Algérie

Angoisse(s)Edito : les autres articles


Le Ramadhan de cette année n'a pas dérogé à la tradition, il a eu son lot de morts par violence routière et par balle terroriste, et contribué à appauvrir davantage la population, sous l'effet de la spéculation sur les prix que ni les interventions (dérisoires) de l'Etat ni le climat général de piété ne sont arrivés à contrer. Exsangues, les Algériens devront affronter la seconde partie d'un été particulièrement caniculaire dont très peu s'en préserveront en s'offrant de vraies vacances et cela avant de subir les durs assauts de la rentrée scolaire. Tout cela n'est (presque) rien pour la population habituée à vivre avec une forte dose de malheur, si ce n'est l'énorme angoisse qui l'étreint à propos de son avenir à moyen terme. Pour la première fois depuis 1999, les Algériens n'ont pas vu leur Président à la cérémonie religieuse du 27e jour du Ramadhan, signe qui ne trompe pas sur le niveau de gravité de son état de santé.Comme on ne leur dit rien officiellement, ou seulement des mensonges bien ficelés, alors ils s'imaginent le pire : pas pour Bouteflika qui, comme tout être humain, subira ce que Dieu a décidé pour lui, mais pour la succession au président. Va-t-on, comme durant son séjour en France, entretenir l'illusion que le chef de l'Etat est toujours aux commandes, à coups de communiqués balancés via l'APS par les journaux télévisés (multipliés par dix) ' Une illusion qu'il faudra nourrir plusieurs mois, jusqu'au lancement de la compétition électorale pour la présidentielle d'avril 2014. Ou alors dire dès maintenant la vérité au peuple sur l'incapacité totale du chef de l'Etat à gouverner jusqu'à cette date, assez lointaine et de ce fait aller plus loin, c'est-à-dire faire jouer le fameux article 88 de la Constitution qui met en place les mécanismes de l'après-Bouteflika jusqu'au scrutin présidentiel. Est-ce qu'il faudra perpétuer le statu quo ravageur ou bousculer les choses, voiler encore la vérité ou donner un coup de pied dans la termitière ' Un dilemme sans solution qui alimente l'angoisse des Algériens. Lorsque Boumediène s'était trouvé dans le même cas que Bouteflika, l'armée et le parti unique, main dans la main, avaient pu, après quelques man'uvres, trancher et dépasser la crise.
Aujourd'hui, si elle a gardé quelque influence, l'armée est sérieusement affaiblie et divisée, tandis que les partis du pouvoir ont implosé au milieu d'une noria de formations créées artificiellement pour brouiller les cartes et de quelques partis traditionnels englués dans des crises internes. Le système mis en place par Bouteflika a fait émerger une gigantesque collusion d'intérêts politiques et mafieux, ce qui a dilué la décision politique au profit des clans aux desseins mafieux. Le clan dominant est sans conteste le clan présidentiel agissant avec ou sans leur chef et mentor. Avec effroi, le peuple a appris que le maître du pétrole algérien, un protégé du chef de l'Etat, a pendant des années bradé et détourné l'argent de Sonatrach à son profit et à celui de puissants de la nomenklatura. Chakib Khelil est resté impuni, ce qu'aucun citoyen ne comprend, même si celui-ci sait, édifié par l'affaire Khalifa, que ce sont toujours les seconds couteaux qui payent.
Un pillage des ressources à large échelle, savamment organisé alors que pointe un assèchement des ressources provenant des exportations des hydrocarbures, perspective qui accentue encore plus l'angoisse d'une population qui sait que lorsque viendra le moment de la disette, ce sera elle, et elle seule qui la subira. Les puissants auront eu le temps de couvrir leurs arrières, notamment par des placements à l'étranger. Le summum du désespoir enfin pour la population est son incapacité à réagir aujourd'hui contre le système qui a réussi à faire dévier le vent du changement démocratique.
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