Le récent atelier
international sur le gaz de schiste, organisé par l'association industrielle du
gaz (AIG) le 27 à Oran, a révélé le caractère controversé de l'exploitation du
gaz non conventionnel. M. Aoued Kaddour,
vice-président Asset management Statoil,
un acteur présent en Algérie dans le gaz conventionnel, fait le point, dans cet
entretien, sur cette nouvelle expérience que compte mener Sonatrach.
Sans détour au sujet du risque environnemental, mais aussi à propos des coûts élevés
de la filière du shale qui nécessite un coup de pouce fiscal. Si les Algériens
tiennent vraiment à produire du gaz de schiste.
Quels sont les
enjeux de l'investissement dans les hydrocarbures non conventionnels tels que
le gaz de schiste ?
Premièrement la
polémique alimentée actuellement en Europe sur cette ressource s'explique par
le fait que les gisements de gaz de schiste se trouvent dans les villes et non
pas au Sahara, dans le désert. Leur présence dans les villes pose problème pour
les populations. Or, en Algérie, la situation est différente. Les gisements ont
été localisés dans le désert. Loin des populations. C'est toute la différence
par rapport aux pays européens. Deuxièmement, il est difficile en Europe de
développer le shale sans une étude d'impact préalable de cette ressource sur la
population et l'environnement. N'importe quelle compagnie qui veut faire du gaz
de schiste, doit réaliser cette étude. Ce sont les autorités locales et
nationales qui doivent donner leur accord pour son développement ou pas. Pour
le conventionnel dans le Sud, toute compagnie qui fait dans le développement
doit inclure son impact avec l'avis et les commentaires des habitants. S'il n'y
a pas une bonne communication entre investisseurs et communauté, ça bloque et
cela devient politique aussi. Dans le cas algérien, on a déjà le conventionnel.
Pour développer ce conventionnel, on doit avoir l'approbation des autorités. Pour
le gaz de schiste, c'est nouveau. Cela n'a jamais été fait en Algérie. D'où
l'utilité de ce séminaire. C'est pour comprendre les possibilités, les
chalenges. On échange les idées et les expériences et notamment l'expérience
des Etats-Unis et de l'Argentine.
Faut-il faire le
transfert de l'expérience des Etat-Unis en Algérie ?
Aux Etats-unis, c'est
la même chose qu'en Europe mais différent par rapport à l'Algérie. En Algérie, le
sous-sol est la propriété de l'Etat tandis qu'aux Etats-Unis, c'est une
propriété privée. Il y a plus de possibilité de le développer parce qu'il y a
le land down. Ils veulent de l'argent. Et donc veulent développer cette
ressource. Alors qu'en Algérie, c'est à la charge de l'Etat. Aux Etats-Unis, par
exemple, un fermier s'il est satisfait de l'évaluation d'impact, il donne son
aval et encaisse de l'argent. En Algérie, s'il y a un gisement de shale au
désert, en principe son exploitation est facile du point de vue environnement
et du point de vue impact aussi. C'est l'avantage de l'Algérie par rapport aux
autres pays. Pour le moment, il y a que l'expérience américaine et une petite
expérience en Argentine. Pour se lancer dans cette expérience, on a besoin
d'eau. Il faut, donc, savoir faire le management hydraulique.
Certains opposants
au développement de gaz de schiste mettent en avant l'argument de la pollution
de nappes phréatiques, comment évaluez-vous ce risque ?
Pollution de
nappes phréatiques, tout ça fait partie de l'évaluation. Aucune société ne sera
autorisée à développer le gaz de schiste sans une étude préalable sur son
impact sur l'environnement. L'effet sur les ressources d'eau fera partie de
cette équipe. Les ressources dépendent du data utilisé pour analyser. Le data, c'est
en géologie. On a foré combien de puits ? Pas encore un seul pour le schiste en
Algérie. On a foré des puits pour le conventionnel. C'est pourquoi on a
plusieurs variations. Ce n'est pas encore finalisé. Il faut donner le temps aux
organismes concernés de faire des estimations nécessaires. Ils sont en train de
travailler dessus.
Le coût de revient
de cet investissement pose aussi problème, qu'en pensez-vous ?
Pour le moment, l'Etat
algérien a un régime fiscal pour le conventionnel. Pour les non conventionnels,
le ministre a indiqué qu'ils sont en train de le revoir. Sonatrach
et les investisseurs étrangers ont fait pas mal d'investissements dans des
projets dans le conventionnel. Un investissement qui a montré que ces gisements
sont rentables et les investisseurs peuvent avoir une rémunération acceptable
sur leur investissement. Maintenant sur la flexibilité de la loi, c'est aux
autorités de décider. Si l'Algérie veut que les investisseurs étrangers
investissent dans le pays, il faut un système fiscal encourageant pour que les
investisseurs viennent placer leur argent ici. Il y a une compétition mondiale
sur les capitaux. Le marché algérien doit être attractif par rapport à la Pologne, l'Argentine et
les Etats-Unis.
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Posté Le : 06/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hafidh Abdelsalam
Source : www.lequotidien-oran.com