Apaisement

Le mois de Ramadhan, avec la double chaleur des prix et du climat qui l'a marqué, s'achève tout de même par une note positive. Selon un décompte informel, c'est le premier Ramadhan, depuis 1992, où l'on n'a enregistré quasiment pas d'actes terroristes. En somme, un mois relativement tranquille. C'est énorme. Car il y a quelques années en arrière, les mois de Ramadhan étaient rythmés par des massacres collectifs qui, bien que relevant du passé, n'en sont pas moins présents dans les mémoires. Et puis tant qu'il y a encore des actes terroristes qui sont perpétrés dans certaines régions du pays, notamment en Kabylie, le combat doit être de mise. Mais au moment où l'on constate un recul de la violence terroriste, force est de noter d'autres formes de violence qui sont en train de se propager dans la société, prenant des dimensions inquiétantes. C'est le cas de ces citoyens remontés contre l'administration qui s'en prennent aux édifices publics. Si la colère de ces citoyens est compréhensible, son expression l'est moins car, en définitive, c'est ce même citoyen qui en fait les frais en dernier ressort. C'est le cas aussi de ces jeunes en perte de repères en situation de fragilité sociale et psychologique qui versent dans la délinquance. Le phénomène a connu de multiples manifestations, ce mois de Ramadhan qui, en plus des classiques agressions sur personnes, a vu des quartiers en découdre avec d'autres dans de véritables batailles rangées. Cette violence, qui n'a pas de sens politique, comme la violence terroriste, doit faire l'objet de la même détermination chez les pouvoirs publics dans la manière de la combattre, mais avec d'autres moyens. Car le pays ne doit pas se féliciter d'avoir quitté la violence terroriste pour s'enfoncer dans la violence sociétale. n