Ancien gardien de but international Nassou, une légende vivante, qui sombre dans l'oubli

Histoire - Après avoir rencontré une légende comme Mohamed Nassou, un des artisans de la grande épopée du football national, les qualificatifs manquent pour traduire les purs moments de nostalgie.
Pour dire la grandeur et la stature de l'homme, une première facette de son caractère droit et entier nous fut dévoilée avant même de le rencontrer. Arrivant avec un quart d'heure de retard, ammi Mohamed nous dira au téléphone : «Vous avez fauté, vous assumez ! Je ne vous reçois pas. Refaites demi-tour.» Cela, avant d'apparaître depuis sa fenêtre et nous demander de monter.
Dès que nous sommes arrivés, il nous a balancé une phrase qui voulait dire un tas de choses. «Si je vous ai dit de ne pas vouloir vous recevoir c'est pour que vous appreniez à être ponctuels à l'avenir !». Première leçon donnée avant même d'entrer dans le vif du sujet.
En entrant, il nous a conduits dans sa chambre, qu'il ne quitte presque plus à cause de sa maladie. Agé de 74 ans, ammi Mohamed souffre en silence d'une hémiplégie (côté gauche) suite à un accident vasculaire.
Mais bien qu'il soit frappé d'un certain ostracisme par le monde du football et sombre un peu plus chaque jour dans l'ingratitude et l'oubli affichés à son égard, par ceux qui sont sensés le soutenir, l'homme n'a pas baissé les bras et n'a jamais abdiqué devant son destin. La preuve, il a pris le dessus sur sa maladie et s'est remis à marcher.
Un courage exemplaire ! Son quotidien est marqué par cette routine puisqu'il ne quitte pratiquement son domicile que dans des cas bien précis ou lorsque l'un des ses anciens coéquipiers et/ou nostalgiques viennent lui rendre visite et décident de le prendre pour une petite promenade.
Il prend son mal en patience et avoue avoir accepté tout ce que Dieu lui a donné.
Il attend des jours meilleurs et affirme qu'il doit son salut à ses petits-fils, qui l'entourent et ne le laissent jamais seul. «Je ne me sens jamais seul en leur présence», nous dira-t-il. En nous recevant, ammi Mohamed, qui demeure une personne très agréable à vivre, très sociable et modeste, nous a parlé, avec beaucoup de fierté, de sa grande carrière de footballeur et des ses années passées sur les terrains algériens, surtout au CRB qu'il juge les meilleures. Cependant, c'est avec un c'ur meurtri qu'il parle du mépris des autorités sportives algériennes qui ont mis les anciens joueurs aux oubliettes. Il n'a pas oublié d'évoquer le niveau «médiocre» du football algérien actuellement.