Algérie

Ankara adopte des sanctions économiques contre Damas



Ankara adopte des sanctions économiques contre Damas
Après l'Union européenne, Washington et la Ligue arabe, la Turquie a décidé à  son tour, hier, d'imposer des sanctions économiques et financières à  la Syrie afin de contraindre le régime de Bachar Al Assad à  céder le pouvoir. La décision de la Turquie, pays qui entretient depuis les années 2000 des relations économiques denses avec Damas, était prévisible dans la mesure où le gouvernement de Recep Tayyip Erdo'an avait déjà beaucoup mis la pression, ces derniers jours, sur la Ligue arabe pour qu'elle isole économiquement la Syrie. De nombreux observateurs soutiennent d'ailleurs qu'Ankara se sert de l'organisation panarabe comme couverture pour asseoir sa propre politique dans la région. Dans une déclaration à  la presse, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a ainsi fait savoir que ces sanctions comprennent notamment un gel des transactions commerciales avec le gouvernement syrien ainsi qu'un gel similaire entre les banques centrales turque et syrienne. Outre ces mesures, Ankara suspendra également sa coopération stratégique avec Damas et bloquera toute livraison d'armes à  la Syrie. Les crédits turcs destinés à  la Syrie seront, en outre, interrompus.
Quoi qu'il en soit, cette batterie de sanctions devrait peser lourdement sur l'économie syrienne, dont le fonctionnement dépend de ses échanges commerciaux avec de nombreux pays de la région. Ce n'est pas tout. La Turquie peut se faire encore plus persuasive si elle décide d'interrompre ses exportations d'électricité en direction de la Syrie.
Entre-temps, sur le terrain, les violences ne se sont pas arrêtées en dépit de la décision de Bachar Al Assad de faire libérer 912 détenus «impliqués» dans la contestation anti-régime et d'initier une autre série de réformes politiques. Deux personnes sont encore mortes, hier, lors d'une manifestation à  Idleb, au nord-ouest de Syrie, au moment où des affrontements entre forces de sécurité et groupes armés, probablement des éléments de l'ASL, ont eu lieu à  Daël, près de Deraa (sud).
La Russie campe sur sa position
L'information diffusée dans la journée par l'Observatoire syrien des droits de l'homme confirme par ailleurs que la Syrie s'enfonce chaque jour un peu plus dans la guerre civile. Selon un récent communiqué de l'ONU, plus de 3500 civils ont été tués dans ce pays depuis l'éclatement des manifestations anti-régime, à  la mi-mars. De son côté, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al Moallem, a précisé que plus de 1100 membres du personnel de sécurité avaient été tués  par «des groupes terroristes».
Toujours est-il qu'après 8 mois de tueries, la communauté internationale, et particulièrement l'ONU, se montrent toujours dans l'incapacité de peser sur le dossier pour arrêter la logique meurtrière dans laquelle a sombré la Syrie. La cause de cette paralysie ' Les grandes puissances n'arrivent toujours à  s'entendre sur un plan de sortie de crise et, bien évidemment aussi, sur le sort qui doit àªtre réservé au régime de Bachar Al Assad. La Maison-Blanche a fini d'ailleurs par reconnaître l'existence de divergences sur la question avec la Russie. A ce jour, Moscou ne veut entendre parler ni de sanction et encore moins d'ultimatum dans le cas de la Syrie.
Mais étant donné que la Maison-Blanche ne voit pas, pour le moment, l'intérêt d'un bras de fer avec le Kremlin avec lequel les Américains entretiennent d'«importantes relations», il est à  parier que la crise syrienne reste caractérisée, pendant encore de longues semaines, par le statu quo. Cela durera, sauf si effectivement, la Turquie – qui bénéficie d'une certaine autonomie par rapport à  l'Occident et qui veut à  tout prix confirmer son statut de puissance régionale – décide de faire autrement. Ce qui est déjà un peu le cas, d'ailleurs.


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