Algérie

Animation culturelle à Mila



Une ambiance morose Une fois n?est pas coutume, l?antique Milev s?en est sortie majestueusement gratifiée, à l?issue d?une enviable quinzaine ramadhanesque, riche en soirées artistiques et que d?aucuns ont qualifié de très bonne facture. Mila, qui à l?occasion s?est parée de ses plus beaux atours, doit une fière chandelle à l?homme providence de la culture, Taibi Ali, véritable cheville ouvrière qui a contribué au succès éclatant de cette manifestation qui fera longue date dans les annales. Si la population de la capitale de la wilaya s?en est mise plein la vue et les oreilles deux semaines durant devant un programme on ne peut plus voluptueux, elle le valait bien à l?évidence. Mais, il faut convenir - sans pour autant dénigrer le secteur de la culture qui, au demeurant, a marqué des points - qu?il y a dans cette partition joyeuse et conviviale comme un petit goût d?inachevé ou une petite discordance de tonalité vu que la quasi-totalité des autres régions de l?intérieur de la wilaya ont été tenues à l?écart de toute jouissance artistique. Cela étant, c?est une lapalissade de dire que les autres peuplades des contrées reculées de la wilaya, donc de milliers de jeunes férus d?art et de musique, auront ressenti cet oubli comme une frustration supplémentaire. Pour se convaincre davantage que cette impressionnante frange de la société vit en retrait de toute évolution culturelle, il n?y a qu?à arpenter les sentiers habituellement désertés de ces localités vouées aux gémonies, pour s?apercevoir que les privations dissimulées et les désespoirs enfouis des riverains sont d?une acuité insupportable. A tel point que leurs soirées de Ramadhan sont aussi insipides et moroses que l?angoissant quotidien des mois de toute l?année. Hormis le chef-lieu de wilaya qui a été copieusement servi pendant ce mois de jeune cuvée 2005, et à un degré moindre la ville de Ferdjioua qui abritera l?ultime présentation de la pièce du théâtre régional de Batna (TRB), laquelle a été initialement programmée à la salle Milev, les autres communes ont été, avouons-le, vouées aux calendes grecques. Quelques modestes veillées « underground », organisées au niveau de certains chefs de daïra, ont tenté de débrider l?atmosphère « tristounette » et les soirées creuses de quelques peuplades, sans grand résultat. Pour l?heure, les citoyens de ces agglomérations mises en quarantaine n?ont pour unique défouloir et détente que les longues parties de dominos et de cartes, passées dans les cafés crasseux et enfumés du patelin. Après la prière des tarawihs et les moments de discussions mondaines animées autour de boissons rafraîchissantes, les derniers groupuscules s?estompent à la faveur du marasme et du spleen coutumier qui reprennent leur droit. De là à induire que le sacré principe de l?alternance a été, une fois de plus, sacrifié sur l?autel de quelques considérations subjectives et que la notion du progrès, de la modernité et du développement est différemment perçue d?une région à l?autre, il n?y a qu?un pas à franchir.


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