Algérie

Analyse : L?agenda 2008 de la nouvelle donne financière



Une fois de plus, il faut refaire ses comptes. Octobre tire la moyenne annuelle du prix du baril très haut. Plus haut que jamais. Les 54 milliards de dollars, cet horizon insensé déjà chevauché en 2006, seront dépassés en 2007. Scénario-surprise ? Pour ceux qui ont voulu ne pas voir. Nous sommes rentrés en 2003 dans une nouvelle période de l?histoire de l?énergie fossile. Le pétrole et le gaz coûteront durablement plus cher. La pause « relative » sur le palier des 55 dollars en 2006 est derrière nous. Le nouveau palier pour 2007 est 10 dollars plus haut. Et le pic symbolique du brut léger américain a plus de 90 dollars jeudi dernier est bien l?annonce d?une autre ère du prix de l?énergie. Les autorités algériennes ont dès le début de ce nouveau cours choisi de faire dos rond. Et de fermer les yeux. S?il y a des revenus additionnels pour le budget de l?Etat, qu?ils soient les bienvenus. Mais surtout ne rien faire qui laisse entendre qu?il s?agit d?une tendance lourde qui modifie les échelles de la finance publique. Les conséquences de cette malice paysanne s?accumulent sur le tableau de bord de l?économie nationale. Les recettes énergétiques se sont accrues dans un rythme et selon une persistance que les autorités n?ont pas voulu intégrées dans leur prospective. 20 milliards de dollars devenus bientôt 60 milliards de dollars répétitifs. L?Exécutif algérien s?est donc privé des moyens de planification d?une onde économique nouvelle. L?organisation des priorités des dépenses publiques est parasitée par des révisions annuelles. Forcément coûteuses. Une intégration de la perspective de revenus qui ne reviendront pas sous les 40 dollars le baril sur les dix années à venir était nécessaire au moins depuis 2005. Elle aurait donné une anticipation stratégique à la gouvernance économique. Le timing du lancement des grands chantiers, le standing des projets, le choix des filières technologiques, l?étendue de la réforme fiscale qui réduit la pression sur les entreprises afin d?encourager leur croissance, l?ampleur des augmentations des salaires publics afin d?améliorer la performance du service public au c?ur de la « croissance molle » algérienne, les programmes de recherche développement, l?approche des négociations commerciales multilatérales, la politique de l?accueil des investissements : rien n?est pareil, ni placé dans le même ordre selon que le budget de l?Etat pèse deux mille ou huit mille milliards de dinars durablement. La seule concession obtenue ces sept dernières années aura été la conférence nationale sur la politique industrielle du début de l?année qui a tenté de poser les bonnes questions d?une reprise de l?industrialisation algérienne dans son nouveau contexte de marché ouvert. Mais tout le monde aura bien noté que le cadre financier global dans lequel va évoluer l?économie algérienne n?est pas encore comptabilisé dans les politiques sectorielles. Ainsi est-il par exemple pour les pôles technologiques, nouveaux moteurs de la croissance industrielle proposés par les experts. L?appui des politiques publiques à leur émergence n?est pas le même si l?on admet que l?Etat va disposer d?excédents budgétaires faramineux d?ici la fin de la décennie. Non seulement Sidi Abdellah aurait dû être terminée, mais aussi plusieurs nouveaux pôles urbains et d?activités lancés dans le même temps. L?intendance suivra. La peur qu?elle ne soit pas au rendez-vous est une invention factice de gouvernants frileux vivant dans la hantise de la crise de la dette de la fin des années 80. Une prospective sur les vingt ans, des études d?impact de très fortes dépenses publiques, un débat national sur la nouvelle donne financière et pour tout couronner une conférence nationale d?orientation ; voilà un agenda urgent pour le premier semestre 2008. Sinon une Algérie riche à suffoquer de dollars continuera à se projeter dans un avenir aussi lointain qu?une loi de finances qui ne boucle pas l?année sans appeler sa petite s?ur complémentaire. Et délibérera au mieux de savoir qui des achats en bons de Trésor américains ou en or sont la meilleure stratégie.


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