qui mène au plafond de verre pour les étrangers (comme Yamina Benguigui l'avait montré dans un documentaire magistral), difficultés à trouver un logement, etc.On peut aussi citer l'accès «interdit» à certains lieux comme des discothèques ou autres lieux branchés (aussitôt dénoncés par les associations antiracistes), le contrôle de police au faciès (il y a encore beaucoup à faire en ce domaine)?La mise à l'écart (au «ban», d'où le terme banlieue), la ségrégation (mot emprunté aux Etats-Unis), le racisme sont des mots courants en France. De la même façon, il y a une fracture économique qui rejette des pans entiers de la population, toutes origines confondues, et qui nourrit le désenchantement politique.Le Premier ministre a-t-il donc eu raison de prononcer le terme «apartheid» pour parler de cette situation difficile ' «Ces derniers jours ont souligné beaucoup des maux qui rongent notre pays ou des défis que nous avons à relever. A cela, il faut ajouter toutes les fractures, les tensions qui couvent depuis trop longtemps et dont on parle uniquement par intermittence.» «Les émeutes de 2005, qui aujourd'hui s'en rappelle ' Pourtant, les stigmates sont toujours présents», a dit un toujours très martial Manuel Valls. En parlant d'apartheid et en rappelant cette déchirure de 2005, le «présidentialisable» Manuel Valls a ouvert un immense chantier.Ainsi, pour le quotidien français Le Monde, «si l'ancien maire de banlieue pouvait formuler ce type de constat dans une logique de dénonciation, des mots similaires dans la bouche d'un Premier ministre prennent un sens différent. D'abord parce que s'il existe une forme d''apartheid' en France, cela témoigne d'un échec majeur de trente ans de politique de la ville ? ce que la gauche, plus que la droite, a toujours eu du mal à reconnaître».En effet, Manuel Valls emploie cette formule d'«apartheid territorial, social, ethnique» depuis 2002. A l'époque il ajoutait «religieux».Pour l'éditorialiste Sophie Coignard dans Le Point, employer ce terme «c'est un comble,une erreur, presque une faute politique»? «Comme si ce contresens ne suffisait pas, le Premier ministre s'insurge aussi, dans son discours, contre les discriminations quotidiennes parce qu'on n'a pas le bon nom de famille, la bonne couleur de peau, ou bien parce qu'on est une femme. L'apartheid des femmes, dans une démocratie comme la France ' Même les voix féministes les plus acerbes n'y avaient pas pensé !»Le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, toujours proche des questions des banlieues françaises au sein du Parti socialiste, a rappelé que l'action pour changer les choses se fait toujours attendre. «On a employé les mots ghetto, assigné à résidence... Je sais ce que nous avons perdu pour les associations, l'école, les services publics en particulier, depuis dix ans», a-t-il indiqué sur France Info.L'intervention de Manuel Valls aura souligné le besoin urgent (il est urgent depuis quatre décennies !) de parler d'intégration.Comble de l'histoire, alors que la France était dans la série noire des attentats, «une refonte des politiques d'intégration devait être annoncée jeudi 9 janvier. La France cherche toujours une voie pour prendre en compte la diversité de sa population sans trahir l'idéal républicain.Un compromis que beaucoup d'experts jugent possible», écrivait La Croix dans son édition de mercredi. Le dernier rapport sur la question avait été reporté sine die en automne 2014 en raison des préconisations du document sur la place de l'islam et de «la culture arabo-orientale» dans la société, focalisant l'attention et faisant oublier les autres mesures.La France, selon les dernières statistiques, compte environ cinq millions d'immigrés, dont 40% naturalisés, et 6,5 millions d'enfants d'immigrés, dont 92% sont Français. «Leur intégration est certes perfectible, elle est sans doute trop lente, mais elle n'est pas en panne», conclut le journal catholique, loin des mots qui empêchent de prendre à bras le corps la question des discriminations bien réelles.


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