Algérie

Analyse du jeudi



Un groupe terroriste calamiteux Pour la deuxième fois en moins d’une année, la branche d’Al-Qaïda au Maghreb a ciblé un wali. Après l’attentat raté contre celui de la wilaya de Tizi-Ouzou, le 5 juillet 2007, elle s’est attaquée lundi dernier à celui de Médéa sans parvenir à l’atteindre, ni aucun membre, d’ailleurs, de la délégation qui l’accompagnait. Il venait d’assister dans la commune de Bouaïchoun aux obsèques de gardes communaux assassinés la veille. Le groupe basé dans cette région, couvrant le sud-ouest de la wilaya, quoique fortement réduit, reste une véritable calamité d’autant plus qu’il cherche à pallier sa faiblesse numérique avec des atrocités par lesquelles il veut se distinguer pour frapper les esprits. En janvier dernier, ce même groupe a assassiné à Ouled Hellal dans la même wilaya un simple «transporteur clandestin» (taxi non agréé) comme il en existe partout en zone rurale. Il était suspecté de rendre de menus services aux forces de sécurité basées dans la région. Le groupe sanguinaire ne s’est pas limité à l’assassiner par balles, mais il l’a également égorgé et mutilé. C’est cette signature qu’il a reprise dimanche dernier dans une embuscade à Bouaïchoun contre un véhicule des gardes communaux. Même criblés de balles, les gardes communaux ont été lapidés, mutilés et défigurés à coups de haches. C’est au retour de leurs obsèques où il leur a rendu hommage que le wali a été, à son tour, ciblé. Le groupe en question, qui ne devrait être constitué tout au plus que de deux douzaines de terroristes, est ce qui reste de l’ex-GSPD (Groupe sunnite pour la prédication et le djihad) qui a été créé en 1996 par un dissident du GIA, Abdelkader Souane dit Abou Thoumama, à partir de la propre katibat dénommée Er-Rabaniyyat dont il était l’«émir» et d’autres groupes de Médéa qui l’ont rejoint. Cet ancien militant du FIS et directeur d’école voulait faire du GSPD un concurrent du GIA qui était alors miné par des scissions à répétition. Les premiers communiqués qu’il diffusait dans la région de Djebel El-Louh où il était basé (à cheval entre les wilayas de Médéa, Aïn Defla et Tissemsilt) portaient la mention «Région 1». Ce qui veut dire qu’il envisageait de s’implanter dans d’autres régions et devenir une grande organisation. Non seulement, il ne se renforcera pas, mais un de ses principaux «lieutenants», M’hamed Houti dit Abou Otba, a fini par lui faire faux bond avec sa katibat dénommée El-Khadra, basée alors dans la région de Ksar El-Boukhari, et rejoindre avec armes et bagages le GSPC. Cette dissidence fragilisera davantage le GSPD qui n’eut de choix pour ne pas s’effriter que de rallier à son tour le même GSPC. Jusque-là, le plus gros des actes criminels s’est limité à des embuscades dans les régions forestières contre les gardes communaux dans les trois wilayas dans le pourtour immédiat de Djebel El-Louh. Pour mémoire, ladite katibat El-Khadra était à l’origine dirigée par l’«Afghan» Sayah Attia dit Cheikh Younès et avait à son actif, déjà en 1994, l’assassinat à Theniat El-Had du wali de Tissemsilt, le regretté Mohamed Bellal, et plusieurs victimes, entre morts et blessés, parmi la délégation qui l’accompagnait dans une visite sur le terrain. L’attentat a été filmé et la vidéo a fait le tour du monde dans les milieux terroristes. La mort de Abdelkader Souane, à la suite d’une complication d’un diabète qu’il traînait depuis des années, a permis à un de ses adjoints, Madani Leslous dit Acem Abou Hayyen, de prendre la tête de ce qui restait de l’ex-GSPD, à la suite d’un bras de fer —qui d’ailleurs est resté en latence— avec d’autres prétendants. A la suite de l’affiliation à Al-Qaïda de leur nouvelle organisation et ses nouveaux mots d’ordre, Madani Leslous, pour asseoir sa domination sur le groupe, signera un attentat contre des ressortissants étrangers (Russes et Ukrainiens) travaillant dans un projet de gazoduc en mars 2007 et ratera un autre de même type en novembre dernier. C’est dans le même esprit qu’il a fomenté l’attentat de ce lundi contre le wali de Médéa. La calamité crapuleuse de ce groupe, et de manière générale tout l’ancien GSPD, a été révélée lorsqu’il a annoncé rejoindre la «trêve» de l’AIS. Et, au moment où tous les groupes qui l’ont rejoint ont déposé les armes et rejoint la société en janvier 2001, lui, après s’être bien reposé et repris des forces, a choisi de rester dans le maquis et reprendre de plus bel son terrorisme. Mohamed Issami


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