Antoine Messarra. Politologue (Fondation libanaise pour la paix civile permanente à Beyrouth)
« Une volonté de créer le vide politique » Que signifie pour vous l?assassinat du général François El Hajj ? C?est une preuve supplémentaire, si besoin est, que c?est l?Etat libanais qui est ciblé, l?objectif étant de créer le vide politique et institutionnel et utiliser le Liban comme un champ de bataille régional. L?attentat est dangereux car il a ciblé l?armée qui a remporté une grande victoire contre Fatah El Islam (les combats pour la reprise du camp palestinien ont fait 163 morts parmi les soldats et au moins 222 chez les islamistes du 20 mai au 2 septembre). L?autre élément est que cet assassinat intervient après l?accord de la candidature à la présidence de la République du chef de l?armée, le général Michel Sleimane et François El Hajj était parmi les favoris pour remplacer Sleimane à la tête de l?armée. A qui profite le vide politique ? Il n?y a pas de vide institutionnel. On aurait pu avancer cela si la Constitution n?existait pas, alors qu?elle prévoit des mécanismes précis pour éviter justement ce vide. En revanche, il y a au Liban une volonté de créer ce vide politique, une volonté non démocratique. A chaque fois qu?une partie libanaise, la majorité, propose une avancée pour réaliser le consensus, l?opposition dit « oui on prend » sans donner de contrepartie. Est-ce que la société libanaise craint un retour à la guerre civile ? Oui, il y a une appréhension. Si jamais il y a des parties qui financent, qui arment. Mais en cas de guerre civile, ce sont toutes les parties libanaises qui seront perdantes. Quant au terrorisme, le Liban en est devenu un champ d?expérimentation. Un défi pour toute la communauté internationale. Si il triomphe ici, ça sera la contagion dans la région.
Posté Le : 15/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Adlène Meddi
Source : www.elwatan.com