Belkhadem a-t-il commis un impair politique ? Le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, s’est-il mis dans un réel embarras en voulant forcer la main au Président Bouteflika pour l’amener à procéder à un remaniement ministériel sélectif ? La suggestion de Belkhadem a en effet de quoi étonner plus d’un observateur. La demande écrite introduite auprès d’El Mouradia ne relève pas des us et coutumes propres au protocole officiel. Elle sonne comme une urgence à faire aboutir au plus vite. Et c’est là que le bât blesse. Le Président de la République n’a pas coutume de répondre à une injonction, même écrite et formulée habilement. Le premier magistrat du pays, qui aime «tenir les cartes en main» et abhorrer les situations où il est mis en «difficulté», ne tardera pas à réagir, et certainement violemment envers son Chef du gouvernement et SG du FLN. Cet «impair» commis par Abdelaziz Belkhadem lui vaudra-t-il sa place ou sera-t-il remis à l’ordre par le Chef de l’Etat? A en juger par la nature de la proposition émise, le Chef du gouvernement demande ni plus ni moins au locataire d’El-Mouradia que de s’aligner sur ses propositions en accédant d’abord à sa demande et ensuite en respectant les noms de ministères à pourvoir qu’il a cochés sur son calepin. Pourtant, ces prérogatives, qui appartiennent au seul Président de la République et constitutionnalisées par le document de référence, ont été jusque-là respectées à la lettre depuis son intronisation à la tête du pays en 1999 et jamais remises en cause. Or, qu’est-il arrivé aujourd’hui pour que le Chef du gouvernement agisse en violation du code officiel et court-circuite la Présidence, la seule institution habilitée à annoncer de telles décisions? Peut-être que le jeu qui consiste à opposer un rapport de force avec le sérail a tourné court et désavantagé le clan qui s’agrippe à l’idée de changer la composante actuelle du gouvernement. Ou que le Président Bouteflika ait décidé lui aussi de «lâcher du lest» pour bien ferrer sa proie et décider ensuite des suites à donner. Cette éventualité n’est pas à écarter, estiment certaines sources qui ajoutent que le silence de Bouteflika sur cette question est déjà un désaveu clair en direction de son Chef de gouvernement. Dans l’entourage partisan de Belkhadem, des voix commencent déjà à évoquer une «erreur d’aiguillage» en affirmant que le parti FLN n’a jamais inscrit cette revendication dans son agenda politique. D’autres voix au sein du parti FLN tentent, par contre, de mettre sur le dos des journalistes présents lors de cette annonce faite face au micro de la chaîne II que les propos de Belkhadem ont été peu ou prou «compris». Par ces artifices, ils essaient ainsi de tempérer et de gérer cette «mini tempête politique» qui n’a pas encore dévoilé ses tenants et aboutissants. La prochaine sortie publique du Président de la République, annoncée pour aujourd’hui à l’occasion de la rencontre africaine sur le nucléaire, devrait en principe l’amener à sortir de son silence et répondre à son Chef du gouvernement sur l’utilité ou non d’un changement. Nous avions évoqué, lors de nos précédentes éditions, le veto émis par le Chef de l’Etat qui a décidé de surseoir à cette option en laissant le soin à l’actuelle équipe de Belkhadem la gestion des futures élections communales et législatives.
Posté Le : 09/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com