Algérie

Antonio Mazzitelli. Représentant de l?ONUDC en Afrique de l?Ouest (Dakar, Sénégal)



« La bande du Sahel inquiète »  Est-ce que la filière Afrique de l?Ouest est un phénomène nouveau ?  En tant qu?experts, nous suivons ce phénomène depuis plusieurs années et toutes les saisies actuelles confirment ce que nous savions déjà depuis au moins quatre ans : la situation s?est détériorée. On est passé de quelques saisies sporadiques à des saisies régulières, ce qui veut dire que le trafic de cocaïne s?est consolidé et est de plus en plus présent en Afrique de l?Ouest.  Quelles sont les raisons premières de ce transfert d?itinéraire ?  Il y en a plusieurs, d?abord le développement de la demande du marché européen et l?émergence des nouveaux marchés (Afrique du Sud par exemple, le Moyen-Orient, etc.). Ensuite, la fermeture et le contrôle des routes directes du trafic à travers l?Atlantique de l?Amérique du Sud vers l?Europe ont poussé les organisations criminelles à diversifier les itinéraires et à en trouver de nouveaux. Sans oublier bien sûr la situation d?incapacité structurelle de certains pays de l?Afrique de l?Ouest, qui empêche les institutions et les pouvoirs publics à y faire face. On prend le cas le plus cité, celui de la Guinée-Bissau qui n?a aucun moyen pour réprimer ces trafics parce qu?on n?y arrive pas à payer les fonctionnaires. Pour les autres pays de l?Afrique de l?Ouest, et depuis quelque temps l?Afrique du Nord, la difficulté est que l?on sous-estime le problème en justifiant qu?ils ne sont que des pays de transit. Or, même si c?est le cas, l?argent de la drogue menace sérieusement la stabilité de ces pays-là.  Il s?agit de l?autre phénomène accompagnant le trafic de drogue : le blanchiment d?argent?  C?est un phénomène important accompagnant le trafic de drogue. Et en plus, on assiste à une déformation des repères éthiques : c?est le règne de l?argent facile à tous les niveaux, des institutions aux jeunes chômeurs qui, pour 1000 euros, peuvent aider à faire passer 2 kilogrammes de cocaïne en Europe.  Vous évoquiez les nouveaux marchés de la cocaïne?  Oui, comme en Afrique du Nord ou l?Afrique du Sud : l?augmentation des richesses dans un pays peut également s?accompagner, dans certains cas, d?un attrait vers la cocaïne, présentée comme une drogue de sociabilité (dans les discothèques par exemple), une drogue facile, on aime à montrer qu?on a les moyens de s?en procurer, etc.  Quelles solutions face à ce phénomène ?  Il y a une prise de conscience chez les institutions des pays de l?Afrique du Sud. Lors du dernier sommet de la Communauté économique des Etats de l?Afrique de l?Ouest (CEDEAO), les chefs d?Etat ont mandaté les Comités interministériels de lutte anti-drogue (CILAD) pour préparer une stratégie et un plan d?action urgent qui devront être présentés en décembre prochain. Mais la réponse à ce phénomène ne peut pas être que régionale, elle doit émaner de chaque pays : les Etats doivent privilégier la lutte contre le trafic dans leurs propres budgets nationaux.  Comment voyez-vous l?évolution du trafic de drogue en Afrique ?  Une des prochaines sources de préoccupation est la bande du Sahel. Il existe une route pour le trafic du haschich en grandes quantités qui traverse la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Tchad, le Soudan et l?Egypte. Ce trafic a besoin de ceux qui contrôlent les territoires, les rebelles, les terroristes, etc.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)