Algérie

Analyse : Le pôle médicaments, dernière surprise temmarienne



La longévité dans les fonctions ministérielles ouvre sur tous les possibles. Ainsi, Abdelhamid Temmar a beaucoup changé depuis fin 1999 lorsqu?il est arrivé dans le premier gouvernement de l?ère Bouteflika. Il s?est repenti de manière touchante de certaines de ses vues expéditives sur le diagnostic économique, il croit désormais en une politique industrielle pilotée par l?Etat. Il serait même devenu attentif au point de vue des défenseurs du secteur public, comme le montrerait son attitude dans la négociation avec Dubai World Ports pour la cession à 50% de l?exploitation des terminaux à conteneurs d?Alger et de Djendjen, négociations où il a accepté de monter les exigences algériennes au risque de perdre l?investisseur étranger, qui a finalement tout accepté. Abdelhamid Temmar n?a pas fini de surprendre jusqu?au bout. Sa dernière proposition au sujet de l?avenir de la production nationale de médicaments a totalement désarçonné le microcosme. Face à la déprime des producteurs nationaux de médicaments qui pour une grande partie d?entre eux ont renoncé à l?importation pour se lancer dans des investissements à grands frais financiers, le ministre de l?Industrie et de la Promotion des investissements a proposé tout simplement une fusion avec Saidal. Il s?est montré fort généreux en offrant de financer par des bureaux étrangers - une tradition de la maison Temmar - les études d?ingénierie de ce rapprochement capitalistique entre le champion national du médicament et les producteurs privés qui souhaiteraient sortir de leur spleen. Mais quelle est donc l?origine de la déprime de ces nouveaux et moins nouveaux investisseurs nationaux dans le secteur du médicament ? « Une trahison de l?Etat algérien. » Il a encouragé à investir dans la production dans une logique de substitution aux importations. Et une fois à peine engagé le mouvement, il a totalement ouvert le marché du médicament. Concession incompréhensible à d?incompréhensibles négociations d?accession à l?OMC. Les conséquences sont contestées par les représentants du gouvernement qui affirme que la part de la production nationale est en croissance et que les investissements ne sont pas retombés en dépit de l?ouverture. Dans les faits, les producteurs n?arrivent pas à tenir leur business plan. Leurs parts de marché sont parfois jusqu?à 50 fois inférieures à ce qu?elle était assurée d?être dans un marché semi-protégé au moment de la décision de l?investissement entre 1998 et 2004. La bosse de la dette financière bloque le compte d?exploitation. C?est la descente aux enfers. Pour ne pas se faire saisir par son partenaire banque et continuer à payer les traites, on importe moins de matières premières, on communique moins et on produit moins. La réponse réclamée par quelques-uns des investisseurs est un moratoire de cinq ans sur l?importation des lignes de médicaments satisfaites par les producteurs nationaux. Sous contrainte de prix encadré. « Impossible », rétorque Temmar. On ne peut pas revenir en arrière, le commerce est libéré, il faut s?adapter. D?où l?idée de l?année, après celle de la ligne bleue sur la rocade sud d?Alger, faire fusionner Saidal et les producteurs privés. Temmar de 2007 est décidément différent. Il n?y a pas si longtemps, il aurait proposé un road show dans le Morbihan ou au Tyrol pour faire la promotion du partenariat avec les producteurs privés algériens dans le domaine du médicament. Il semble en être revenu. Le partenaire qu?il propose cette fois est basé dans le Titteri et c?est un poids lourd du secteur public. Les producteurs privés en difficulté cherchent eux seuls les solutions pour en sortir. Et bizarrement, cela passe le plus souvent par les partenaires étrangers que n?a pas réussi à ramener l?ancien Temmar. Une dernière surprise avant le départ. Et si Abdelhamid Temmar nous offrait une étude d?un bureau étranger qui analyserait l?impact réel - dans le secteur et globalement ? d?une clause algérienne restrictive de la liberté d?importer certains médicaments. Juste pour voir. Après tout, on nous avait bien prédit la mort si on touchait à la loi sur les hydrocarbures de Chakib Khelil?


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