Algérie

Annie Fiorio Steiner



Mémoire - Un hommage a été rendu, hier, à Annie Fiorio Steiner, la Moudjahida, témoin et participante à la guerre de Libération nationale.Cette rencontre, qui a eu lieu au centre culturel de la Radio nationale, a été initiée par la Chaîne 3 et ce, dans le cadre de la célébration du 8 Mars. Elle avait pour thème «l'écriture féminine, 50 ans de mémoire».
Selon les organisateurs, cette rencontre se veut «un lien, une passerelle entre les témoins de la Révolution de 1954 et les générations de l'Algérie indépendante».
Dans son intervention, Annie Fiorio Steiner, du haut de ses 84 ans, est revenue sur son parcours militant pour une Algérie libre et indépendante. Elle a remémoré avec beaucoup d'émotion et de passion son engagement dans la cause algérienne et son combat aux côtés d'autres moudjahidate dont celles qui étaient d'origine pied-noir pour l'indépendance de l'Algérie.
«L'injustice m'a beaucoup révoltée, et c'est la raison pour laquelle je me suis investie dans cette cause aux côtés de mes s?urs algériennes», a dit la militante qui a fait l'objet d'un livre réalisé par la journaliste Hafida Ameyar.
Une cause qu'elle a faite sienne. «J'étais concernée par les souffrances du peuple algérien et les injustices qu'il subissait, car l'Algérie a connu la forme de colonialisme de peuplement la plus dure», a-t-elle ajouté.
Annie Fiorio Steiner a, en outre, raconté les différentes étapes de son militantisme national : le combat, l'incarcération, la souffrance des geôles, la solidarité agissante entre les prisonniers, les familles des détenus, la guillotine, les condamnés à mort appelés à être exécutés de façon barbare.
Annie Fiorio Steiner a fait l'objet de plusieurs arrestations, trois en France et trois en Algérie dont Barberousse.«A Barberousse, se rappelle-t-elle, la première exécution que j'ai entendue, c'est celle de Fernand Yveton, avec Mohamed Ouennouri, et Mohamed Lakhneche. Ils étaient trois. Ne séparons pas ceux que la mort a unis. La Révolution a été profonde parce que c'est la base qui l'a faite. Je parle des jeunes femmes qui ont rejoint le maquis et quitté la maison familiale. Les jeunes filles sont parties sans avoir à demander l'avis du père, du frère ou de quelqu'un d'autre». Elle a raconté ces moments terribles, elle a décrit ces images de souffrances, elle a relaté les conditions de détention mais surtout de ce fort sentiment de «solidarité qui nous a permis de tenir unis».
Mais elle a aussi évoqué les moments de joie et de liesse.
«C'était la nuit du 1er-Novembre où, à minuit, tous les prisonniers se sont mis à l'unisson à scander des chants patriotiques et à applaudir. Bien sûr, on a été punis.»
Annie Fiorio Steiner se souvient des premiers moujahidine à avoir été guillotinés : Ahmed Zabana, puis vint le tour de Fernand Hyveton et bien d'autres encore.
- Hafida Ameyar, l'auteure de «La Moudjahida Annie Fiorio Steiner, une vie pour l'Algérie» qui a été édité par l'association des amis de Hamid Benzine, dira, dans son intervention : «C'est une façon d'honorer Annie Fiorio Steiner, qui est aussi une façon de parler du combat des femmes à travers le parcours de cette grande militante.» «Ecrire sur cette dame est un choix délibéré de par la particularité de ses origines pied-noir, une minorité qui s'est impliquée dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie», a ajouté Hafida Ameyar. Et de poursuivre : «il s'agissait aussi pour moi de faire connaître à la nouvelle génération ce pan d'histoire et corriger ce qui pouvait provoquer un dérapage...».Quant à Youssef Sayah, critique littéraire, il déplore la quasi absence d'ouvrages recensés sur les moujahidate algériennes. «Ce travail n'est même pas fait. Rien n'est mentionné sur ces moujahidate, même pas ce qu'elles faisaient, ne serait-ce que la galette ou soigner les malades. Rien n'est dit sur elles.»Ainsi, Youssef Sayah a regretté l'absence de travaux concernant la lutte des femmes, y compris dans leur quotidien.


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