Algérie

aourir 15310



aourir 15310
Village Aourir (Ifigha) : Un patrimoine à réhabiliter

Construit sur un piton haut de 1000 m d’altitude comme l’indique cette borne en béton, implanté au sommet, le vieux village Aourir, distant de 4 km de chef-lieu de la commune d’Ifigha, à 50 km à l’est de Tizi Ouzou, veut ressusciter son histoire.


Figé, le paysage ressemble à une carte postale, si ce n’est le mouvement et le son du froissement de l’herbe séchée par cette période de chaleurs qui ne dépérit pas. Ses habitants l’ont compris : cette colline ensile, d’une part, plusieurs siècles d’histoire et offre un paysage des plus fascinant de la Kabylie profonde.

Mahmoud, la quarantaine passée, est un enfant du village. Installé à Alger, il vient pratiquement chaque week-end. « Je viens souvent vadrouiller entre les artères étroites du village. Dire que j’ai grandi dans cette maison », dit Mahmoud, le regard fixé sur la porte bleue d’une vieille masure. Un tas de souvenirs s’éveille vertueusement chez ce guide d’un jour. « Il (le village) peut bien être classé comme site historique et touristique et peut drainer et recevoir des centaines de visiteurs chaque année. Ses atouts : c’est un ancien village berbère antique mais aussi authentique du point de vue de son architecture. D’ailleurs les maisons, les placettes publiques ainsi que la maison de l’imam sont parfaitement conservées. »



Des démarches ont été entreprise auprès de la wilaya de Tizi Ouzou dans le but de valoriser le lieu et le classer comme site historique et touristique. « Je crois qu’à la wilaya, il existerait un projet dans ce sens, mais on ne sait toujours pas où on en est exactement ! », poursuit-il. Excepté une vieille femme et deux autres familles, le village est totalement déserté. Sur le chemin qui y mène on peut apercevoir des poteaux électriques et un château d’eau. Des conduites d’eaux usées sortent discrètement de chaque maison. Pour ainsi dire, le village à tout pour revivre. « Nous avons l’eau, l’électricité, l’assainissement est en place », dit l’accompagnateur. Plusieurs impasses pavées de pierres donnent sur des habitations construites toutes en dur et coiffées de tuiles rouges. Délaissées, plusieurs d’entres elles ont été détruites.

«Il y en a celles qui sont tombées en ruine, à cause de l’érosion des eaux, du poids de la neige, mais parfois, saccagées par quelques incorrigibles personnes », dit-il avec regrêt. Agréable est l’ascension à travers ces ruelles qui ne dépassent pas les 3 m de largeur. « Juste l’espace qui permet à deux mulets de se croiser sans gène ! », dit, amusé, notre interlocuteur. Un chemin principal couronne la colline pour rejoindre l’autre extrémité qui n’est que le point de départ, c’est-à-dire, l’entrée, la grande place du village. Les maisons se présentent comme disposées en couronnes et serrées les unes contre les autres sur la crêtes. Du haut de la colline, les yeux du visiteur se heurtent aux massifs de l’Akfadou, des Ath Irathen, de Aïn El Hammam et de Yakouren. Le sommet domine également les plaines du Haut Sebaou, la ville d’Azazga et, à l’horizon à plus de 50 km au sud-ouest, la capitale du Djurdjura, Tizi Ouzou.



Sur le flanc de la colline, les terres sont accidentées, mais propices à l’agriculture de montagne, notamment, l’arboriculture et l’apiculture. L’on cultive des oliviers, des figuiers et la cerise… mais au pied du village les habitants y labourent des petites parcelles en potager. Se situant au centre de la région d’Azazga, le village Aourir fut la capitale du royaume de Koukou. D’ailleurs, parmi les emplacements de sanctuaires dédiés à la famille Belkadi, à travers plusieurs régions de la Kabylie, figurent deux temples, dont celui du village Aourir. Abou Al Abbas Ahmed Belkadi est selon des historiens, le fondateur de la dynastie de Koukou et roi d’Alger de 1520 à 1527. Cependant, on rapporte aussi, que l’un des sanctuaires des Aït Al Quadi est érigé dans le village Achellam, et c’est le plus important d’entre eux. La monarchie s’étendait dans un ensemble de villages : du Haut Sébaou, dont Azazga, Chorfa N’ Bahloul, Ifigha, Aït Bouada, Aourir, Achellem, Tabourt, Ouarkik... Des « fragments » de l’histoire de cette région racontent que la dynastie est fondée par le soufi Abou Al-Abbas Ahmed Belkadi en 1511. Ce dernier a joué un grand rôle en contrant les troupes espagnoles en s’alliant aux corsaires Aroudj et Kheir Eddine Barberousse.

A l’origine la royauté de Koukou fut d’abord spirituelle et maraboutique. Selon des historiens, ce qui ressort des différentes généalogies, c’est un certain Sidi Amar Belkadi qui aurait fondé la Zaouïa de Koukou, bien avant l’apparition de Abou Al Abbas Ahmed Belkadi. Aussi, Si Ahmed Belkadi qui commandait à son époque l’armée algérienne, était à la fois chef d’Etat et dirigeant spirituel. Le roi a été tué à Thenia (Tizi Nath Aïcha) en 1527.


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