Algérie

Analyse oiseuse au «pays du bras»



Selon l'ONS - chiffres rapportéspar un confrère - « 40,6% des travailleurs ont eu recours à leurs relationspersonnelles et familiales pour trouver l'emploi qu'ils exercent ». Dans le tas,les mécanismes réguliers de l'Etat et les « anciens dispositifs » ne réalisentdes recrutements « normaux » qu'à hauteur de 6,8%. En plus direct, comme letitre de l'article de nos voisins l'indique, le Piston reste la secondeinstitution nationale après le Bras. Deux générations d'Algériens ont grandidans les parages sonores et les champs lexicaux de cette mécanique composéed'huile, de volume d'air, d'une tige, d'une chambre de travail et deux clapets.Dans l'imaginaire passif, face à un tableau surréaliste ou un mouvement dependule, l'inconscient de l'Algérien évoque Chadli, le socialisme, lerégionalisme, l'autisme, l'islamisme naissant, la crise en Kabylie, lebureaucrate, Souk El-Fellah, le beurre acheté encachette, les guichets bas qui vous obligent à vous courber, le bonhomme à quion paie le café dès qu'il prend chaise, la Honda civique de l'époque, la Kasma et le murmure avec les yeux à la place des lèvres. Parla suite, le Piston, moyen de soulever un poids, faire tourner un moteur, accéderà un niveau de rotation alimentaire satisfaisant, a pris d'autres synonymesdont l'analyse acide reste à faire. D'abord « Les épaules », avec référencedirecte soit au galon, soit à la largeur des épaules, signe de physionomiecorpulente et donc de musculature impressionnante et donc de force capable desoulever les montagnes pour voir si elles ne sont pas assises sur un procheparent.

Par la suite, aussi le mot prit son virage et épousa sonépoque : on parlera alors « d'intervention ». Une sorte de jeu ponctueld'influences, sur le mode du raide anti-terroriste et de la démonstration deforce ou de poids dans l'ordre d'une hiérarchie donnée. Le mot étant, pour lemoment, le plus à la mode, synonyme soft et presque élégant de son ancêtre lePiston démodé par le numérique. Est-ce tout ? Non. Le plus croustillant dans lechiffre de l'ONS, c'est qu'il s'agit d'un chiffredéduit sur le seul secteur de l'emploi. L'emploi n'étant pas que le travail ausens propre, on se retrouve à rêver de paramètres mathématiques pouvantquantifier le poids du Piston et de l'intervention dans le restede la vie nationale. Question donc : d'où un homme tient-il son « influence »et pourquoi ? D'abord de son argent. Un homme riche possède de l'argent pouracheter les hommes plus pauvres sachant qu'ils sont plus nombreux. Mais EnAlgérie, un homme riche n'est jamais seul et paye même pour être riche, pour lerester ou pour pouvoir s'enrichir. Au dessus, dans « le pays du bras », on peutavoir le bras long mais cela ne sert à rien s'il n'est pas rattaché à un «corps », le « corps ». Une institution en Algérie mesure sa force à sa capacitéd'intervenir dans tous les domaines, à tous les niveaux et à tout moment partéléphone. C'est le top sur la liste des influences. Reste que la question, commepour la poule, son oeuf paradoxal et le reste du cosmos, reste posée : D'où uneinstitution précise tire-t-elle son pouvoir ? 1°- Du peuple s'il est idiot, manipulableet peureux. 2°- De ses dossiers s'ils sont épais, lourds et citant despersonnes encore vivantes et tremblantes. 3° - De la capacité de nuisance, depression, de douleur et de calomnie. On est donc presque d'accord mais celareste une énigme à l'origine : d'où vient le pouvoir en Algérie ? Du pouvoir. Ona beau être le plus puissant en Algérie, capable d'intervenir même dans les PVde la Soummam, il reste qu'aujourd'hui on est encore dépendant de ses actes etde ses tuteurs. Lesquels ? La vox populi parle de fournisseurs français, d'amisitaliens, de coéquipiers espagnols, etc. A la fin, on se retrouve à réfléchirsur l'Amérique, Rice, l'impérialisme et le reste del'humanité.

Le Piston comme la capacité d'intervention ne se mesurentpas : comme l'âme ou la douleur dentaire, elles se vivent, se sentent, sedevinent, s'usent ou s'affirment avec le temps. C'est une sorte de quantitéquantique, indétectable à l'oeil nu mais à la base de la matière nationale. Saufqu'en Algérie, l'exception « double » les institutions et la normalité au pointde raviver les plus vieux démons de l'indigénat et de servir de mode dehiérarchie à la place des pieds, de la station debout et du cerveau. Oncomprendra alors le geste de cet Algérien qui a demandé à G. Bush d'interveniren Algérie pour lui obtenir une audience auprès de Bouteflika.




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